Les groupes écologistes canadiens ont applaudi le plan de lutte aux changements climatiques présenté mardi par le président des États-Unis. Pour le Sierra Club, «le président Obama a prononcé ce qui pourrait s'avérer un des discours les plus importants de l'histoire des États-Unis.» Selon Greenpeace, «devant l'industrie des sables bitumineux (et le gouvernement Harper), le Président Obama a décidé de jeter les gants et il devra tenir ses promesses et dire non au projet Keystone XL.»

Malgré la chaleur suffocante qui pesait sur Washington, M. Obama a été, comme toujours, d'une éloquence remarquable. On était à des années-lumière des propos hésitants et contradictoires du gouvernement Harper sur le même sujet. Pourtant, nous savons maintenant qu'il faut se méfier des talents oratoires de Barack Obama; l'action n'est pas toujours à la hauteur des paroles.

Le plan présidentiel comprend peu de mesures originales. Il repose en grande partie sur des subventions visant à encourager les nouvelles technologies et les économies d'énergie. La mesure la plus prometteuse est aussi la plus vague: le président a ordonné à l'Environmental Protection Agency (EPA) d'imposer des plafonds d'émissions de gaz à effet de serre (GES) aux centrales de production électrique déjà en activité. Ces normes affecteront principalement les centrales au charbon, qui fournissent près de 40% de l'électricité consommée aux États-Unis.

Cependant, M. Obama n'a fourni aucune indication sur les objectifs de réduction que devrait viser l'EPA. Déjà, l'Agence tarde à publier son règlement sur les émissions des futures centrales de production électrique, notamment en raison de la résistance de l'industrie.

Pour ce qui est de l'oléoduc Keystone XL, la déclaration du président américain est d'une ingénieuse ambiguïté, de sorte que tant le gouvernement canadien que les écologistes y ont trouvé leur compte. «Notre intérêt national sera servi seulement si ce projet n'exacerbe pas de façon significative le problème de la pollution au carbone, a dit M. Obama. Les impacts nets de l'oléoduc sur notre climat seront absolument déterminants dans notre décision.»

Or, une chose est sûre: même si, comme le prétendent certains, la construction de Keystone XL entraînait une augmentation de 30 millions de tonnes des émissions annuelles de GES, l'impact sur le climat serait imperceptible, les émissions mondiales totalisant déjà 50 milliards de tonnes. Si M. Obama voulait agir sur le plan du commerce international pour protéger le climat, il ferait mieux de freiner les exportations américaines de charbon, qui ont doublé depuis cinq ans.

Certes, nous souhaiterions qu'Ottawa parle avec plus de conviction de l'importance de lutter contre les changements climatiques. Mais l'action importe davantage. C'est pourquoi nous attendons avec impatience le projet de règlement sur les émissions de GES de l'industrie pétrolière.