N'en déplaise à la Ligue des droits et libertés et à ceux qui dénoncent la «répression politique» et «l'autoritarisme» exercés par la direction de l'UQAM ou le gouvernement, les seules dérives antidémocratiques actuelles sont le fait d'une poignée d'individus progrève.

La liberté d'expression - et par conséquent, la liberté de presse - constitue un principe fondamental dans une démocratie. Le bafouer, c'est adopter une conduite qui s'apparente à celle des régimes autoritaires, voire totalitaires.

Les régimes autoritaires s'appuient sur une absence de liberté de presse et l'interdiction de toute forme de dissidence. Les régimes totalitaires cherchent à imposer une idéologie unique à l'ensemble des citoyens, les opposants étant les ennemis de la communauté.

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La grève étudiante se radicalise. Pour imposer leurs vues, un petit nombre d'étudiants briment le droit de ceux qui ne partagent pas leur opinion, en l'occurrence leurs camarades de classe opposés à la grève. Certains s'en prennent physiquement et verbalement à des journalistes en espérant limiter la diffusion de l'information et propager leur message sans filtre et sans nuance.

L'exemple était éloquent vendredi dernier, au terme d'une assemblée houleuse au cégep du Vieux Montréal. Des étudiants opposés à la grève réclamaient la tenue d'un nouveau vote; quelques jours plus tôt, la grève avait été votée après trois tentatives à main levée, les deux premières ayant démontré une majorité d'opposants à la grève. Après des heures de débats, la demande des étudiants d'avoir un nouveau vote a été déboutée pour «vice de procédures».

Quand des étudiants déçus ont voulu s'adresser aux médias - à l'extérieur du terrain du cégep -, ils ont été pris à partie par un petit groupe masqué qui scandait que l'assemblée avait décidé de ne pas s'adresser aux médias, niant les droits de chacun de s'exprimer librement.

Les procédures qui prévalent au sein de plusieurs associations étudiantes sont douteuses. Elles évoquent ces dictatures déguisées en démocratie, où le dirigeant est réélu sans opposition avec 98% des voix. Cela témoigne d'une grande faiblesse: la peur d'être confronté et d'être remis en question.

Brimer la liberté d'expression de ses pairs simplement parce qu'ils ne sont pas en accord avec la grève et ses motifs qui fluctuent au gré des jours, se livrer à du grabuge ou à des manoeuvres d'intimidation en dépit d'une injonction ordonnant à un établissement - c'est le cas de l'UQAM - d'offrir les cours, voilà des agissements qui vont à l'encontre des principes fondamentaux d'une démocratie.

Rien ne justifie les agissements des derniers jours. Personne n'empêche les étudiants progrève de s'exprimer, de manifester, de défendre leurs idéaux. Leur maxime sans nuance, «vous êtes avec nous ou contre nous», est affligeante. Elle bafoue le droit - légitime - des étudiants qui souhaitent compléter leur trimestre en paix.