Malgré ses 33 ans, ses 1037 matchs disputés dans l'uniforme du Lightning de Tampa Bay au cours des 14 dernières années et les blessures qui l'ont ralenti et parfois même miné au cours des dernières saisons, Vincent Lecavalier assure qu'il peut toujours assumer un rôle de centre no 1 dans la LNH.

Il a raison. Enfin, presque !

Chassé de son poste de centre no 1 à Tampa par Steven Stamkos, Lecavalier ne pourrait jouer le même tour aux Crosby, Datsyuk, Toews, Staal - Eric, et non Jordan - Getzlaf, Giroux, Tavares, Sedin, Kopitar et quelques autres. Prétendre le contraire serait absurde.

Mais à Montréal ?

Croyez-vous vraiment que Tomas Plekanec, David Desharnais, Lars Eller et tous les autres qui se chamaillent pour le poste de centre du quatrième trio chez le Canadien sont meilleurs que Lecavalier ?

Moi, non !

Pas seulement parce qu'il est Québécois et francophone. Simplement parce que je le crois encore en mesure d'être le phare de plusieurs équipes à l'attaque. Et comme le Canadien est pas mal dans la brume en fait de phare au centre de son premier trio depuis des années, Lecavalier pourrait combler un vide important.

Statistiques inquiétantes

Vincent Lecavalier a marqué 10 buts et récolté 32 points en 39 matchs l'hiver dernier. C'est peu ?

C'est seulement un point de moins que Plekanec, qui a pourtant disputé huit matchs de plus.

Mais c'est seulement deux points de mieux qu'Eller, qui est loin d'avoir profité d'une utilisation généreuse à l'attaque. Et c'est aussi seulement quatre points de plus que Desharnais qui a connu une année misérable, on en conviendra.

Depuis sa meilleure saison dans la LNH - 52 buts et 108 points - en 2006-2007, Lecavalier a aussi vu sa production chuter lentement, mais sûrement, à chacune des autres saisons, exception faite de 2009-2010 lorsqu'il est passé de 67 à 70 points. Ces statistiques devraient susciter plus de questions que de l'admiration, soulignent ceux qui refusent de sauter dans la Loto-Vinny qui se prépare dans la LNH.

Ce qui me préoccupe bien davantage que les points en baisse chez Lecavalier, ce sont les fluctuations à la hausse des matchs ratés en raison de blessures.

Il est là, le gros point d'interrogation. Lecavalier est-il encore capable, à 33 ans, malgré les blessures qui s'acharnent sur lui, de déployer tout son talent et toute l'expérience qu'il a acquise ?

Si une équipe, que ce soit le Canadien ou une autre, est convaincue que oui, elle s'intéressera à lui. Elle lui présentera une offre de contrat. Sinon...

Toronto avant Montréal ?

Que vous soyez favorable au fait que le Canadien fasse la cour à Lecavalier ou complètement réfractaire à cette idée, vous pouvez être convaincu d'une chose : il aura l'embarras du choix car plusieurs équipes - quatre, six, dix ? - le courtiseront.

Les Maple Leafs de Toronto me semblent l'équipe la plus susceptible de lancer l'enchère, et surtout de la relancer. Non seulement les Leafs ont-ils les poches pleines, mais encore ils peuvent - et veulent - jongler avec des contrats pour s'offrir une marge de manoeuvre sous le plafond afin de renforcer leur alignement. Sans oublier que, plus encore que le Canadien, les Leafs se cherchent un centre no 1.

Si, à Montréal, Vincent Lecavalier serait un parfait parrain à Alex Galchenyuk qui héritera du rôle de centre no 1 Canadien dans un, deux ou, dans le pire des cas, trois ans, « Vinny « pourrait assumer exactement le même rôle avec Nazem Kadri à Toronto.

Bien que je sois convaincu que Lecavalier ne pourrait déloger Claude Giroux à Philadelphie, il pourrait lui offrir un soutien de premier ordre à titre de deuxième centre.

Soutien qu'il aurait continué à offrir à Stamkos, n'eût été de l'occasion offerte au Lightning de se délivrer du contrat faramineux, dont le ridicule est clairement mis en évidence avec les paramètres du rachat qui rapportera à Lecavalier plus de 32 millions au cours des 14 prochaines saisons.

Vraies questions

Ça nous amène aux vraies questions : combien vaut Vincent Lecavalier ? L'embaucher, oui, mais pour combien de temps ? Le Canadien devrait-t-il s'intéresser à lui ? Et surtout, Lecavalier veut-il vraiment venir à Montréal ?

Vincent Lecavalier n'a pas besoin d'argent. Il vient de gagner le gros lot sans même avoir dépensé un dollar pour jouer à la loterie. Dans ces circonstances, un salaire oscillant entre 3,5 et 5 millions par saison me semblerait raisonnable.

Prêt à être flexible sur le salaire, je ne le serais d'aucune façon sur la durée du contrat. À cause des blessures en hausse et d'une production en baisse, j'offrirais à Lecavalier un contrat d'un an, deux ans au maximum, pour qu'il fasse ses preuves.

Le Canadien ? Il doit embarquer dans la danse, ne serait-ce que par principe et pour satisfaire une portion importante de ses fans qui lui en voudrait de lui avoir simplement tourner le dos.

Mais comme il n'a pas de marge sous le plafond et qu'il devrait donner Plekanec ou tenter de donner Brian Gionta pour lui faire de la place - remarquez que Bergevin le fera peut-être pour faire de la place à d'autres joueurs qui l'intéressent -, je suis loin d'être convaincu que Lecavalier endossera un chandail tricolore avec le no 44 dans le dos, à défaut du 4 qui jouit d'une glorieuse retraite.

Et même si Lecavalier assure qu'il serait honoré de jouer à Montréal, je suis loin d'être convaincu que Montréal soit tout en haut de sa liste de destinations.

Mais comme une équipe acceptera de multiplier les millions et les années pour attirer Lecavalier dans son vestiaire, nul besoin de débattre - au point de se battre - de l'importance ou du ridicule de le convaincre de jouer à Montréal. Il y reviendra encore tous les étés et, l'hiver venu, il y jouera de temps en temps dans l'uniforme d'une autre équipe, et non dans celui du Canadien. Du moins, je le crois.