Il y a six mois, on ne donnait pas cher du 400e anniversaire de Québec. Les démissions, départs, congédiements et changements de cap de l'hiver n'auguraient rien de bon pour l'été. Au mieux, pensaient les uns, l'anniversaire de la naissance de l'Amérique française serait un échec. Au pire, une catastrophe qui engloutirait des millions en pure perte.

Mais six mois plus tard, à seulement 24 heures de l'anniversaire du jour où Champlain a jeté l'ancre sur les battures du Saint-Laurent, le vent a finalement tourné, chassant les prophètes de malheur pour n'apporter que de bonnes nouvelles.

La dernière et non la moindre, c'est que nul autre que Paul McCartney viendra chanter sur les Plaines le 20 juillet, un mois avant Céline Dion. Et cette fois, il n'y aura pas de tirage ni de course folle aux billets. Le public n'aura qu'à se présenter sur les Plaines ou à y faire du camping un jour ou deux avant...

Le Beatle est en quelque sorte la cerise sur un sundae qui n'en finit plus de s'enrichir de nouvelles saveurs et de belles prises dont la première fut sans contredit les 270 statues, tableaux et objets de l'Antiquité grecque, étrusque et romaine, prêtés par le Louvre au magnifique Musée national des beaux-arts de Québec.

Depuis son inauguration début juin, l'exposition fait courir les foules. Hier après-midi, les quatre salles d'exposition étaient pleines à craquer malgré le soleil resplendissant. Le nom et la réputation du Louvre y sont pour beaucoup. Car pour le reste, cette expo intitulée Les arts et la vie n'a rien de spectaculaire. Les tableaux y sont en minorité, et exception faite d'un Fragonard, il n'y a aucune oeuvre majeure connue.

Du côté des statues et des sculptures, c'est un peu mieux, mais disons que le vrai ravissement surgit davantage quand on s'égare dans les salles du musée consacrées à Riopelle ou à ses contemporains peintres québécois ou alors quand on sort sur la magnifique terrasse qui domine le fleuve et qui offre un des plus beaux points de vue de la ville.

Qu'importe. Le succès de l'expo a donné le ton et dissipé l'humeur morose flottant autour du 400e. Puis le Moulin à images, fresque vivante signée Robert Lepage et projetée sur les 81 silos à grain du port de Québec, a confirmé que le paquebot du 400e n'allait pas couler mais finirait par arriver à bon port, les bras chargés de cadeaux pour les gens de Québec comme pour les visiteurs.

Parmi ces cadeaux, il y a le Potager des visionnaires, une installation végétale sur les terrasses du Musée de la civilisation, signée Franco Dragone. L'ennui, c'est que cette expo, constituée d'une grande variété de laitues, ressemble à un énorme comptoir à salade au sommet duquel trône un puits où l'on peut entendre des enfants au français des plus approximatifs répéter des clichés pétris d'angélisme. Bien plus intéressante est l'installation Passagers du réalisateur Patrice Sauvé, une oeuvre faite d'élégants dispositifs vidéo et de témoignages touchants réalisés avec des gens de Québec.

Il reste que la pièce de résistance du 400e sera présentée aujourd'hui à 15 h devant le parlement.

Coiffé du titre Rencontres, le spectacle mettra en vedette Diane Dufresne, Robert Charlebois, Ginette Reno, Claude Dubois, Yves Jacques dans le rôle de Samuel de Champlain. Pour cette superproduction qui a dû coûter quelques millions et dont on espère qu'elle sera plus réussie que le spectacle du 31 décembre, on a fait appel à 206 techniciens, 200 costumes, une centaine de figurants et une armée de musiciens, d'acrobates et de choristes. Bref, on a mis le paquet pour en mettre plein la vue au public comme à Jean Charest et à ses amis premiers ministres, Stephen Harper et François Fillon.

On semble avoir tout prévu sauf deux choses. D'abord: la météo. On annonce de la pluie pour toute la journée. Ensuite, la tenue ce matin pendant le défilé militaire d'un spectacle de protestation. Organisé par le collectif Commémoration Québec 1608-2008 et animé par Luck Mervil, ce spectacle mettant en vedette Biz des Loco Locass, Marie Tifo et Raymond Lévesque se veut un hommage à la présence française en Amérique et à ses poètes et citoyens.

Les organisateurs auraient bien aimé que les artistes du spectacle officiel viennent unir leurs voix à celle des protestataires devant le Palais Montcalm. D'ailleurs, selon Luck Mervil, plusieurs des artistes étaient disposés à venir lire un poème ou faire une déclaration. Mais les organisateurs du 400e leur ont interdit de circuler entre les deux sites par mesure de sécurité. Respecteront-ils la consigne? À suivre.

En attendant, le Belem, un trois-mâts qui a traversé l'Atlantique pour célébrer le 400e, est arrivé hier en fin de journée dans le port de Québec, attendu de pied ferme par le premier ministre Jean Charest ainsi qu'Alain Juppé et Ségolène Royal.

Le soleil brillait de tous ses feux en jetant des éclats argentés sur le fleuve Saint-Laurent. Le ciel était d'un bleu pur et sans tache et Québec semblait parti pour avoir le vent dans les voiles tout l'été et peut-être même jusqu'à la fin de ses 400 ans.