Qu'avez-vous retenu de 2015, sur les scènes politiques canadienne et québécoise ? Le triomphe de Justin Trudeau ? La burqa ? Le régime d'austérité du gouvernement Couillard ou le départ de nombreux députés libéraux ? L'élection de Pierre Karl Péladeau à la tête du PQ ? Voici ce qu'a retenu (principalement) notre chroniqueur au terme d'une année riche en actualité politique.

RECTIFICATIF

Notre chroniqueur Vincent Marissal a écrit dans sa chronique que plusieurs ministres libéraux avaient démissionné du gouvernement de Philippe Couillard durant l'année qui achève. Le seul ministre qui a démissionné est Yves Bolduc. Quant à la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, elle n'a pas quitté son poste, contrairement à ce que nous avons laissé entendre. Bien qu'elle soit en congé de maladie, Mme Thériault demeure ministre. Nos excuses.

***

Qu'avez-vous retenu de 2015, sur les scènes politiques canadienne et québécoise ? Le triomphe de Justin Trudeau ? La burqa ? Le régime d'austérité du gouvernement Couillard ou le départ de nombreux députés libéraux ? L'élection de Pierre Karl Péladeau à la tête du PQ ? Voici ce qu'a retenu (principalement) notre chroniqueur au terme d'une année riche en actualité politique.

La personnalité de l'année

Canada : Justin Trudeau, qui d'autre ? Impossible de passer à côté du nouveau premier ministre, que bien peu d'analystes voyaient triompher aux élections du 19 octobre. Même au sein de son parti, on se disait prêt à attendre deux élections pour reprendre le pouvoir aux mains des conservateurs de Stephen Harper. Justin Trudeau, 43 ans, aura fait mieux : victoire majoritaire au premier essai, au terme d'une campagne énergique et positive. Son charme a, depuis, largement dépassé les frontières du Canada et voilà notre jeune premier ministre élevé au rang de vedette glamour des médias internationaux. Tout un contraste avec son prédécesseur.

Québec : Martin Coiteux. Ce choix en étonnera sans doute plus d'un, d'autant plus que Martin Coiteux est un personnage politique plutôt terne, mais personne au sein du gouvernement Couillard n'aura eu plus d'influence sur la suite des choses au Québec que le président du Conseil du trésor. Après avoir tenu le rôle du Grincheux toute l'année, M. Coiteux a essayé d'adoucir un peu son image en concluant de nouvelles ententes collectives avec les employés de l'État juste à temps pour Noël, mais les réformes qu'il a pilotées auront des effets à long terme sur les activités du gouvernement.

Mentions spéciales

Denis Coderre : L'omniprésent maire de Montréal a solidifié en 2015 son emprise sur Montréal et il s'est plutôt bien sorti d'une délicate opération de déversement de cinq milliards de litres d'eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent. Il a aussi manié le marteau-piqueur, en plus de descendre dans les profondeurs des égouts de Montréal. La barre est haute pour 2016 !

Rachel Notley : Si vous aviez affirmé que le NPD gagnerait les élections en Alberta il y a un an, vos proches vous auraient soupçonné d'avoir avalé le bol de punch d'une traite en cachette et de divaguer dangereusement. C'est pourtant le miracle qui s'est produit en mai dans cette province très conservatrice, qui votait bleu sans interruption depuis plus de 40 ans. Un événement important pour la suite des choses, notamment au chapitre de la lutte contre les changements climatiques.

Grand disparu : Jacques Parizeau. Témoin et acteur de la Révolution tranquille, rare survivant de la grande époque du Parti québécois, ancien premier ministre, grand intellectuel, économiste visionnaire et gardien de la foi souverainiste, Jacques Parizeau est mort en juin à l'âge de 85 ans.

Ma personnalité de l'année, scène internationale :  Aylan Kurdi, ce petit garçon syrien mort noyé pendant une traversée tragique de ses parents vers l'Europe. La photo du bambin et l'histoire de sa famille auront marqué un point tournant dans la crise des réfugiés syriens.

