Un bambin de 3 ans mort de froid après avoir quitté la maison en pleine nuit. De jeunes enfants abandonnés dans une voiture accidentée. Le cadavre d'un nouveau-né découvert dans une poubelle. Autant de drames survenus en quelques jours, près de chez nous, qui nous bouleversent en nous rappelant la vulnérabilité de l'enfance.

Ça ne devrait pas arriver. Nous vivons dans une société qui surprotège ses enfants. Jamais ils n'ont eu si peu de liberté pour se promener seuls, ont été si bien attachés dans les voitures, si surveillés dès leur naissance avec des moniteurs et des caméras. Jamais leurs droits n'ont été autant protégés par des lois. Et pourtant...

Chaque triste histoire impliquant un enfant est fortement médiatisée et s'immisce dans nos esprits. La mort d'un enfant nous touche et nous attriste parce que c'est contre nature. L'enfance, c'est la naïveté, l'innocence à l'état pur, la fragilité.

Et si c'était le mien? se sont dit bien des parents, horrifiés par les souffrances vécues par cet enfant qui a affronté un froid glacial, seulement vêtu d'une couche, d'un chandail et d'une paire de bottes. Et si c'était le mien? se sont-ils dit en partageant la tristesse de sa famille.

Dans nos esprits, des parallèles se dessinent. Qui n'a jamais eu la frousse parce que son enfant avait disparu une fraction de seconde, parce qu'il avait failli traverser la rue en courant derrière un ballon, parce qu'il aurait pu se blesser avec un objet dangereux?

Les images d'enfants morts ou blessés sont omniprésentes dans nos vies. Mais ces drames se jouent «ailleurs», là où la guerre, la famine ou le sous-développement sont autant d'explications, voire de justifications.

Ici, on parle de bêtes accidents. De hasards de la vie. Parfois, aussi, de misère et de détresse. Il manque des éléments pour nous permettre de comprendre certains drames. Le nouveau-né jeté aux poubelles était-il mort à la naissance? Dans quel état psychologique se trouvait sa mère? À quoi pense un adulte supposément responsable lorsqu'il abandonne deux jeunes dans une voiture après un accident? Et que dire de ces parents qui laissent leurs enfants seuls la nuit pour sortir, comme cela arrive régulièrement?

Prendre conscience que des drames se jouent ici, dans notre société riche et développée, où les ressources sont nombreuses, heurte nos convictions. Constater que des petits grandissent dans la misère et la négligence est choquant.

Le malheur qui frappe un enfant, c'est une collision frontale avec la vie. La pureté touchée en plein coeur. C'est un constat d'impuissance et un rappel que malgré toutes les protections mises en place, dans nos maisons comme dans notre société, rien n'est infaillible. La vie d'un enfant est décidément bien fragile.

pascale.breton@lapresse.ca