En ce début des classes, après avoir passé une partie de l'été à lire sur les travaux, les paralumes et autres poutres qui tombent, je me désole qu'une idée géniale, toute simple, qui ne coûte presque rien et qui sauverait des vies, va finir par disparaître.

Ma fille, qui entre en 5e secondaire, sportive et allumée, sort le week-end comme tous les jeunes de son âge jusqu'à des heures où ses deux parents sont couchés. Cet été, à quatre reprises, en voulant rentrer à la maison vers 1h du matin, les billets Cool-Taxi que nous lui avons donnés ont été refusés par le chauffeur de taxi qui la ramenait à la maison.

Il y a un an, lorsque deux filles de son école ont failli perdre la vie à la suite d'un accident dans une voiture conduite par un garçon imprudent, les pères de celles-ci ont lancé la merveilleuse idée de coupons pour payer des taxis.

Ainsi munis de ces coupons, nos enfants auraient toujours un choix avant de monter à bord de la voiture de quelqu'un. Ces coupons ne pourraient être dépensés lors de leurs sorties. Ils ne serviraient uniquement qu'à rentrer au bercail.

Mais lorsqu'un chauffeur de taxi sur deux les refuse, il y a problème. Les adolescents ne sont plus devant un choix. On revient donc à la case départ.

Je sais que les paralumes et les poutres ont meilleure presse. Mais où sont les journalistes qui ont des adolescents, des héritiers (oui, M. Patrick Lagacé, c'est potentiellement un sujet pour vous) ou même des neveux? Pas un mot. Nulle part. Une idée que deux millions de téléspectateurs ont applaudie à Tout le monde en parle. Même pas un an, et ça disparaîtra faute de volonté, faute d'appui.

Pas de milliards à négocier avec le fédéral, pas de couleuvres à sauver sous le terrain de construction, juste une idée simple qui sauvera la vie de votre fille, votre garçon, votre neveu, votre voisin. Pas compliqué, me semble.

Je continuerai à donner ces coupons à ma fille... et maintenant des sous d'urgence au cas. En espérant qu'il y aura volonté un jour que cette idée toute simple fonctionne.

Luc Pelletier

L'auteur est un ingénieur qui réside à Montréal.