Espérons que pour une fois, on ne s'empêtrera pas dans un des débats linguistiques dont le Canada et le Québec ont le secret.

En conférence de presse hier, l'état-major du Comité olympique canadien s'est fait demander s'il pourrait y avoir des «répercussions» au fait qu'Adam van Koeverden, qui portera le drapeau unifolié lors de la cérémonie d'ouverture des JO de Pékin, soit unilingue anglais.

Question légitime, certes, à ce détail près que van Koeverden, aux dires de son coéquipier Richard Dober fils, parle bel et bien français. Qu'importe : la chef de mission Sylvie Bernier a apporté une réponse parfaitement sensée, quoique susceptible de déplaire à certains zélotes.

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«La langue n'était pas un critère dans le choix du porte-drapeau, a-t-elle dit. Nos critères étaient la performance et la valeur de l'individu. On considère qu'Adam est vraiment un excellent porte-parole. On ne peut espérer que tous les athlètes qui vont aux Jeux soient bilingues.»

Le porte-drapeau a valeur de symbole, certes. Mais le symbole dont il est question en est un d'excellence sportive. Et personne ne peut remettre en cause l'excellence d'Adam van Koeverden, pas plus que celle de ses devanciers les plus récents, les Québécois Caroline Brunet et Nicolas Gill. Deux médailles aux Jeux d'Athènes, 21 médailles d'or en Coupe du monde et un record du monde du 500 m : le kayakiste ontarien domine sa discipline, le K-1, comme aucun autre athlète canadien ne l'a fait au cours des quatre dernières années.

Mais il y a plus. Il y a aussi la personnalité et les valeurs qu'incarne un athlète. Demandez à n'importe quel des coéquipiers de van Koeverden, sondez tous les athlètes qui l'ont côtoyé, et ils vous diront l'admiration qu'ils ressentent pour cet ambassadeur de la fondation Right to Play, qui utilise le sport pour venir en aide aux enfants défavorisés.

«Il est possiblement le meilleur kayakiste de l'histoire et s'il ne l'est pas encore, il le deviendra, m'a dit récemment le canoéiste Thomas Hall, de Pointe-Claire, qui participera à l'épreuve de C-1 1000m à Pékin. C'est un phénomène. J'admire ses habitudes de travail, sa capacité d'entraînement, son attitude. Il m'inspire vraiment.»

Et il va inspirer tous les membres de la délégation canadienne qui vont marcher derrière lui à Pékin, comme l'a souligné avec justesse Sylvie Bernier. À la fois modeste et sûr de lui, vif d'esprit et doué d'un fin sens de la répartie - voyez dans le texte de Simon Drouin sa réponse à une question sur la supposée malédiction du porte-drapeau -, il représente un idéal vers lequel devraient tendre tous les athlètes. Et le meilleur représentant possible de tous les Canadiens, qu'ils parlent anglais, français ou swahili.