Le résultat est historique. Des caisses de retraite se sont unies pour s'opposer à la rémunération excessive d'un cadre d'une entreprise en Bourse et elles ont remporté le vote à l'assemblée annuelle. Bravo!

L'entreprise, Barrick Gold, avait accordé une «prime à l'embauche» de 11,9 millions au nouveau coprésident du conseil d'administration, John Thornton, l'an dernier. Les investisseurs se sont prononcés contre cette rémunération dans une proportion de 85%. La fronde a été menée par la Caisse de dépôt et placement.

Règle générale, personne dans les milieux financiers ne s'oppose aux gros salaires des patrons lorsque cette rémunération paraît justifiée. Cette fois, elle ne l'était clairement pas, puisque John Thornton n'avait d'autre mérite que sa réputation pour toucher cette prime.

Dans ce domaine, le mérite se mesure par des résultats impressionnants. Un PDG qui sort une entreprise des limbes pour la faire exploser en Bourse est salué par les actionnaires, puisque ces derniers en profitent avec la hausse de leurs actions.

Le mérite est relatif, cependant. Si toutes les entreprises d'un secteur grimpent en Bourse en raison d'un boom cyclique, il n'y a pas de raison que le salaire des patrons atteigne la stratosphère. Malheureusement, peu d'études ont pu constater que la rémunération est réellement liée au rendement relatif des entreprises. Trop souvent, les salaires de certains cadres supérieurs augmentent de façon exponentielle après un certain niveau et deviennent injustifiables, au détriment des actionnaires.

Toutefois, comme ces salaires ne retranchent parfois qu'un cent ou deux au bénéfice par action, aucun actionnaire n'a suffisamment d'intérêt pour contester, d'où l'importance des investisseurs institutionnels. C'est ce qui est arrivé hier.

Des Chinois en Gaspésie

D'abord, ils ne sont pas vraiment Chinois. Ce sont des citoyens canadiens ou des résidents permanents de Montréal qui ont accepté de travailler à Mont-Joli pour répondre à une demande urgente. Certes, ils ont les yeux bridés, mais ils n'ont pas pris l'avion à Pékin pour se rendre travailler aux portes de la Gaspésie. Mont-Joli est située dans la région administrative du Bas Saint-Laurent, mais dans la région touristique de la Gaspésie.

Mercredi, un reportage de Radio-Canada donnait l'impression que le fabricant d'armoires de cuisine Canboard, filiale de Fabritec, avait recruté en Chine pour combler ses besoins pressants. Ces employés ne bénéficient donc pas du Programme des travailleurs étrangers temporaires, comme ceux de la Banque Royale.

N'empêche, la question se pose: comment une région qui compte 13% de chômage peut-elle manquer de personnel pour combler les besoins simples d'une usine? Il s'agit d'un travail de journalier, sans besoin particulier de formation.

Bien sûr, le contrat d'une durée d'environ trois mois, aux horaires atypiques, est à 10$ l'heure. Mais les emplois à Mont-Joli, qui compte 6500 habitants, ne sont pas particulièrement saisonniers, puisque les activités touristiques et de pêche sont beaucoup plus à l'est. L'argument de l'employé qui attend son job saisonnier payant ne tient donc pas, convient Léo Caron, directeur du développement économique de Mont-Joli.

Bref, Fabritec a embauché une vingtaine de personnes depuis février dans la région pour répondre aux commandes de ses clients Rona, Home Depot et autres. Comme il en manque une dizaine, elle a dû recourir à un centre d'emploi de Montréal. Les six employés d'origine chinoise qui se rendent à Mont-Joli logent à l'hôtel aux frais de l'entreprise.

Plusieurs entreprises cherchent des employés peu qualifiés dans la région. Et oui, certains prestataires de l'assistance sociale ont pris de mauvais plis et trouvent difficile de recommencer à ravailler 40 heures par semaine, reconnaît M. Caron. La réalité n'est pas toujours simple: l'an dernier, une fille peu habile a commencé à travailler dans une usine de bois de la région et s'est massacrée la main dans une machine...Vive la formation!

Fisc: un avocat en colère

Ma chronique «Quand le fisc abuse» a suscité de nombreuses réactions. Le texte portait sur le cas de la PME Citagenix, dont la survie est menacée en raison des méthodes rigides du fisc. Voici la lettre percutante de l'avocat Louis Sirois.

«Votre texte est malheureusement le reflet de ce qui se passe à grande échelle au Québec. Chaque jour, dans le cadre de ma pratique, je vois des cas similaires tout aussi dévastateurs.

«Avant même que le contribuable puisse s'expliquer, Revenu Québec met en place des mesures de recouvrement très musclées. Souvent, ils vont débuter par la saisie pure et simple du compte de banque de l'entreprise. La compagnie est alors incapable de payer ses employés, fournisseurs et autres. C'est souvent le chemin direct vers une faillite.

«Je fais ce métier depuis 25 ans. Or, depuis environ 7-8 ans, le climat fiscal au Québec s'est violemment détérioré. Des mesures de perception de plus en plus radicales, des ententes très péniblement conclues sont monnaie courante. D'ailleurs, à l'automne 2011, le rapport du Vérificateur général s'était penché sur les services de recouvrement du fisc.

«J'ajouterais que Revenu Québec engage de plus en plus de nouveaux arrivants, un effort louable pour les intégrer au Québec. Le problème, c'est que la maîtrise de la langue française est parfois très pénible et qu'au final, nos clients (ou nous-mêmes) avons de la difficulté à nous faire comprendre.

«Imaginez que l'on ne discute pas ici de la pluie et du beau temps, mais de notions comptables, fiscales et légales parfois très complexes, faisant appel à un vocabulaire technique particulier et dont l'issue se chiffre souvent en centaines de milliers de dollars.

«Je ne remets pas en doute leurs compétences, mais simplement le fait que Revenu Québec devrait s'assurer qu'ils peuvent comprendre et s'exprimer dans un français fonctionnel, car les conséquences sont très importantes pour le contribuable.

«J'espère que votre article pourra faire avancer les choses car sincèrement, le contribuable ayant une PME ou le travailleur autonome se fait de plus en plus cynique et démotivé à poursuivre ses affaires ici.»