Des cas de violence plongent de nouveau la Ligue nationale de football dans la tourmente. Faut-il s'en étonner ? La NFL est gangrenée par des problèmes de criminalité et de violence trop souvent passés sous silence.

Cette fois, le commissaire Roger Goodell a attendu que des groupes de femmes et des commanditaires dénoncent le laxisme de la ligue pour promettre des changements.

Budweiser et Pepsi - dont la PDG est une femme - sont de ceux qui réclament une réelle politique afin de contrer la violence conjugale et celle faite aux enfants.

Avec raison. Le football est le sport le plus populaire aux États-Unis. Érigés au statut de demi-dieux, les joueurs sont des modèles pour les jeunes.

La violence conjugale ne doit pas être banalisée, encore moins glorifiée. Assommer sa femme d'un coup de poing est inadmissible, peu importe que la victime porte plainte ou non aux policiers. Quiconque s'intéresse à la psychologie d'une femme battue sait qu'il y a plusieurs raisons pour que la victime reste sous l'emprise de son conjoint.

Le football américain est en soi un sport d'une extrême violence où l'agressivité est valorisée. C'est même ce que veulent voir une partie des spectateurs. Quand la violence est érigée en culture dans un sport, il ne faut pas se surprendre qu'elle éclate aussi à l'extérieur du terrain.

Il faut aussi tenir compte de l'usage des stéroïdes. Ils augmentent la force et la masse musculaire tout en réduisant le temps de récupération. Sauf que la « rage des stéroïdes » provoque aussi des changements d'humeur et des excès de colère soudains.

Même chose pour les coups à la tête. Les conséquences dramatiques des commotions cérébrales sont documentées. Les joueurs de football sont plus à risque de développer l'Alzheimer ou une autre forme de démence, ou même de mourir plus tôt.

Mais des chercheurs de l'Université de Boston ont aussi étudié le cerveau de joueurs de football décédés pour découvrir qu'ils étaient presque tous atteints d'encéphalopathie traumatique chronique, une affection cérébrale découlant de commotions cérébrales qui entraîne une dégénérescence et des comportements parfois agressifs.

En conférence de presse vendredi, le commissaire Roger Goodell a reconnu ses erreurs dans la gestion de la crise qui frappe la NFL. Il s'est engagé à mettre en place un programme de formation sur la violence familiale et les agressions sexuelles. C'est un pas dans la bonne direction. L'éducation et la tolérance zéro peuvent contribuer à améliorer la situation.

Il faudra en faire davantage. Parce qu'elle érige des joueurs au statut de modèles pour les jeunes, la Ligue nationale de football a la responsabilité de faire en sorte que ses athlètes ne soient pas des brutes. Et pour cela, il faut un véritable changement de culture.