Les Québécois entretiennent une relation contradictoire avec Hydro-Québec. D'une part, ils sont fiers de ses prouesses techniques et de l'électricité propre qu'elle produit. D'autre part, lorsqu'elle lance un nouveau projet, son expertise suscite la méfiance et on accuse la société d'État d'arrogance et d'hypocrisie. On a pu voir ce dernier phénomène à l'oeuvre dans le dossier de la ligne à haute tension Chamouchouane-Montréal, où des militants, des élus et des agriculteurs ont contesté toutes les études, toutes les informations et tous les arguments présentés par Hydro-Québec.

Rappelons que le gouvernement Couillard vient de donner le feu vert à ce projet de ligne de transport d'électricité entre le Saguenay-Lac-Saint-Jean et la métropole. L'infrastructure, longue de 400 kilomètres, traversera la Mauricie et Lanaudière. C'est dans cette dernière région que l'opposition a été la plus forte, regroupée au sein de l'organisation Citoyens Sous Haute Tension.

On a reproché à la société d'État de ne pas être sensible aux préoccupations des citoyens. Pourtant, depuis 2010, plus de 300 rencontres d'information et d'échange ont été tenues.

À la suite de ces activités, le projet a été considérablement modifié. Selon une association de villégiateurs, l'évolution du dossier « a démontré qu'Hydro-Québec est à l'écoute et qu'en présentant de bons arguments solides, tout en maintenant un dialogue constant et courtois, il est possible d'arriver à une solution [...]. » La MRC du Domaine-du-Roy, au Lac-Saint-Jean, a souligné « les efforts déployés par Hydro-Québec pour nous consulter et nous impliquer en amont des choix et des décisions ».

Cependant, pour les opposants les plus farouches, il n'y avait aucun compromis possible. Ils se seraient sentis écoutés seulement si le projet de ligne avait été abandonné. Malgré la démonstration faite par HQ et endossée par la Régie de l'énergie, les Citoyens Sous Haute Tension ont continué de soutenir que la nouvelle ligne n'était pas nécessaire.

Le groupe a mis de l'avant des scénarios de rechange - l'enfouissement de la ligne, l'utilisation d'emprises existantes, l'ajout massif de compensation série. Hydro-Québec a expliqué que ces idées étaient plus coûteuses ou impraticables ou encore inefficaces. Cela n'a évidemment pas convaincu les militants. Il est plus étonnant que le BAPE ait lui aussi balayé du revers de la main l'expertise d'Hydro-Québec, lui demandant de faire « une pause » pour étudier en détail les idées pondues par les citoyens.

La ligne Chamouchouane-Montréal, essentielle à la fiabilité du réseau, est à l'étude depuis plus de cinq ans. Hydro-Québec a bel et bien été à l'écoute des citoyens, comme le démontrent les nombreux changements apportés. Les effets de la nouvelle ligne sur l'environnement ont été minimisés.

Le gouvernement a donc eu raison d'ignorer la principale recommandation du BAPE. Lorsque Hydro-Québec agit consciencieusement et correctement, comme elle l'a fait dans ce dossier, il faut lui faire confiance.