Les données sur le commerce extérieur en mars ont laissé présager le pire : chute de 5,7 % des exportations manufacturières après une baisse de 4,4 % en février.

Bien sûr, l'appréciation du dollar canadien au cours du mois y était pour quelque chose, mais les volumes aussi avaient reculé.

Aussi, c'est avec beaucoup d'appréhension qu'étaient attendus les chiffres des ventes des manufacturiers pour le mois de mars. Les prévisionnistes attendaient un repli de 1,9 %. Statistique Canada leur a donné en partie raison : la baisse de la valeur des ventes en usine est estimée à 0,9 %, mais celle de février est désormais évaluée à 4,0 % plutôt que 3,3 %.

Ces mauvais chiffres camouflent cependant une réalité un peu moins morose : les volumes de vente ont augmenté de 0,1 % en mars. Autrement dit, la baisse de valeur est entièrement affaire de prix.

La légère augmentation des volumes en mars ne doit pas faire oublier que les volumes ont chuté de 2,6 % en février, après trois hausses mensuelles d'affilée.

En clair, ça signifie que les fabricants en ont eu moins pour leur argent en mars.

Ça signifie aussi que le secteur manufacturier aura contribué solidement à la croissance au premier trimestre grâce surtout à la forte progression des ventes en décembre qui auront donné un bel élan à celles de janvier.

À l'opposé, les faibles résultats de février et de mars indiquent que les usines ont amorcé le printemps avec une mauvaise grippe.

La contagion était grande : 16 des 21 industries ont enregistré un repli, celles du matériel de transport et de la première transformation des métaux en tête.

Dès lors, comment s'étonner que le Québec et l'Ontario enregistrent des reculs respectifs de 1,4 % et 1,9 % ? Là s'arrête toutefois la belle convergence.

Le repli québécois est le troisième d'affilée, si bien que les ventes de ses fabricants accusent une chute de 5,3 % depuis un an alors que le recul canadien est de 1,6 % seulement. (Exprimées en volumes, les ventes augmentent même de 0,3 % en un an.) En Ontario, la valeur des ventes annuelles est en hausse de 4,7 %.

Le succès ontarien est avant tout le résultat du bond prodigieux de 24,5 % des ventes de véhicules neufs. Les concessionnaires américains et canadiens enregistrent des ventes records, ce printemps. Toutefois, la valeur des ventes accuse un deuxième repli d'affilée en mars.

Compte tenu de la vigueur retrouvée de la consommation américaine, cette tendance pourrait bien s'être inversée en avril ou en mai puisqu'une forte proportion de la production canadienne de véhicules est destinée aux États-Unis.

Si on exclut les ventes des fabricants de véhicules, de pièces et d'accessoires, la baisse annuelle des ventes a atteint 5,1 % en mars.

Si les prix ont joué un si grand rôle en mars, c'est à cause de l'appréciation du dollar canadien par rapport au billet vert. Les prix de certains biens ouvrés, comme les avions ou les métaux de première transformation, sont fixés en dollars américains.

Le taux de change joue un autre tour quand vient le temps d'apprécier la production future en usine. La valeur des stocks a reculé de 0,4 %, mais leur volume a augmenté de 0,2 %. Le ratio des stocks aux ventes augmente de 1,42 à 1,43 lorsqu'on prend la mesure en valeur, mais reste stable à 1,45 lorsqu'on exprime le ratio en volume. Cela signifie qu'il faudrait 1,45 mois pour écouler les stocks au niveau actuel des ventes. C'est un niveau qui ne permet guère d'espérer de relance de production pour les reconstituer.

Pour cela, il faudrait au moins que la valeur des nouvelles commandes soit à la hausse. Or, elle a diminué de 2,2 % et se situe à son niveau le plus faible depuis septembre 2013.