De Myrtle Beach, où j'ai fait escale en fin de semaine avant de me rendre à Augusta pour le Tournoi des Maîtres, deux choses sautaient aux yeux lors du duel Canadien-Bruins, samedi.

La première: le Tricolore est prêt pour les séries. La deuxième: après la saison désolante de l'an dernier, ses partisans le sont tout autant.

Malgré la distance qui sépare la Caroline-du-Sud du Centre Bell, on pouvait sentir la frénésie des séries. Autant sur la patinoire, où le Canadien a battu les Bruins pour une troisième fois de suite cette saison, que dans les gradins.

Pas question de se laisser hypnotiser par ces victoires. Comme les quatre rencontres de cette année, ainsi que neuf des dix derniers matchs entre ces grands rivaux, les trois gains consécutifs du Canadien ont été arrachés par un tout petit but. Rien pour assurer un triomphe facile dans le cadre d'une série quatre de sept contre les Big Bad Bruins.

Mais même en se défendant à cinq défenseurs après la perte d'Alexei Emelin au premier tiers, le Canadien a su tenir tête à des rivaux qui devraient pourtant lui être supérieurs. Du moins sur papier.

Avez-vous vu Jagr?

De fait, si le Canadien donne nettement l'impression d'être prêt, les Bruins, eux, sont moins convaincants. Ils sont loin d'être mauvais. Mais l'absence de Patrice Bergeron pèse lourd dans cette équipe. C'était évident samedi. Milan Lucic se contente de trop peu. L'odeur des séries devrait pourtant réveiller le géant qui dort sous le chandail de ce joueur qui a tous les atouts d'un attaquant de puissance redoutable et redouté. Sans oublier Zdeno Chara, qui semble perdre la moitié de ses facultés lorsqu'il croise le Canadien.

Et que dire de Jaromir Jagr? Je ne sais pas si les amateurs présents au Centre Bell l'ont vu plus souvent que ceux qui suivaient le match à la télé. Mais de la Caroline-du-Sud, j'ai aperçu Jagr du coin de l'oeil, ici et là. En 22 présences totalisant près de 19 minutes de jeu, Jagr n'a obtenu qu'un tir. C'est tout. Je comprends mieux pourquoi on ne l'a jamais vu au centre de l'écran.

En fait, c'est faux! On a vu Jagr en gros plan, une fois, pendant un temps d'arrêt réclamé par Claude Julien avec 57 secondes à faire dans le match. Les Bruins s'apprêtaient à clore la rencontre en avantage numérique, avec Tuukka Rask gardé au banc à la faveur d'un sixième attaquant.

Jagr distribuait les conseils, en plus d'établir la stratégie qui devait permettre de niveler les chances. Confrontés à une défensive aussi étanche qu'agressive, les Bruins n'ont pas été fichus d'obtenir le moindre tir au but.

Ça ne veut pas dire que les Bruins et leur nouveau joueur-vedette ne seront pas prêts à temps pour les séries. Je sais. Mais cette fin de match, comme la rencontre au complet, et la grande majorité des 38 parties disputées cette saison, démontre que le Canadien est déjà prêt.

Subban et le Norris

Avec les deux mentions d'aide récoltées samedi, P.K. Subban a consolidé un peu plus sa première place au sommet des défenseurs les plus productifs de la Ligue cette année. Ces 32 points (10 buts) combinés à un différentiel de "13 améliorent d'autant les chances du défenseur du Canadien de mettre la main sur le trophée Norris, remis annuellement au meilleur défenseur du circuit.

Qui décidera?

Les journalistes. Eh oui! Comme c'est le cas pour les trophées Hart, Calder, Selke, Masterton, Lady Bing et pour les équipes d'étoiles, le trophée Norris est remis au défenseur ayant reçu le plus de votes de la part des journalistes invités à prendre part au scrutin.

Le trophée Vézina (meilleur gardien) est attribué par les directeurs généraux, alors que le Jack-Adams (entraîneur-chef de l'année) est décerné par les descripteurs et analystes de la radio et de la télé.

Kevin Allen, du quotidien USA Today, président de l'Association des chroniqueurs de hockey professionnel (PHWA), dressera au cours des prochains jours la liste des journalistes qui recevront des bulletins de vote.

Entre 165 et 170 journalistes décideront du sort de P.K. Subban et des autres vedettes de la LNH en quête d'un trophée.

Pourquoi un chiffre aléatoire? Parce que chaque année, des collègues ratent l'heure de tombée - le scrutin ne tient compte que de la saison régulière - ou décident simplement de ne pas se soumettre à l'exercice.

Environ 65 journalistes de l'Association de l'Est et le même nombre de l'Association de l'Ouest seront invités à voter. Les autres bulletins seront envoyés aux journalistes nationaux - c'est-à-dire ceux qui ne suivent pas les activités d'une équipe en particulier au quotidien.

Malgré une saison écourtée qui a confiné les 30 clubs dans leur association respective, Kevin Allen demeure convaincu que les journalistes sollicités afficheront le sérieux nécessaire pour éviter une polarisation des votes.

Le président de la PHWA balaie aussi du revers de la main toute hypothèse selon laquelle une forme ou l'autre de favoritisme ou de boycottage pourrait mousser ou annihiler les chances de victoires d'un joueur en nomination.

Les journalistes sollicités dressent une liste de cinq candidats pour chacun des trophées. Une firme indépendante mandatée par la LNH compile les votes et confirme ensuite l'identité des trois finalistes dans chacune des catégories. Le gagnant est couronné lors de la soirée annuelle de remise des prix, qui se déroulera cette année au New Jersey, dans le cadre des activités entourant la séance de repêchage.

Si Subban obtient le trophée Norris, il deviendra le sixième défenseur seulement de l'histoire du Canadien à mériter cet honneur. Le premier depuis Chris Chelios en 1989. Doug Harvey a reçu ce trophée à six reprises, dont quatre fois consécutives entre 1955 et 1958. Son coéquipier Tom Johnson (1959) l'a privé de sept conquêtes de suite. Jacques Laperrière (1965) et le grand Larry Robinson (1977-1980) complètent le tableau.

Augusta

Si tout va comme prévu, je devrais arriver à Augusta en début d'après-midi. Je foulerai les allées du mythique terrain pour la toute première fois. Je l'ai parcouru au moins un million de fois dans mes rêves, mais là, ce sera pour vrai. Une fois le débordement d'émotions que j'anticipe contrôlé, je me mettrai à l'ouvrage.

Promis!

Comme Tiger, Phil, Rory et les autres invités au premier tournoi majeur de la saison, je suis prêt pour le Masters. Autant, peut-être même plus, que le Canadien semble prêt pour les séries.