La viande n'a pas bonne presse. Au moment où le Canada se débat avec la crise de la listériose la population est invitée, tant aux États-Unis qu'en Europe, à réduire sa consommation de viande rouge pour sauver la planète. Rien de moins.

En effet, une étude américaine révélait récemment que pour diminuer son impact sur l'environnement, il est plus efficace de diminuer la quantité de viande mangée que de privilégier l'achat local.

Puis quelques jours plus tard, dans un journal britannique nul autre que le GIEC, le groupe d'experts scientifiques sur le climat rattaché à l'ONU, invitait les citoyens à réduire leur consommation de viande dès que possible, afin de lutter contre les changements climatiques.

«Au début, renoncez à manger de la viande un jour par semaine, puis réduisez progressivement votre consommation», lançait le grand patron du GIEC, Rajendra Pachauri. Ce geste, ajoutait-il, est à la fois plus facile et plus rapide qu'une réduction de l'utilisation de l'automobile.

Ce cri du coeur, l'Organisation mondiale pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) l'avait poussé avant lui. Greenpeace aussi. De même que bon nombre d'organisations écologistes, qui soulignent que l'élevage est le deuxième secteur le plus polluant au monde après celui de l'énergie.

Il est vrai que l'élevage intensif de bovins est un véritable fléau dans le monde : il occupe 30 % des surfaces émergée de la terre, les animaux laitiers et de boucherie représentent 20 % de toute la biomasse animale et surtout, ce secteur est responsable de 18 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Cela signifie qu'à eux seuls, les bovins polluent plus que les autos et les camions,

qui n'émettent que 12 % de tous les gaz à effet de serre.

Faut-il donc collectivement délaisser la côtelette au profit de la luzerne? Pas nécessairement, car s'il est tentant d'appliquer une même recette à la grandeur du globe, le mur-à-mur a maintes fois prouvé ses limites.

Regardons donc les chiffres de plus près. Au moment où la consommation mondiale de viande explose dans le monde, le cheptel bovin québécois se stabilise et le cheptel de vaches laitières diminue. Conséquemment, les émissions de gaz à effet de serre liées à l'élevage ont baissé de 10 % au Québec entre 1990 et 2003, alors qu'ils ont bondi ailleurs dans le monde.

Cette situation s'explique entre autres par le plafonnement de la consommation de viande dans la province. Par la gestion de l'offre, qui oblige les fermes laitières à ne produire que ce que les clients consomment. Et aussi par la productivité des bonnes grosses vaches d'ici : un nombre toujours moins élevé de bovins est nécessaire pour produire une même quantité de viande ou de lait.

Résultat : les émissions liées à la digestion des bovins représentent moins de 3 % des gaz à effet de serre québécois, contre tout près de 40 % pour le transport, des chiffres, on le voit bien, qui contrastent vivement avec les statistiques mondiales.

Cela ne veut pas dire qu'il faut à tout prix ajouter quelques tranches de filet mignon sur sa salade. Seulement que l'abandon d'un régime carné n'est pas une solution miracle.

***

Faites ce que je dis...

Le ministère québécois de l'Environnement est friand... d'eau embouteillée. C'est du moins ce que déplore le député péquiste Denis Trottier, qui a noté dans le plus récent budget provincial que le Ministère s'est payé pour 5000 $ d'eau de source l'an dernier, tout en faisant l'apologie de l'eau offerte par les municipalités. Scandalisé, M. Trottier a envoyé une lettre à l'Assemblée nationale pour bannir ces bouteilles et ainsi cesser la «prolifération scandaleuse des bouteilles d'eau».

Le courrier du bac

Doit-on déposer les coquilles d'huîtres dans le composteur domestique? (Georges A., Montréal)

Non, et pas seulement parce qu'elles sont trop dures. La coquille est une matière minérale. En théorie, note Recyc-Québec, l'apport en petite dose des éléments qui la composent, comme le carbonate de calcium, pourrait être bénéfique dans le procédé de compostage. Mais attention! Les coquilles pourraient favoriser le développement d'odeurs et de bactéries néfastes à la santé. Par contre, si vous jouissez d'une collecte municipale de déchets organiques, sachez que certains sites de compostage industriels acceptent les coquilles de mollusques et les carapaces de homards.

Le GIEC et le Canada

Si la crédibilité du Canada sur la scène internationale a pâti de sa position sur les changements climatiques, elle vient d'augmenter passablement au sein de la communauté scientifique. Un fonctionnaire d'Environnement Canada vient d'obtenir une importante promotion au sein du GIEC, le groupe d'experts sur le climat auréolé du prix Nobel. Le directeur du département de recherche climatique à Ottawa, Francis Zwiers, est maintenant vice-président du groupe de travail I du GIEC, soit la division qui évalue les éléments en matière des sciences physiques touchant les changements climatiques. Le gouvernement Harper dit s'en réjouir...