Votre argent vaut beaucoup, bien plus que vous ne le pensez. C'est un porte-voix très puissant.

On parle de plus en plus d'investissement responsable, de ces investisseurs attirés par des entreprises qui reflètent leurs valeurs sur les questions éthiques, environnementales ou de développement durable.

Une autre forme d'investissement responsable émerge : miser sur les femmes. Morgan Stanley, Barclay, la Banque de Montréal, parmi d'autres, ont développé des produits sur la base d'entreprises qui font de la place aux femmes dans leurs conseils d'administration ou dans la haute direction.

Bloomberg a pour sa part lancé récemment un « Indice de l'égalité des sexes » répertoriant 26 institutions financières  - dont les banques canadiennes BMO et CIBC - particulièrement engagées dans l'avancement des femmes.

L'indice tient compte de la représentativité des femmes dans les postes de haute direction et dans les conseils d'administration, mais aussi des efforts faits par les entreprises pour favoriser la conciliation travail-famille ou contribuer de façon générale à promouvoir l'implication des femmes dans la communauté.

Il faut y voir davantage qu'un simple produit de marketing.

La reconnaissance qu'il faut faire plus de place aux femmes dans les cercles de pouvoir et de décision est devenue un enjeu important dans les sociétés occidentales qui se disent égalitaires. Dorénavant, même la Bourse n'échappe pas à cette prise de conscience.

Évidemment, l'intérêt principal étant pécuniaire, est-ce rentable ? Difficile d'établir que la présence des femmes dans les conseils d'administration a un impact direct sur la performance des entreprises.

Les études sont encore embryonnaires et parfois contradictoires, mais certaines ont tout de même démontré des rendements supérieurs dans les entreprises faisant la belle part aux femmes, dont une méta-analyse de 140 études qui confirme un effet positif sur le rendement.

Il y a plus. Le style de leadership des femmes, plus centré sur le travail d'équipe, la participation et la recherche de compromis, en font généralement des gestionnaires habiles. La diversité des sexes est bénéfique, explique Claude Francoeur, professeur à HEC Montréal, qui a publié des travaux sur cette question.

Dans une société où les femmes comptent pour la moitié de la population, étant donné qu'à l'école, les filles réussissent généralement mieux que les garçons, que les femmes sont plus présentes que les hommes à l'université, qu'elles ont investi le marché du travail en proportion presque équivalente, il n'est pas normal qu'elles s'effacent, encore aujourd'hui, à mesure qu'on grimpe dans la hiérarchie.

Bien des efforts ont été faits - et le sont encore - pour atteindre une parité dans les cercles politiques ou décisionnels. Certains pays ont recours à des quotas et des lois pour l'atteindre. Mais le signal le plus fort, il vient de chacun de nous.

C'est ce signal qui se répercute aujourd'hui jusqu'à la Bourse. Investir, c'est faire un choix. C'est une façon efficace de faire avancer les sociétés, car s'il existe une voix qui porte, c'est bien celle de l'argent. La faire résonner en investissant en fonction de ses convictions et de ses valeurs, c'est un pouvoir très fort.