Avez-vous remarqué ? L'esplanade de la Place des Arts n'a pas grand-chose... d'une esplanade. Le lieu a beau être au coeur d'un secteur qui se transforme de manière spectaculaire, il est replié sur lui-même, labyrinthique, plein de dédales, de marches et de recoins.

Mais plus pour longtemps. Car au moment où se multiplient les projets autour de la place des Festivals, l'esplanade va avoir droit à un vaste réaménagement qui lui permettra de respirer un peu. Et de mieux jouer son rôle.

J'ai appris que la ministre Hélène David annoncera ce matin qu'on va niveler l'esplanade pour en faire... une esplanade. Enfin.

Un grand parterre urbain qui accueillera plus de monde, plus d'événements, plus d'animation. On va ajouter des accès, des arbres, des zones d'ombre, mais surtout, on va aplanir le site selon les plans de la firme Provencher Roy.

On en profitera pour décloisonner le secteur, fait intéressant, en ouvrant le jardin des sculptures du Musée d'art contemporain pour relier l'esplanade à la place des Festivals. Et on va ajouter un escalier à droite de l'entrée principale de la Place des Arts.

On prend donc prétexte des travaux à faire sous l'esplanade pour ouvrir cette dernière sur la ville, et pour lui donner une nouvelle ambiance, notamment par un jeu de lumière moderne. Seul bémol : les lampadaires « spaghettis » que j'aime bien vont disparaître pour la plupart, même s'ils sont assez récents.

N'empêche, un réaménagement s'imposait au moment où, mine de rien, un fourmillement de projets est en train de transformer le coeur du Quartier des spectacles...

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En voyant le jour, la place des Festivals a rempli tout un espace qui laissait à désirer. Mais du coup, paradoxalement, elle a révélé plein d'autres trous. Dont deux en particulier qu'on veut enfin combler.

Il y a d'abord l'îlot Balmoral, ce terrain vacant qui relie la rue De Bleury à la place des Festivals, le long du boulevard De Maisonneuve. C'est là qu'on veut construire le futur siège social de l'ONF, autre projet de la firme Provencher Roy, entériné par la Ville ces derniers jours.

Avez-vous vu les maquettes et dessins ? Wow !

Certains trouvent l'édifice clinquant, gratuit, un peu bling-bling. Mais je retiens son caractère audacieux pour un lieu qui appelle justement l'audace.

Ce sera un immeuble en verre ouvert sur la place des Festivals. Un immeuble moderne, percé d'une échancrure lumineuse rouge, construit en plein secteur culturel.

Il y a ensuite l'immeuble voisin, le Wilder, situé entre la Maison du jazz et l'îlot Balmoral, qui était aussi un trou, à sa façon. Jusqu'à ce qu'on commence finalement les travaux de construction d'un complexe de danse et de culture (Grands Ballets canadiens, Agora de la danse, etc.).

Conçu par Lapointe Magne + Aedifica, le Wilder Espace Danse sera composé des restes de l'édifice centenaire, mais aussi de deux annexes modernes, ce qui permettra un joyeux mélange de verre et de maçonnerie.

« Il y aura un jeu de mât et de brillant assez innovant », précise l'architecte Michel Lapointe. Et plus spectaculaire encore, la façade de verre donnant sur la place des Festivals permettra de voir l'ancien bâtiment industriel le jour, et de grandes projections le soir.

L'ONF et le Wilder vont donc permettre de colmater les environs de la place des Festivals, mais aussi de consolider le caractère architectural hétéroclite du secteur.

Où faire du spectaculaire, de toute façon, si ce n'est dans le Quartier des spectacles ?

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Dans un tel contexte, l'esplanade de la Place des Arts pouvait difficilement demeurer l'enchevêtrement de béton qu'il est devenu avec le temps. Surtout que d'autres projets sont en préparation autour.

Je pense au Musée d'art contemporain, qui attend l'appui du fédéral en vue de sa transformation. Le projet pourrait être repoussé à 2018 pour éviter d'être en chantier pendant le 375e, ai-je appris, mais il est toujours sur les rails.

En face, le Complexe Desjardins travaille sur un autre projet d'illumination après avoir grandement profité des talents de la firme montréalaise Lightemotion. On n'en a pas assez parlé : la récente stratégie d'éclairage a, de magnifique façon, redonné du lustre à ce monstre de béton.

Fou ce que des diodes peuvent faire sur l'ambiance intérieure d'un endroit, mais aussi sur son aspect extérieur : les trois tours maintenant vertes du Complexe sont autant de phares dans le Quartier des spectacles. On veut donc pousser cette stratégie plus loin afin que le Complexe prenne encore plus sa place.

Ajoutons le projet de la tour du QDS, en lieu et place de l'ancien Spectrum, qu'on a démoli trop vite. C'est un gratte-ciel de verre de 30 étages qui pourrait combler le trou à l'angle Jeanne-Mance et Sainte-Catherine si le marché immobilier se ressaisit.

Le réaménagement d'une esplanade qui joue le rôle de liant dans le quartier s'imposait donc. Surtout qu'elle est terriblement mal adaptée aux foules lors des événements... et peu invitante en dehors des spectacles et festivals.

Vivement une esplanade à la place de l'« esplanade ».