Sur la première photo, un visage juvénile rayé par l'ombre d'une moustache naissante. Sur la seconde, un visage émacié envahi par une épaisse barbe noire. Entre les deux images, le trou noir de Guantanamo, cette infâme prison militaire qu'Omar Khadr a enfin pu quitter, samedi, pour rentrer au Canada. C'est-à-dire chez lui.

Ce retour suscite d'abord et avant tout un immense soulagement. Pendant 10 ans, Omar Khadr a subi une justice militaire bricolée dans l'hystérie qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001, par un pays qui cherchait désespérément des coupables.

Dorénavant, ce sont les services correctionnels canadiens qui décideront de son sort, selon des critères objectifs, connus et transparents. Quand Omar Khadr aura-t-il droit à la libération conditionnelle? Quel danger réel représente-t-il pour la société? Quelle aide recevra-t-il pour reprendre le cours d'une vie tant soit peu normale? Toutes ces questions seront tranchées au Canada, par une justice civile, indépendante et «dépolitisée».

Comme le résume Fannie Lafontaine, de la section canadienne d'Avocats sans frontières : «Enfin, on sort de l'arbitraire.» Et pour Omar Khadr, cela signifie aussi, peut-être, une sortie de prison dans un avenir rapproché.

Mais le rapatriement d'Omar Khadr n'est qu'un début, ont signalé hier des organisations telles Human Rights Watch et Amnistie Internationale. Blessé grièvement lors d'un combat en Afghanistan, Khadr n'avait que 15 ans quand il s'est retrouvé à la prison américaine de Bagram, puis à Guantanamo.

Il a été détenu sans accès à un avocat pendant deux ans. Il a subi des mauvais traitements et des interrogatoires dégradants. Il a été traité comme un dangereux terroriste et, malgré son jeune âge, n'a jamais eu droit à la protection que le droit international réserve aux enfants-soldats.

La Cour suprême du Canada a jugé, en 2010, que les agents du Service canadien du renseignement de sécurité avaient violé ses droits en l'interrogeant à la base de Guantanamo - interrogatoire qui a fait l'objet d'un documentaire poignant intitulé Vous n'aimez pas la vérité.

PHOTO ARCHIVES PC

Une photo d'Omar Kadhr prise avant son emprisonnement.

Dorénavant, ce sont les services correctionnels canadiens qui décideront de son sort, selon des critères objectifs, connus et transparents. Quand Omar Khadr aura-t-il droit à la libération conditionnelle? Quel danger réel représente-t-il pour la société? Quelle aide recevra-t-il pour reprendre le cours d'une vie tant soit peu normale? Toutes ces questions seront tranchées au Canada, par une justice civile, indépendante et «dépolitisée».

Comme le résume Fannie Lafontaine, de la section canadienne d'Avocats sans frontières : «Enfin, on sort de l'arbitraire.» Et pour Omar Khadr, cela signifie aussi, peut-être, une sortie de prison dans un avenir rapproché.

Mais le rapatriement d'Omar Khadr n'est qu'un début, ont signalé hier des organisations telles Human Rights Watch et Amnistie Internationale. Blessé grièvement lors d'un combat en Afghanistan, Khadr n'avait que 15 ans quand il s'est retrouvé à la prison américaine de Bagram, puis à Guantanamo.

Il a été détenu sans accès à un avocat pendant deux ans. Il a subi des mauvais traitements et des interrogatoires dégradants. Il a été traité comme un dangereux terroriste et, malgré son jeune âge, n'a jamais eu droit à la protection que le droit international réserve aux enfants-soldats.

La Cour suprême du Canada a jugé, en 2010, que les agents du Service canadien du renseignement de sécurité avaient violé ses droits en l'interrogeant à la base de Guantanamo - interrogatoire qui a fait l'objet d'un documentaire poignant intitulé Vous n'aimez pas la vérité.

Et enfin, lors d'un procès douteux qui aurait pu lui valoir de passer le restant de sa vie en prison, Omar Khadr a fini par plaider coupable à des accusations de crimes de guerre, de complot, de soutien au terrorisme et d'espionnage, dans le cadre d'une entente à l'amiable qui lui aura permis d'écoper de «seulement» huit ans de détention supplémentaire, dont la majeure partie au Canada.

Pendant les 10 interminables années que le jeune homme aura passées à Guantanamo, le Canada n'a rien fait pour l'arracher à une justice indigne de ce nom. Il a fait preuve de la plus grande indifférence à son égard. Et aussi, par moments, de complicité avec ses justiciers.

Contrairement à d'autres pays dont les citoyens sont atterris dans cette prison, Ottawa n'a jamais protesté contre le traitement infligé à Omar Khadr et n'a jamais fait pression pour le rapatrier.

Pendant plusieurs années, le garçon a eu le triste honneur d'être le dernier prisonnier occidental à la base navale américaine! Même après le jugement de 2010, le Canada s'est traîné les pieds aussi longtemps que c'était possible avant d'accepter le transfert, alors que les États-Unis étaient prêts à renvoyer Khadr dans son pays.

Comment le Canada fera-t-il pour effacer les stigmates de cette honteuse décennie? Qu'on estime qu'Omar Khadr a été un dangereux djihadiste ou un enfant plongé dans une guerre qu'il ne comprenait pas, une chose est claire: s'il avait été jugé au Canada, il n'aurait pas été torturé, il aurait eu droit à un traitement adapté à son âge. Et selon toute vraisemblance, aujourd'hui, il serait libre.

Omar Khadr est un cas d'exception, il a déjà passé 10 ans en prison, signale Béatrice Vaugrante, directrice de la section francophone d'Amnistie Internationale au Canada. On peut espérer que la Commission des libérations conditionnelles du Canada tiendra compte de cette situation hors du commun. Et qu'il prendra le chemin de la réhabilitation le plus rapidement possible.

Mais même une fois libéré, Omar Khadr devra porter toute sa vie le poids des aveux qu'il a consentis à l'issue d'un processus judiciaire défectueux et hautement politisé. Il devrait avoir droit à une réparation pour les torts qu'il a injustement subis. Tandis que ceux qui ont violé ses droits devraient être tenus responsables de leurs abus.

PHOTO TORONTO STAR

Omar Kadhr photographié à Guantanamo, alors qu'il est âgé de 22 ans.