Ed Belfour, Doug Gilmour, Mark Howe et Joe Nieuwendyk seront immortalisés ce soir lors de leur intronisation au Temple de la renommée du hockey.

Belfour, malgré un tempérament exécrable avec ses adversaires... et même ses coéquipiers, et une vie personnelle dont il a perdu le contrôle avec fracas à quelques occasions, mérite pleinement sa place au Temple. Il la mériterait ne serait-ce que pour la beauté des masques qu'il a portés à Chicago, San Jose, Dallas, Toronto et en Floride où il a complété sa carrière en 2007. Ses statistiques (484 gains dont 76 par jeu blanc, 320 revers et 125 verdicts nuls) étoufferont les moindres questions que pourraient soulever sa sélection qui allait de soi.

Tout comme celles de Doug Gilmour et Joe Nieuwendyk, avec qui le nébuleux gardien a remporté une Coupe Stanley à Dallas en 1999. Nieuwendyk en a aussi partagé une avec Doug Gilmour à Calgary. La coupe de 1989, soulevée au Forum sous les yeux de Patrick Roy, de Pat Burns et des partisans du Canadien...

Parce qu'ils ont tous les trois endossé l'uniforme des Leafs au cours de leur carrière, Belfour, Gilmour et Nieuwendyk font une entrée remarquée à Toronto, où ils sont toujours adulés. Le Temple de la renommée du hockey a d'ailleurs adopté le slogan «the boys are back in town» pour attiser la ferveur populaire.

Et ça fonctionne. Car les anciens Leafs occupaient toute la place samedi avant le match Ottawa-Toronto. Ils l'occupaient encore hier lorsqu'ils ont enfilé leur veston officiel avant le match des légendes au Air Canada Centre. Ils l'occuperont encore aujourd'hui.

Mark Howe dans l'ombre

L'attention accordée aux anciens Leafs laisse Mark Howe un brin à l'écart. Remarquez qu'il est habitué. Depuis toujours, Howe est bien plus connu et reconnu comme le fils de Monsieur hockey, Gordie Howe, qu'à titre de défenseur ayant connu une brillante carrière. Et même s'il le rejoint aujourd'hui, 39 ans après son intronisation (1972), Howe doit parler aussi souvent de son père que de lui depuis le début de la fin de semaine.

«C'était un moment de fierté pour nous deux, mais, vous savez, je le vois presque tous les jours», a-t-il répondu à un partisan qui voulait savoir quels sentiments l'habitaient lorsqu'il a serré la main de son père qui l'attendait au centre de la patinoire, samedi, dans le cadre de la cérémonie d'avant-match.

Howe et les trois autres intronisés participaient, hier matin, à une rencontre d'une heure en compagnie de quelque 250 amateurs qui pouvaient leur poser des questions. Il en a profité pour indiquer que Bobby Hull et non Gordie Howe était son idole de jeunesse.

«Pour vous, Gordie Howe est Monsieur hockey. Pour moi, c'est mon père. Je suis très fier d'être son fils et il a grandement contribué à ma carrière, mais Bobby Hull était mon joueur préféré. J'étais alors un attaquant. Et quand les Hawks passaient par Detroit, je m'arrangeais toujours pour être leur mascotte au banc. Bobby m'a souvent remis des bâtons aux lames courbées qu'il a popularisées. Les gardiens que j'affrontais ensuite ne trouvaient vraiment pas ça drôle», a raconté Howe.

Ironiquement, Gordie et Mark Howe deviendront le deuxième duo père-fils à faire son entrée au Temple de la renommée à titre de joueurs. Ils ont été devancés par Bobby et Brett Hull.

Une blessure qui a changé le hockey

Mark Howe n'a pas marqué le hockey comme son idole de jeunesse ou son père l'ont fait. Il n'a pas non plus marqué son époque autant que Belfour, Gilmour et Nieuwendyk.

Le fait qu'il n'ait pas soulevé la Coupe Stanley, pas plus que le trophée Norris, et qu'il n'ait pas atteint le plateau de 1000 matchs font de Mark Howe une sélection moins unanime que les trois autres.

Il a toutefois amassé 742 points en 929 matchs en carrière. Malheureusement pour lui et les Flyers de Philadelphie, où Mark Howe s'est finalement fait connaître après la retraite de Gordie, ils ont croisé des Oilers d'Edmonton au sommet de leur gloire en grande finale, en 1985 et 1987. Quant au trophée Norris, Howe l'a vu aboutir entre les mains de Rod Langway, Paul Coffey et Raymond Bourque lorsqu'il s'est retrouvé finaliste en 1983, 1985 et 1987. La compétition était féroce. Mettons!

Howe a pourtant marqué le hockey. Il s'en serait bien passé, cela dit. Le 27 décembre 1980, à la suite d'une vilaine chute qu'il a terminée dans le fond du filet, Howe a sectionné la tige alors installée au centre du but. Ce faisant, il s'est empalé sur la tige qui a terminé sa course à quelques centimètres de la base de sa colonne vertébrale. À la suite de cet accident qui aurait pu mettre un terme hâtif à sa carrière, la LNH a fait disparaître cette tige.

Hommage à Pat Burns

Pour des raisons qu'ils refusent de dévoiler, les membres du comité de sélection du Temple de la renommée n'ont pas invité de bâtisseurs cette année. Pat Burns et Fred Shero sont donc toujours sur le trottoir. «Une place l'attend et il y entrera un jour», a simplement indiqué Doug Gilmour, qui réservera une portion de son discours d'intronisation à Burns, avec qui il aurait bien aimé rapatrier la Coupe Stanley à Toronto en 1993 et 1994.