Québec a profité de la bonne réception de sa mise à jour budgétaire présentée il y a une semaine pour conclure son programme d'emprunts de 2016-2017.

Comme c'est le cas depuis quelques années, le Québec est la première province à avoir emprunté tout l'argent dont il avait besoin, soit pour financer son programme d'infrastructures, soit pour refinancer la partie de sa dette arrivée à échéance.

Il a émis sans difficulté la semaine dernière une autre tranche de 500 millions de dollars, chacune de ses souches d'obligations venant à échéance en 2026 et en 2048. L'encours cumulatif de la première est maintenant de 4,5 milliards, celui de la seconde de 4 milliards.

Tout compte fait, les conditions favorables du marché lui ont permis en fait d'amasser 86,3 millions de plus que le milliard visé. Cela revient à dire que l'intérêt annuel consenti sur l'emprunt de 10 ans est de 2,13 %, même si le coupon facial est de 2,5 %. Pour la tranche dont l'échéance est de 32 ans, le coût d'emprunt annuel revient à 2,833 %, même si le coupon est de 3,5 %.

Le marché obligataire paraît compliqué. En réalité, tout dépend de quel côté on l'observe ; celui de l'emprunteur (Québec) ou celui des prêteurs qui sont en général des investisseurs institutionnels canadiens. Il y a aussi des étrangers qui achètent ou vendent de la dette des provinces canadiennes, au gré de leurs politiques de placement et des conditions internationales des marchés obligataires.

Au cours du présent exercice, le Québec est parvenu à emprunter à bon compte, ce qui revient à dire qu'il vend chèrement sa dette.

Par exemple, pour un prêteur, un rendement de 2,833 %, alors que le coupon s'élève à 3,5 %, signifie qu'il a payé 1140 $ chaque tranche de 1000 $.

Le jeu en vaut néanmoins la chandelle. En faisant l'hypothèse d'un taux d'inflation de 2 % pendant 30 ans, il s'en tire avec un rendement réel de 0,833 %.

Une obligation du Canada de même échéance rapporte moins de 2 % ces jours-ci, ce qui revient à un rendement réel nul, voire légèrement négatif.

Les deux émissions québécoises de 500 millions chacune portent à 13,39 milliards l'argent amassé pour combler les besoins financiers du gouvernement pour 2016-2017.

En mars, le budget du ministre des Finances Carlos Leitao estimait à 13,98 milliards les besoins d'emprunts de Québec. Sa mise à jour budgétaire de la semaine dernière les a ramenés à 13,524 millions, soit 454 millions de moins.

Bref, le programme d'emprunts est terminé à 99 % alors qu'il reste cinq mois à l'exercice financier. En outre, les besoins financiers d'Hydro-Québec de 2 milliards cette année sont aussi comblés.

Les conditions du marché étant plutôt favorables, Québec aura donc tout le temps voulu pour préfinancer son programme d'emprunts de 2017-2018, estimé à 16 milliards.

L'an dernier, Québec avait réalisé 7,584 milliards en préfinancement, soit 2 milliards de moins que l'année record précédente, mais près de 2 milliards de plus qu'en 2013-2014. Selon Jean-François Godin de Valeurs mobilières Desjardins, la valeur moyenne des 10 dernières années des emprunts par anticipation s'élève à 5,6 milliards.

Les autres provinces sont beaucoup moins avancées que Québec dans leur programme d'emprunts. Ainsi, l'Ontario qui doit trouver 24,4 milliards n'a terminé le sien qu'aux deux tiers. L'Alberta, qui a besoin de 15,8 milliards, doit encore lever 6,7 milliards.

Après celui du Québec, c'est le programme d'emprunts de Terre-Neuve-et-Labrador qui est le plus avancé. Selon la compilation de Warren Lovely de la Banque Nationale, la province atlantique a satisfait 84 % de ses besoins financiers de 2,9 milliards. À cela s'ajoutent toutefois les 600 millions requis par N & L Hydro qui n'ont pas encore été empruntés.

Photo Ivanoh Demers, archives La Presse

IVANOH DEMERS, LA PRESSE Section: Actualites Photo pour illustrer le Parlement a Quebec. (Assemblee Nationale). Photo prise devant le Parlement a Quebec. Sur la photo: (Gauche a droite) Drapeau, parlement, assemblee nationale 08/02/2015 le 8 Fevrier, 2016 # -30

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