Quiconque a un parent âgé vit dans la crainte de le savoir malade. Avec raison. Non seulement les personnes âgées sont surreprésentées dans les urgences du Québec, mais cette tendance va s'accentuer. Visiblement, le réseau de la santé peine à les prendre en charge.

Le commissaire à la santé et au bien-être, Robert Salois, a dévoilé hier un rapport montrant l'évolution de la situation dans les urgences entre 2002-2003 et 2012-2013.

Le nombre de visites aux urgences est demeuré stable, malgré une augmentation de la population. En revanche, la proportion de personnes âgées a considérablement augmenté.

Ces patients sont généralement plus malades. Ce sont des cas «lourds» qui nécessitent plus de soins et qui doivent être couchés sur des civières. Une forte proportion d'entre eux sera ensuite hospitalisée.

Il y a dix ans, une civière sur cinq était occupée par une personne âgée de 75 ans et plus. Aujourd'hui, c'est une sur quatre. Bientôt, ce sera une sur trois.

Les patients âgés sont aussi ceux qui reviennent le plus fréquemment aux urgences, certains s'y présentant jusqu'à quatre fois ou plus au cours d'une même année.

La mise en place de GMF - ces cliniques constituées de groupes de médecins - a permis de prendre en charge beaucoup de Québécois, mais ils ne semblent pas rejoindre les personnes âgées.

Plusieurs d'entre elles ont tout de même un médecin de famille, mais peinent à le voir quand elles en ont besoin. En outre, les omnipraticiens qui effectuent des visites à domicile sont rares et les soins prodigués à la maison sont dispendieux. Que reste-t-il?

«La seule voie d'accès pour une personne de cet âge semble être l'hôpital», a déploré, avec raison, Robert Salois. Même les résidences pour personnes âgées envoient presque systématiquement leurs résidents en ambulance à l'hôpital au moindre malaise.

Il serait illusoire d'espérer éliminer toutes les visites aux urgences, d'autant plus que la population est vieillissante et que les cas sont de plus en plus complexes.

Les hôpitaux doivent donc trouver des façons plus humaines de s'adapter aux conditions des personnes âgées. La place d'un vieillard n'est certainement pas sur une civière au milieu d'un corridor, surtout que cela accentue la confusion chez certains d'entre eux.

Il faut aussi repenser l'organisation des soins. Les problèmes du réseau de la santé viennent davantage des structures que d'un manque de personnel ou d'argent.

Les solutions sont pourtant connues. Plusieurs recommandations ont été formulées au fil des ans. Il faudrait favoriser l'interdisciplinarité, réviser le mode de rémunération des médecins, assurer la prise en charge des malades chroniques. Certaines provinces canadiennes sont passées à l'action, mais le Québec tarde à prendre le virage. Pendant qu'on tergiverse, ce sont nos vieillards qui en souffrent.