J'arrive tout juste du Japon, où les taxis sont d'une propreté maniaque. Les voitures sont toujours fraîchement lavées, en plus d'être frottées à chaque pause. Les chauffeurs sont vêtus d'un veston, d'une cravate et de gants aussi blancs que la dentelle qui recouvre les sièges, oui, oui !

En fait, les taxis sont si propres que j'avais peur de les salir en embarquant... alors qu'à Montréal, c'est l'inverse, j'ai plutôt peur de me salir en embarquant dans les taxis. Faut le faire.

Je vous entends... La différence est culturelle, le sens du détail et de la propreté des Japonais s'appuie sur des traditions millénaires. Et donc, vous trouvez que je compare des cerises avec des citrons.

De toute évidence, vous n'avez pas encore essayé Téo.

Le service de taxis d'Alexandre Taillefer est propulsé à l'électricité, on le sait. Il n'émet aucune pollution, il s'appuie sur un réseau de bornes de recharge rapides, il offre un parc de 60 véhicules 100 % électriques, on le sait.

C'est déjà énorme. Et pourtant, résumer Téo à cette seule vertu serait une erreur. Car le service offert est plus proche de ce que j'ai expérimenté au Japon que du service qu'on est forcé de subir ici.

Tous les chauffeurs Téo portent un uniforme, sans exception. Ils n'ont pas le droit de parler au cellulaire, ni de déposer leurs effets personnels sur le siège du passager. Ils subissent une vérification de sécurité plus fréquente que les chauffeurs de taxi et d'Uber. Et ils doivent ouvrir la porte aux passagers (au Japon, le chauffeur ouvre la porte sans sortir en appuyant sur un bouton).

Les voitures sont lavées chaque matin. Elles offrent le WiFi, les sièges chauffants à l'arrière, bientôt l'accès à un écran tactile. On retrouve des Kia Soul, des Nissan Leaf et même des Tesla !

L'application mobile permet de commander une voiture, de consulter le pedigree du chauffeur et aussi de payer la course, sans sortir sa carte de crédit ou son argent (elle a connu des ratés au début, c'est vrai, mais elle a été complètement refaite depuis).

Et la plus grande qualité d'entre toutes, Téo l'offre à ses chauffeurs : des conditions décentes, avec un salaire horaire, une semaine de travail de 40 heures, un fonds de pension, la CSST, des congés de maladie et deux semaines de vacances par an.

Pour avoir parlé avec des chauffeurs, c'est le jour et la nuit en comparaison avec ce à quoi ils sont habitués. « Je travaille 8 heures par jour, 5 jours par semaine, alors que dans mon taxi, je faisais du 15 heures par jour, 6 jours par semaine. Pour un salaire qui se ressemble pas mal », m'a dit l'un d'eux.

« En décembre, c'était la première fois que je passais Noël à la maison en 12 ans, m'a lancé un autre. Ma femme était très contente ! »

Or, quand on sait que la grande qualité du service de taxi de Londres vient de la formation des chauffeurs, mais surtout de leur bonne rémunération, on comprend que cet avantage profite aussi aux clients.

La grande force de Téo, au-delà de ses vertus écologiques, elle est donc là. Dans un service impeccable qui s'appuie sur de bonnes conditions de travail. Les chauffeurs sont plus détendus, ils sont souriants, ils n'ont pas besoin de brûler des feux rouges pour multiplier les courses, ils ne refusent pas les clients parce qu'ils ne vont pas assez loin ou payent avec une carte de crédit, ils n'affichent pas un air de boeuf parce que la journée est trop tranquille.

Et donc, on se retrouve avec un service qui joue les trouble-fêtes dans une industrie qui en a besoin.

Un service qui a le même pouvoir perturbateur qu'Uber, mais sans se placer dans l'illégalité, sans échapper au fisc, sans esquiver les taxes. Un service qui s'appuie sur les dernières avancées technologiques, sans que les profits soient envoyés dans la Silicon Valley, sans recours à une sorte de paradis fiscal. Un service qui donne de la profondeur au cocktail transport, sans besoin de tout réinventer, sans jeter complètement à terre l'industrie du taxi.

Un service qui a tous les avantages d'Uber, bref, sans ses défauts.

Bye-bye Uber !