Le PIB du Québec a reculé en juin pour le quatrième mois d'affilée. On ne sait pas encore si ces baisses, en partie dues à la grève de la construction, constituent un recul temporaire ou encore si elles annoncent une séquence qui pourrait nous mener à une récession.
Toutefois, ces signaux inquiétants, qui confirment ce qu'on observait du côté du marché du travail - une perte de 50 900 emplois depuis le début de l'année - sont assez sérieux pour exiger une réponse énergique.
Ce ralentissement amplifie nos problèmes financiers. La croissance faible plombe les rentrées fiscales, assez pour que le Québec soit peut-être incapable de respecter ses prévisions budgétaires. Avec le risque, souligné par l'ancien ministre libéral Clément Gignac, qu'un coup de barre du ministre des Finances, Nicolas Marceau, pour maintenir son objectif de déficit zéro plonge franchement le Québec en récession.
Mais il ne faudrait pas trop compter sur nos politiciens, tant qu'ils ne s'extrairont pas de leur logique partisane. Encore une fois, le CPE géant qu'est l'Assemblée nationale nous a donné hier un spectacle navrant où libéraux et péquistes se renvoyaient la balle pour s'attribuer la responsabilité du déclin.
L'arrivée au pouvoir du Parti québécois n'a pas aidé l'économie, parce que ses premiers gestes - menace de taxer davantage les dividendes et les gains en capital, hausse des redevances minières - ont certainement eu un impact négatif sur l'investissement et la croissance.
Mais n'oublions pas que l'économie tournait déjà au ralenti. Fin 2012, on prévoyait que la croissance de l'économie québécoise serait inférieure à celle du Canada, 1,3% contre 1,7%. Comme le veut la tradition.
L'économie québécoise est le plus souvent moins dynamique que la canadienne. Pourquoi? C'est ce que le Conseil du patronat tente de comprendre, avec son Bulletin de la prospérité, qui mesure comment le Québec se compare pour les facteurs qui peuvent mener à la prospérité - éducation et main-d'oeuvre, fiscalité, recherche, entrepreneuriat, etc. Son classement, qui va de «A» à «D», donne un score de «C» au Québec, dans une comparaison entre les provinces canadiennes riches et les pays de l'OCDE.
On pourrait utiliser d'autres critères. Mais ça ne changerait rien au fait que le Québec est en retard et que ce retard est manifestement causé par le fait qu'il n'a pas suffisamment développé les attributs qui contribuent à la croissance.
Ce n'est pas nouveau. Ça fait 20 ans qu'on s'attaque à ce problème sans que le chemin parcouru soit suffisant. Par manque de courage de nos gouvernements, mais aussi parce que le débat politique, où l'opposition s'acharnera invariablement sur les réformes difficiles, a un effet débilitant.
On s'en sort comment? Avec moins de partisanerie. Avec des partis d'opposition qui préfèrent les solutions à la critique, comme le fait souvent la CAQ dans le domaine économique. Avec plus de transparence du gouvernement, qui doit cesser de nier l'existence d'un problème. Et surtout, qui doit proposer une vision du développement.
Cette vision, on ne la sent pas. «Tous les jours... disait Pauline Marois, hier à l'Assemblée nationale, pour moi, l'emploi c'est une obsession. Et, depuis le début de notre mandat... nous avons contribué à des investissements de l'ordre de 6 milliards de dollars avec de l'aide de 2 milliards de dollars qui, essentiellement, soit consolident ou créent des emplois.»
Des subventions pour créer des emplois, comme dans les années 80? C'est le mauvais objectif et la mauvaise méthode. Un gouvernement ne doit plus créer des emplois, mais plutôt à travailler sur les déterminants de la productivité qui permettront la création de richesse. Si tout le monde s'entendait là dessus, on aurait déjà fait un bon bout de chemin.