Et si on prenait quelques instants pour parler des prochaines élections... provinciales.

«Êtes-vous fou? Laissez-nous en finir avec les fédérales!» lancera-t-on - et avec raison - d'un bout à l'autre du Québec. «Pas question de retourner aux urnes avant Noël!» hurlera-t-on du même souffle.

À quelques jours de la fin de la campagne électorale fédérale, on ne sera pas étonné que personne n'ait le goût de se lancer rapidement dans une nouvelle campagne qui, si elle était déclenchée au début du mois prochain, nous mènerait quasiment aux Fêtes.

 

Évidemment, un peu comme son homologue fédéral, on peut comprendre que M. Charest aimerait bien passer le test des urnes avant que la situation économique ne devienne encore plus chaotique (si c'est possible).

D'autant plus que les sondages indiquent depuis quelques mois que le taux de satisfaction à l'égard du gouvernement Charest se situe au-dessus des 60%, alors que les intentions de vote montrent que les libéraux pourraient former un gouvernement majoritaire.

Quel rêve pour un Jean Charest qui a tant souffert d'un manque chronique de popularité, entre 2003 et 2007, et qui a réussi de peine et de misère à se faire réélire comme premier ministre d'un gouvernement minoritaire, il y a 16 mois. Mais pour plusieurs de nos lecteurs, pas question de laisser Jean Charest donner libre cours à ses rêveries. Cette réaction est tellement unanime qu'on a l'impression d'entendre, d'un bout à l'autre du Québec, un immense: «N'y pensez même pas, M. Charest!» Qu'on en juge:

«Les stratèges de Jean Charest jonglent encore avec l'idée de déclencher des élections au Québec cet automne, même si ce dernier a déjà promis maintes et maintes fois qu'il n'y en aurait pas en 2008 et peut-être même pas en 2009. C'est à croire que quand les sondages sont bas, il n'en veut pas, mais quand ils sont hauts, il est prêt à tout! Si c'est là le sens de l'État de M. Charest, on comprend pourquoi il dirige un gouvernement minoritaire!» (Steve Boucher, Québec)

«Si vous osez poser ce geste, M. Charest, vous devrez justifier aux Québécois le bien-fondé de votre décision. Or, il n'existe aucune raison valable et démocratique pour déclencher des élections cet automne. Si vous le faites, ce sera purement pour des raisons partisanes et stratégiques.» (Gaston Hudon, Québec)

«L'Assemblée nationale fonctionne assez bien, le gouvernement est en place depuis peu de temps, rien ne laisse présager que la situation se détériorera dans un proche avenir et la population est satisfaite. La question que le gouvernement devrait se poser est donc la suivante: les Québécois veulent-ils d'une autre élection cet automne? La réponse me semble assez claire: non!» (Martine Laplante, Québec)

Jean Charest se trouve donc prévenu: pas d'élections cet automne! Un conseil qui aurait tout aussi bien pu s'appliquer à Stephen Harper alors que, à trois jours du vote, il semble désormais assuré que nous devrons vivre encore quelques années avec un gouvernement minoritaire.

En effet, si on se fie aux sondages, nous nous retrouverons vraisemblablement, mardi soir prochain, dans une situation analogue à celle qui prévalait, début septembre. Ce qui fait conclure à Michel-J. Barrette, de Saint-Laurent:

«Un troisième gouvernement minoritaire successif, cela veut dire 450 millions de dollars gaspillés une fois de plus, au lieu d'utiliser ce montant pour le logement social, les sans-abris, des baisses d'impôts, etc. Dans le climat économique actuel, c'est totalement inacceptable! Pire encore, un gouvernement minoritaire n'avancera en rien au cours des prochaines années et ne pourra restaurer notre économie.»

pgagne@lapresse.ca