Meilleurs coups de 2015

Canada : Encore une fois, comment passer à côté de la très efficace, dynamique et audacieuse campagne électorale de Justin Trudeau ? S'engager à faire des déficits pendant trois ans, même si ces déficits sont modestes, c'est tout de même un sacré coup de dé dans un environnement politique où l'équilibre budgétaire est devenu une vertu cardinale. Devant les attaques incessantes de ses adversaires, le chef libéral a aussi fait le pari de rester positif et de tout jouer sur sa personnalité, un selfie à la fois. La parité hommes-femmes au Conseil des ministres aura aussi fait partie des bons coups de Justin Trudeau en 2015.

Québec : Après des années de tergiversations (et après une série de départs de députés grassement récompensés pour leur démission avant la fin de leur mandat), les partis à l'Assemblée nationale ont enfin mis un terme à la pratique des « allocations de transition » pour députés démissionnaires. Désormais, seuls les députés qui abandonnent leur siège pour des raisons de santé (la leur ou celle d'un proche) auront droit à cette allocation, qui peut atteindre, selon l'ancienneté et les fonctions occupées, jusqu'à 150 000 $.

Pires coups de 2015

Canada : La gestion (ou plutôt l'abandon) du Sénat par l'ex-premier ministre Stephen Harper aura été, en cette fin de régime conservateur, la quintessence de l'abandon de responsabilités, du mépris des institutions et du manque de leadership. Incapable de réformer le Sénat (ou de l'abolir), M. Harper avait décidé de le laisser mourir par attrition en ne remplaçant tout simplement pas les sénateurs partis à la retraite. En plus, les scandales touchant de nombreux sénateurs conservateurs auront ruiné ce qui restait d'honorable à la Chambre haute. Résultat : plus de 20 % des sièges sont vacants, et la réputation du Sénat est en ruine dans l'opinion publique.

Québec : Les nombreuses démissions de ministres libéraux incompétents et de députés frustrés de ne pas être ministres, tous partis avec leur généreuse allocation de transition. Conspué à l'Éducation, Yves Bolduc a quitté la vie politique en février, suivi par ses collègues députés Robert Dutil, Marguerite Blais et Gilles Ouimet, qui seraient restés s'ils avaient été ministres. Il y a eu aussi Lise Thériault, qui a quitté son poste de ministre de la Sécurité publique cet automne au plus fort de la crise impliquant la Sûreté du Québec en Abitibi. Mme Thériault est toujours en congé maladie. Les députés péquistes Marjolain Dufour (raisons de santé) et Stéphane Bédard (raisons personnelles) sont aussi partis en 2015 avec leur allocation. Seul l'ex-député caquiste Gérard Deltell, élu au fédéral en octobre, a laissé son siège sans prendre le chèque.

Mention spéciale :  La sortie ratée

Stephen Harper : battu, mais pas humilié, après avoir occupé le poste de premier ministre pendant près de dix ans, Stephen Harper est parti comme un voleur, sans même dire publiquement aux Canadiens qu'il démissionnait comme chef du Parti conservateur. Il est toujours député de Calgary, mais on ne l'a pratiquement pas revu ni entendu. Depuis la défaite du 19 octobre, les anciens ministres de M. Harper, pourtant très dociles pendant son règne, ne se gênent pas pour critiquer sa stratégie et le ton de sa campagne de même que son style autoritaire et son manque de transparence. Il paraît qu'on est bien seul au sommet. C'est apparemment encore pire lorsqu'on en tombe.

Mention spéciale :  Fiasco 2015

Canada : La campagne électorale de Stephen Harper. Trop longue, trop négative, vide de contenu, la campagne électorale de M. Harper aura finalement donné beaucoup de temps et de raisons aux électeurs de chercher une solution de rechange.

Québec : La commission d'enquête sur l'industrie de la construction. Après trois ans de travaux hautement médiatisés, on attendait beaucoup de la commission Charbonneau, mais la dissidence du commissaire Lachance et le psychodrame médiatique qui a suivi ont gravement miné le résultat et le poids de cet exercice. Il reste les recommandations, valables, certes, mais cette commission d'enquête s'est terminée, à la fin de 2015, en queue de poisson.