Le commun des mortels ne comprend souvent pas grand-chose aux dépenses du gouvernement. Il confond les millions et les milliards de dollars et n'a donc pas idée du niveau de compressions qui est demandé à chaque ministère.

Pour contourner ce problème, un lecteur s'est amusé à faire un parallèle entre son propre budget et celui du gouvernement. Il a d'abord estimé que les dépenses globales du gouvernement, de quelque 76 milliards, étaient 2 millions de fois plus importantes que celles de son couple (38 000$).

Ensuite, il a divisé les dépenses de chaque ministère par ce même rapport de 2 millions, ramenant les chiffres du gouvernement à une échelle plus humaine. Enfin, il a fait un rapprochement entre les dépenses de chaque ministère et ses propres postes budgétaires.

L'exercice est fort intéressant. Ainsi, le budget du ministère de l'Environnement, de 195 millions, équivaut à peu près à ses dépenses annuelles de pharmacie (98$). L'imposant ministère des Transports (745 millions) se compare à son budget pour l'optométriste (373$). Et ainsi de suite (voir tableau).

«Je cherchais à donner une importance relative aux postes budgétaires du gouvernement. On voit souvent que les gens s'attardent à des détails lorsqu'ils critiquent les dépenses gouvernementales, mais dans les faits, ces détails ont souvent très peu d'impact sur le budget global», explique Michel Miller.

Ce lecteur de La Presse n'est ni économiste ni financier. Avant de prendre sa retraite, l'homme de 68 ans était technicien en électricité. Il vit aujourd'hui en couple avec sa conjointe et s'intéresse à l'actualité.

L'homme dit bien vivre avec son budget d'environ 38 000$. La maison est payée, faut-il dire, si bien que sa facture pour le logement se résume aux taxes foncière et scolaire (environ 3000$).

De plus, il faut préciser que ces 38 000$ de dépenses sont calculées après impôts. Pour un couple standard, le revenu total avant impôts et déductions pour obtenir ce budget serait d'environ 52 000$, selon les calculs de la firme Ernst&Young. Au Québec, le revenu total médian des ménages se situe à 70 480$, soit environ le tiers de plus.

Quoi qu'il en soit, l'analyse de M. Miller, forcément imparfaite, permet néanmoins de faire des constats intéressants. Par exemple, ceux qui voudraient réduire de moitié le budget de l'Assemblée nationale (salaires des députés, etc.) ne récupéreraient guère plus de trois coupes de cheveux sur un budget annuel de 38 000$!

Le ministère de la Sécurité publique occupe une place plus importante, à 1,3 milliard de dollars. N'empêche, Michel Miller compare cette dépense à son budget annuel consacré au dentiste (648$).

Il n'y a pas de petites économies, bien sûr, et le gouvernement doit imposer de la rigueur partout. L'exercice de Michel Miller permet toutefois de constater que ce sont les dépenses de santé et d'éducation qui sont, de loin, les plus importantes.

Ainsi, la santé (32,4 milliards) pourrait être comparée au budget de logement d'un couple (16 175$) et même plus. L'éducation (10,5 milliards) équivaudrait environ à l'épicerie annuelle (5265$).

Et maintenant, la question: que représente l'effort pour ramener le déficit à zéro? Au cours de l'exercice terminé le 31 mars dernier, le déficit du Québec s'est élevé à 3,1 milliards. Le gouvernement veut éliminer son déficit d'ici deux ans. Autrement dit, un couple avec un budget de 38 000$ devrait trouver environ 1550$ de compressions pour boucler son budget.

La bonne nouvelle, c'est qu'une telle réduction apparaît faisable. La mauvaise, c'est que 1550$, c'est tout de même musclé pour un budget plutôt restreint!

Précisons que le gouvernement ne réduirait pas de 1550$ son budget fictif de 38 000$. Dans les faits, pour résorber le déficit, le gouvernement freinera plutôt la progression de ses dépenses pour qu'elle soit moindre que la croissance de ses revenus.