Le succès des propositions économiques de Donald John Trump Sr. confond les observateurs qui n'y retrouvent pas leurs repères classiques, tant y prévaut le mélange de genres.

Populiste pour les uns, incohérente pour d'autres, jugée non orthodoxe par l'establishment républicain, ou dangereuse par les démocrates classiques, cette bouillie pour les chats a pourtant de quoi séduire les Américain(e)s, et pas seulement les plus simples d'esprit, quelle que soit leur classe sociale.

Cela dit, elle attire davantage les Blancs peu instruits et chrétiens, moins touchés par les propositions abrasives du milliardaire à l'endroit des immigrants et des musulmans.

La pièce maîtresse du programme économique de « The Donald » est sa proposition de réforme fiscale qui tient sur un document très aéré de trois pages et demie.

Pour plaire aux républicains et, plus généralement aux électeurs, il propose une baisse des impôts sur le revenu des particuliers et des sociétés. Il l'élimine complètement pour les ménages dont le revenu est inférieur à 50 000 $ (toutes les sommes dans ce texte sont en dollars américains), réduit de sept à quatre les paliers d'imposition et ramène le taux marginal de 39,6 % à 25 %.

Le plan souligne que plus de 73 millions de ménages n'auront ainsi plus d'impôt à payer. Il omet de souligner qu'en ramenant à 25 % le palier d'imposition le plus élevé, le fameux 1 % dénoncé par le mouvement Occupy Wall Street s'en tire avec une économie annuelle minimale de 400 000 $.

Même en augmentant le salaire minimum (fixé à 7,25 $ l'heure depuis 2009), en opposition avec le discours républicain officiel, ce n'est pas ainsi qu'il va réduire les inégalités sociales.

On y propose aussi d'éliminer l'impôt sur les héritages, qualifié de taxe sur les morts, ce qui accroît encore les inégalités.

Le plan prévoit en outre de ramener de 37,5 % à 15 % le taux d'imposition des bénéfices des sociétés afin de stimuler la relocalisation des emplois déployés à l'étranger par les entreprises américaines.

Fait à souligner, il promet d'éliminer plusieurs échappatoires, notamment celles qui ont permis la prolifération des fonds spéculatifs et d'investissements, parmi les pires tares de Wall Street. En revanche, il veut mettre la hache dans la loi Dodd-Franck de 2010 qui resserre la réglementation financière.

Au final, la réforme se veut fiscalement neutre, mais le Tax Policy Center évalue à quelque 10 000 milliards sur 10 ans l'augmentation de la dette publique qu'elle causerait.

Cette réforme serait assortie de mesures protectionnistes, en particulier contre la Chine et le Mexique, premier et deuxième fournisseurs des États-Unis, devant le Canada.

Reste à voir comment des entreprises américaines telles Apple, Microsoft ou General Motors réagiront à une baisse de leur compétitivité ou comment les Américains, eux-mêmes très friands de gadgets électroniques, apprécieront leur nouvelle cherté. Auront-ils les moyens de consommer assez pour faire tourner leurs usines agrandies en principe par la réforme fiscale ?

Reste à voir aussi comment réagirait la Chine, premier prêteur du gouvernement américain.

Voilà sans doute l'aspect le plus nébuleux du programme du candidat républicain. Il a même suggéré en entrevue que les États-Unis peuvent ne pas honorer une partie de leur dette qui atteint déjà plus de 19 000 milliards US, la plus élevée du monde.

Le protectionnisme et le repli sur soi font mouche en Occident. Les États-Unis, pays qui dépend beaucoup moins de son commerce extérieur que le Canada, le Japon ou l'Allemagne, n'y échappent pas. The Donald, qui a soutenu le Brexit, promet de ne pas ratifier le Partenariat Transpacifique, une des rares initiatives de Barack Obama bien reçues par la majorité républicaine au Congrès. Il adopte ainsi la même position que son adversaire démocrate Hilary Clinton, comme le met en lumière Angelo Katsoras, analyste géopolitique à la Banque Nationale.

L'ex-vedette de téléréalité veut revoir aussi l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) avec le Canada et le Mexique en poursuivant la primauté des intérêts américains.

Il entend soutenir l'exploitation pétrolière et rompre avec l'Accord de Paris sur le climat, ce qui a l'heur de plaire à beaucoup de républicains.

Comme Mme Clinton cependant, le candidat républicain promet de lancer un vaste chantier de modernisation des infrastructures américaines. Cela a le double avantage de les remettre à niveau et de fournir du travail aux cols bleus et blancs. Ces derniers sont malmenés depuis 15 ans, d'abord par les délocalisations et maintenant par la quatrième révolution industrielle qui fait la part belle à la robotisation de la production de biens et de l'offre de services.

C'est un des rares éléments économiques entre les deux candidats qui ne les divise pas.