Lorsque le nom de Jaromir Jagr s'est remis à flotter aux quatre coins de la LNH en juin dernier, je me suis dit: tiens! L'ouverture du marché des joueurs autonomes approche.

Depuis que les Rangers de New York lui ont tourné le dos après la saison 2007-2008 et qu'il a tourné le dos à la LNH au profit de la KHL et des millions que lui garantissait l'Avangard d'Omsk, Jagr s'assurait toujours de faire parler de lui dans les semaines précédant les acquisitions estivales de luxe.

Ce manège a débuté dès sa première saison complétée en Russie.

Une solide performance avec ses compatriotes tchèques aux Jeux olympiques de Vancouver a permis à Jagr des mentions honorables l'été suivant. Son nom a d'ailleurs résonné autour du Centre Bell en raison de son association avec Tomas Plekanec sous les couleurs de leur République tchèque natale.

L'été dernier, lorsque Jagr a refait surface dans la mer de rumeurs, je me disais qu'à 39 ans, malgré un talent fou, aucun directeur général n'oserait miser sur lui.

Après tout, même dans ses années de gloire dans l'uniforme des Penguins, Jagr n'était pas un modèle de la bonne forme physique. Malgré une récolte de 71 points en 82 matchs à sa dernière saison dans l'uniforme des Rangers de New York, Jagr faisait plus parler de lui pour ses rondeurs et sa forme physique relative que pour ses performances sur la patinoire.

Le poids de trois années supplémentaires, trois années écoulées dans une ligue mineure, n'allait certainement pas aider Jagr à se trouver du travail.

Un cas problème?

Quand les Flyers de Philadelphie ont décidé de prendre le pari risqué de lui faire une place - contrat d'une saison de 3,3 millions -, je me suis dit qu'ils étaient fous. Après avoir fait le «ménage» dans le vestiaire en envoyant Jeff Carter à Columbus et Mike Richards à Los Angeles, pourquoi diable ouvraient-ils la porte de leur vestiaire à un cas potentiellement problématique?

Cette question, plusieurs l'ont posée. Elle a même traversé l'esprit de Daniel Brière, qui s'est gratté la tête quelques secondes lorsqu'il a appris que Jagr devenait son coéquipier.

«Jaromir est un très grand joueur. Il est assuré d'une place au Temple de la renommée. Mais tout ce que je savais de lui se résumait aux histoires, aux rumeurs et aux cancans associés à ses performances», a admis le joueur de centre gatinois.

Bourreau d'entraînement

Les réponses sont vite tombées. Et elles ont chassé tous les doutes.

«J'avais entendu que Jaromir était un gars très détendu. Et c'est vrai. Mais j'avais aussi entendu qu'il était très tourné sur lui-même et ça, ce ne l'est pas. Dès le premier jour, il s'est mêlé à tous les gars. Il a indiqué vouloir être one of the boys et non la vedette par qui tout doit passer. Même s'il rit tout le temps, il affiche beaucoup de sérieux lors des entraînements et il prend son rôle très au sérieux», a affirmé Brière lors d'un récent entretien avec La Presse.

Jaromir Jagr a d'ailleurs pris ses nouveaux coéquipiers par surprise au camp d'entraînement, affichant une ardeur au travail qu'on ne lui connaissait pas.

En plus de s'astreindre à tous les exercices imposés sur la patinoire et au gymnase, Jagr chaussait les patins en solitaire une fois la soirée venue.

«Si ça m'a surpris? Oui, pas mal! Mais en même temps, ça reflète exactement l'attitude qu'il affiche depuis qu'il est arrivé. Il veut réussir. Et ces séances de patinage en solitaire le démontrent vraiment. Comme il est arrivé seul, il avait du temps à sa disposition, mais le voir s'entraîner comme il l'a fait a eu un impact très positif dans le vestiaire», a ajouté Brière.

Depuis le début de la saison, Jagr évolue à la droite de Claude Giroux et James van Riemsdyk. Il a d'ailleurs atteint le plateau des 1600 points dès la première rencontre en se faisant complice d'un but de son jeune joueur de centre.

En première période du match opposant les Flyers aux Maple Leafs de Toronto, hier à Philadelphie, Jagr a inscrit son premier but de la saison. Il s'est fait complice d'un autre but en plus de marquer le filet qui a assuré une victoire de 4-2 aux Flyers. Après huit matchs, Jagr s'amènera à Montréal avec une récolte de sept points. Ce n'est pas rien...

Betts: Gauthier a vu juste

Lorsque le Canadien a décidé de ne pas avoir recours aux services de Blair Betts lors du match d'ouverture, à Toronto, la direction de l'équipe a fait l'objet de plusieurs critiques.

Réclamé au ballottage après qu'il eut été offert aux 29 autres équipes de la LNH par les Flyers, Betts, le gros joueur de centre dont le Canadien avait besoin pour pivoter son quatrième trio, souffrait d'une blessure à un pied. Betts se disait en mesure de jouer. Les informations dévoilées dans son bilan de santé soutenaient le contraire. Et comme la direction du Tricolore n'a eu accès à ces informations qu'une fois la transaction complétée, on se rend compte aujourd'hui que Pierre Gauthier a bien fait de jouer la carte de la prudence.

Et comment!

Car si Betts avait disputé cette rencontre, jamais le Canadien n'aurait pu forcer la LNH à annuler la transaction. Et comme Betts n'a toujours pas disputé un seul match avec les Flyers, le Tricolore aurait 700 000 $ de plus à traîner avec les 14,75 millions qu'il verse déjà à des blessés. Avec ce fardeau salarial supplémentaire, le Tricolore aurait difficilement pu faire l'acquisition de Petteri Nokelainen et il aurait été condamné à prolonger le séjour d'Andreas Engqvist à Montréal. En espérant pour le Canadien et ses partisans que Nokelainen fera mieux que le jeune Suédois...

Photo: Le Droit

Jaromir Jagr a pris ses nouveaux coéquipiers des Flyers de Philadelphie par surprise au camp d'entraînement de l'équipe, affichant une ardeur au travail qu'on ne lui connaissait pas.