Tout allait bien pour Pascal Dupuis et ses coéquipiers des Penguins. Peut-être même que tout allait trop bien.

Plus rapides, plus incisifs et donnant l'impression d'être simplement meilleurs que leurs adversaires, les Penguins se sont offert une avance de 3-0 dès la première période. Un premier tiers au cours duquel l'attaquant québécois a marqué un but en plus de se faire complice d'un autre pour prolonger à 18 sa séquence de matchs consécutifs avec au moins un point.

Une fois confortablement assis sur cette avance, les Penguins ont regardé les Flyers revenir de l'arrière lentement... mais sûrement.

Un premier but de Daniel Brière, but marqué sur une échappée qui a suivi un hors-jeu qui n'a échappé à personne à Pittsburgh et sur la planète hockey au grand complet à l'exception du juge de lignes qui aurait dû le siffler, a amorcé cette remontée en période médiane.

Brière, qui affiche maintenant 44 buts et 98 points en 98 matchs de séries éliminatoires en carrière, a remis cela en troisième. Utilisant Sidney Crosby comme écran, il a ramené son club dans le match à mi-chemin au dernier tiers.

Malgré ce but, les Penguins et leurs partisans ne semblaient pas s'inquiéter outre mesure.

Il faut dire que la domination de Sidney Crosby et de ses coéquipiers était telle que les Penguins et leurs fans avaient bien des raisons de croire la victoire déjà acquise.

Ils se sont réveillés de dure façon lorsque Brayden Schenn, pendant une pénalité écopée par le vétéran défenseur Brooks Orpik, a fait dévier un tir/passe de Scott Hartnell derrière Marc-André Fleury avec moins de huit minutes à faire en temps réglementaire.

Soudainement, les Penguins et leurs partisans se sont mis à penser au pire.

Et le pire est arrivé.

Amorçant la prolongation avec vigueur, les Flyers ont profité d'un cafouillage autour du filet des Penguins. Oublié à la gauche de Marc-André Fleury, Jakub Voracek n'a eu qu'à tirer dans une cage déserte pour sceller l'issue de la rencontre et permettre aux Flyers de remporter la première manche de la guerre de la Pennsylvanie.

Les Penguins, qui doivent se demander encore ce matin ce qui leur est arrivé en fin de match, devront trouver les réponses avant le match de demain s'ils ne veulent pas se retrouver en territoire hostile avec un recul de 0-2 sur les bras.

Encore Dupuis

Dans l'ombre de Sidney Crosby qui a marqué le premier but de la série hier et qui affiche une récolte de 31 buts et 82 points en 63 matchs éliminatoires en carrière, d'Evgeni Malkin qui a multiplié les belles poussées au filet sans toutefois marquer hier, et de Jordan Staal qui a freiné, au sens propre comme au sens figuré, le gros trio des Flyers piloté par Claude Giroux, Pascal Dupuis a amorcé les séries comme il avait terminé la saison régulière: en récoltant des points.

Avec son but et sa mention d'aide amassés hier, l'ailier droit lavallois a prolongé à 18 sa séquence de matchs consécutifs avec au moins un point. Avec 10 buts et 22 points lors des 17 dernières rencontres de la saison, Dupuis a complété la plus longue séquence du genre dans la LNH cette année.

Ce n'est pas rien.

Surtout pour un gars qui, à sa 10e saison dans la LNH, n'a jamais été reconnu pour sa touche offensive.

«Lâche-moi avec ça», m'a lancé Pascal Dupuis en se prenant la tête entre les deux mains lorsque je lui ai demandé si Sidney Crosby le surnommait maintenant «Rocket» avant de sauter sur la patinoire lors des changements de trio.

Parlant de Crosby, s'il ne fait aucun doute que jouer avec le meilleur hockeyeur de la planète aiderait la cause de n'importe quel joueur, il est important de souligner que c'est au sein du trio de Jordan Staal, avec Matt Cooke sur le flanc gauche, que Dupuis a disputé la majorité des 17 premiers matchs consécutifs avec au moins un point.

À la fois fier et heureux de l'exploit offensif qui auréole sa saison jusqu'ici, Pascal Dupuis reconnaît en soutirer une satisfaction personnelle.

«Quand une équipe est assurée de prendre part aux séries, il n'est pas rare de remarquer une baisse de régime. J'ai commencé à compter dès le quatrième match. Je ne croyais jamais que je me rendrais aussi loin. À 33 ans, ça me fait un petit velours. Surtout que les gars m'ont beaucoup épaulé dans cette aventure. Au lieu de juste se préparer pour les séries, les gars se sont impliqués. Ça m'a aidé c'est sûr», m'a lancé Dupuis qui a marqué 25 buts et récolté 59 points cette saison, sa meilleure et de loin dans la LNH.

Compagnon de trio de Dupuis, Steve Sullivan a balayé du revers de la main les commentaires selon lesquels Dupuis a simplement profité de ses joueurs de centre pour réaliser pareil exploit.

«Tu peux être chanceux un soir, des fois deux ou trois. Mais quand tu récoltes des points 17 matchs de suite, ce n'est plus du hasard. C'est la récompense du travail, du sens du jeu, de l'effort. Toutes ces qualités, Pascal les affiche. Il se défonce à chaque présence depuis qu'il a fait son entrée dans la Ligue et je regarde cette séquence comme une très belle récompense pour tout ce qu'il a fait avant, sans pour autant être récompensé.»

Pascal Dupuis a été récompensé d'un but et d'une passe hier. Mais ce but, cette passe, et la séquence qu'ils ont prolongée ne veulent rien dire dans la défaite qui a secoué les Penguins et la ville de Pittsburgh hier.

Photo: Reuters

Jakub Voracek a déjoué Marc-André Fleury en prolongation pour couronner la remontée des Flyers.