Le Québec profite ces jours-ci de l'engouement renouvelé des étrangers pour les titres de dette canadienne.

La semaine dernière, la province a même réalisé une émission de 540 millions de dollars hongkongais.

L'emprunt de cinq ans, le premier dans la monnaie de la région administrative spéciale de la Chine, équivaut à 87,8 millions de dollars canadiens. Il s'agit d'une petite émission, si on la compare aux tranches de 500 millions que Québec a l'habitude d'émettre dans la monnaie canadienne, mais qui ouvre la voie à d'autres emprunts en cours d'exercice.

Ainsi, Québec a aussi émis deux autres tranches de sa souche de 10 ans libellée en dollars australiens. Cela porte à l'équivalent de 152,2 millions canadiens la valeur de cette souche d'émissions depuis le début du présent exercice.

Québec a aussi tâté une nouvelle fois le marché américain avec une émission massive de 2 milliards US venant à échéance dans 10 ans. Le rendement consenti à l'investisseur est de 2,534 %. Il donne une bonne idée de l'effort consenti par les contribuables québécois pour soutenir le programme C Series de Bombardier. Leur gouvernement y gage 1 milliard de dollars US pendant un minimum de cinq ans, soit des intérêts annuels de 2,53 millions. Pour emprunter 1 milliard US, il a fallu verser 4,5 millions en commissions aux maisons de courtage qui ont démarché les prêteurs.

Aux émissions réalisées sur les marchés étrangers s'en ajoutent trois libellées en dollars canadiens et totalisant 1,37 milliard. On en arrive à 4,17 milliards en un mois, soit 31 % des besoins d'emprunts du Québec pour l'exercice 2016-2017.

Jusqu'ici, Québec est très en avance dans son programme d'emprunts de 13,5 milliards auquel il faut additionner 500 millions à trouver pour Financement-Québec et deux milliards pour les besoins financiers d'Hydro-Québec.

Cela place la province en très bonne position pour amorcer le préfinancement de ses emprunts de 2017-2018, plus tard en cours d'exercice. L'an dernier, Québec était parvenu à lever 7,6 milliards pour 2016-2017.

Seul le Nouveau-Brunswick est plus avancé que le Québec dans son programme d'emprunts, jusqu'ici. L'Ontario n'a levé que 2 des 24 milliards dont elle a besoin cette année.

Selon les calculs de Warren Lovely de la Banque Nationale, les provinces ont émis en avril cette année moitié moins qu'un an plus tôt. Cela montre l'opportunisme du Québec qui a pu tirer parti de la présentation hâtive de son budget.

À l'opposé, l'Alberta qui doit emprunter 14,15 milliards cette année (dont 10,4 milliards pour financer son déficit) ne s'est pas encore présentée sur les marchés.

Pour l'exercice en cours, les besoins d'emprunts des provinces s'élèvent à 6,5 milliards dont 7,8 milliards ont été réalisés.

Les provinces ont un compétiteur de taille cette année. Le programme d'emprunts d'Ottawa totalise 133 milliards dont 10,7 milliards ont été trouvés le mois dernier.

Pour ne pas nuire aux provinces, Ottawa concentre ses émissions dans les échéances de deux à cinq ans, alors que les provinces privilégient celles de 10 et de 30 ans.

Le mois dernier, Québec a lancé deux émissions de 500 millions venant à échéance en 2026. L'an dernier, il a réalisé neuf émissions de 30 ans et sept de 10 ans.

À la différence des provinces, Ottawa publie le calendrier de ses adjudications ainsi que le montant et l'échéance de chaque émission. Ce mois-ci, il réalisera quatre émissions (chaque mercredi), deux dans l'échéance de deux ans, une de cinq ans et une de trente. La fenêtre de 10 ans est donc ouverte aux provinces, mais aussi aux municipalités et aux sociétés.

Même s'ils ont augmenté en avril, les taux d'intérêt sur les obligations canadiennes restent bien faibles. En prime, la demande étrangère pour les titres canadiens rend les obligations provinciales attrayantes puisqu'elles se vendent un peu plus cher que les canadiennes.

La demande accrue a pour effet toutefois de diminuer quelque peu ces écarts de taux.

C'est un contexte favorable pour le financement des dettes des provinces.