Les controversés frères Sauriol ont-ils empoché le gros lot quand ils ont quitté Dessau et cédé leurs blocs d'actions majoritaires, à la demande de l'Autorité des marchés financiers (AMF)? Ou l'empocheront-ils lorsque la firme de génie-conseil sera vendue?

Voilà la question qui me trotte dans la tête depuis que l'AMF a redonné à Dessau, la semaine dernière, son droit de soumissionner sur des contrats publics. La firme avait perdu son droit après les aveux de collusion du vice-président Rosaire Sauriol à la commission Charbonneau et le départ du président, Jean-Pierre Sauriol. Elle était bannie pour cinq ans.

Pour retomber dans les bonnes grâces du gouvernement, Dessau devait avoir fait le ménage et mis à la porte les fautifs, soit une dizaine de personnes, selon l'entreprise. Elle devait aussi se séparer complètement des frères Sauriol, qui détenaient plus de la moitié des actions de cette firme fondée par le père, Paul-Aimé Sauriol.

D'où ma crainte: Dessau a-t-elle versé le gros lot aux frères Sauriol pour racheter leurs actions? Dit autrement, les exigences de l'AMF ont-elles enrichi les deux personnages honnis de la profession? Ou encore passeront-ils à la caisse lorsque Dessau sera vendue?

On ne parle pas de petits chiffres. Dessau est la troisième firme de génie-conseil du Québec, avec un chiffre d'affaires de 775 millions de dollars et 4700 employés. Le bloc de contrôle de l'entreprise vaut probablement plusieurs dizaines de millions.

Joint au téléphone, la chef de l'exploitation, Isabelle Jodoin, explique que les frères Sauriol n'ont plus aucun droit de vote chez Dessau. Leurs actions ont été rachetées par l'entreprise qui a, en contrepartie, inscrit une dette envers les Sauriol dans ses livres. Cependant, nous dit Mme Jodoin, les Sauriol n'ont pas touché un sou de la valeur de leurs actions, ni reçu d'intérêts sur la dette, en vertu de la convention d'actionnaires.

Il n'est toutefois pas impossible qu'ils finissent par encaisser un gros gain. La direction est effectivement en négociation avec diverses parties pour recapitaliser l'entreprise. La transaction prendra la forme d'une vente à une firme étrangère - des rumeurs parlent de Stantec et AMEC - ou d'une injection de fonds par une firme de capital-risque.

L'argent frais servirait entre autres à rembourser la dette envers les Sauriol. Le remboursement ne serait pas automatique, toutefois. Il dépendra des sommes que Dessau versera aux gouvernements pour compenser les dommages causés par la collusion.

Au bout du compte, le chèque que recevront les Sauriol pourrait être la différence entre la valeur de leurs actions converties en dette et une partie de la somme versée aux gouvernements par Dessau. Tout cela sera sujet à négociations, et il faudra probablement plusieurs mois, sinon plusieurs années, pour trancher... et bien des frais d'avocats.

«On ne veut pas régler le remboursement avec les autorités à la pièce. Il faut un règlement global et après, on tourne la page», dit Mme Jodoin.

En attendant, le futur partenaire de Dessau devra investir sans savoir combien la firme de génie-conseil devra payer aux gouvernements. La transaction risque d'être complexe.

Pour Dessau et son éventuel partenaire, le plus important demeure toutefois l'aval de l'AMF. Au Québec, les trois quarts des affaires de Dessau sont liés à des contrats publics (infrastructures, énergie, etc.).

«Nos clients du privé et de l'étranger se disaient: si votre gouvernement ne vous fait pas confiance, qui peut vous faire confiance?», explique Mme Jodoin, selon qui Dessau a fait un travail colossal pour se conformer aux exigences de l'AMF.

Bref, une nouvelle ère s'ouvre pour la firme de génie-conseil. Espérons qu'elle ne retombera pas dans le vice et que les frères Sauriol n'empocheront pas le gros lot.

Les ados québécois et les maths

Les Asiatiques sont plus forts en mathématiques. Préjugé? Non: des pays asiatiques ont terminé aux sept premiers rangs à l'examen international de maths de 2012, qu'ont passé les adolescents de 15 ans.

Or, vous savez quoi? Un seul groupe les talonne: les Québécois!

Le Québec termine 8e parmi les 75 régions participantes à l'examen PISA. Il devance nettement les autres provinces canadiennes dans toutes les sphères mathématiques (formuler, interpréter, relations, etc.), avec une moyenne de 536 sur 650. La moyenne canadienne est à 518, tandis que les autres pays développés sont plus bas comme l'Allemagne (518), la France (495), les États-Unis (481) et la Suède (478).

En retranchant les résultats des anglophones, plus faibles, le Québec passe devant le Japon (536), au 7e rang. La région de Shanghai, en Chine, termine loin devant (613). La domination des Québécois en maths est relativement constante depuis 10 ans. Certes, nos résultats ont faiblis en lecture et surtout en sciences, mais on peut maintenant parler d'un cliché: les Québécois et les Asiatiques sont plus «bols» en maths! Bravo aux profs et aux élèves!