Profitant d'un très rare week-end de congé avant de mettre le cap sur Montréal où son équipe croise le Canadien ce soir au Centre Bell, Kirk Muller aurait pu en profiter pour jouer au golf samedi. Il aurait pu sauter dans sa voiture et aller grimper les montagnes qui se dressent dans l'Ouest de la Caroline du Nord. Filer vers l'Est pour humer l'air salin de l'Atlantique qui se brise sur les plages de cet État du Sud.

Il s'est contenté de pelleter !

«On s'est réveillé dans la neige. C'est blanc partout. C'est rare que ça arrive, mais quand il neige ici, il n'y a pas grand-chose d'autre à faire qu'attendre », lance Kirk Muller à l'autre bout du fil.

Malgré ce coup fourré de la météo, la voix de Kirk Muller est enjouée. Teintée d'un sourire. De belle humeur.

« Les choses vont bien. La vie est belle », reconnaît d'emblée l'entraîneur- chef des Hurricanes de la Caroline.

En fait, les choses vont très bien. Forts de trois gains consécutifs et d'une fiche de huit victoires, quatre revers et une défaite en prolongation cette saison, ses Hurricanes débarquent à Montréal au premier rang de la division Sud-Est.

Rien n'est acquis pour les Canes, qui ont raté les séries lors des trois dernières saisons. Mais après une année à la barre de son équipe, Kirk Muller croit sérieusement aux chances de réussite de son club.

«Avec tous les changements apportés à notre club, le lock-out et l'absence de matchs préparatoires au camp d'entraînement ne nous ont pas aidés. Ça paraissait en début de saison. Mais avec la qualité des joueurs en place et de ceux qui se sont ajoutés, ce n'était qu'une question de temps avant qu'on se mette à gagner. Il ne reste qu'à garder le rythme.»

Accompagner sa soeur jusqu'à la fin

Si le lock-out qui a paralysé la LNH a eu des contrecoups négatifs pour l'entraîneur-chef des Hurricanes, il a été bénéfique pour Kirk Muller, l'homme, le fils, le frère.

Pendant qu'un bras de fer opposait la LNH aux joueurs, Muller est rentré à la maison Kingston, en Ontario pour accompagner sa soeur Sherry dans le dernier droit d'un combat inégal qu'elle livrait contre le cancer.

«Sherry a appris qu'elle était atteinte d'un cancer la journée de mon embauche comme entraîneur-chef des Admirals de Milwaukee, le 27 juin 2011. Son combat a été difficile. On l'a livré du mieux qu'on a pu. Sherry aimait Montréal et le Canadien. Elle était au Centre Bell lors de notre dernière visite - un gain de 5-3 des Canes, le 13 février 2011 - et elle est aussi venue en Caroline en fin de saison. Le lock-out m'a permis d'être à ses côtés jusqu'à la fin et d'appuyer ma mère - Annette Gaudreau - avec mes quatre autres frères et soeurs. Le cancer nous a enlevé notre père il y a quelques années. Cette deuxième épreuve a vraiment été pénible. Je suis toutefois heureux d'avoir pu être là autant physiquement que mentalement au lieu d'avoir la tête au hockey», m'a raconté Muller samedi.

Morte le 24 octobre, Sherry Muller aurait célébré ses 50 ans le 2 février dernier.

Comblé en Caroline

Une fois cette épreuve traversée, Kirk Muller est rentré en Caroline-du-Nord. Le lock-out qui s'est prolongé lui a alors permis de découvrir et d'apprivoiser une région qu'il qualifie aujourd'hui de chez-soi. Il faut dire qu'entre son embauche par les Hurricanes - le 28 novembre 2011 - et son retour de Kingston l'automne dernier, les secrets de Raleigh et de la Caroline-du-Nord du «Captain Kirk» se limitaient au PNC Arena, le domicile des Hurricanes, à l'aéroport et à quelques restaurants.

«C'est beau. C'est vert. C'est le paradis pour les sports universitaires et professionnels. Le climat est doux, si on oublie la neige de ce matin, et les gens savent profiter de la vie», explique Muller.

Les Hurricanes, dans tout ça? Ils demeurent les parents pauvres, derrière le NASCAR, le basketball, le football, le golf...

«C'est un autre bon côté du lock-out. Nous sommes revenus en janvier alors que le football, autant universitaire que celui de la NFL, était terminé. Nos foules sont donc plus qu'intéressantes. Ce n'est pas rempli tous les soirs, mais nous avons autour de 17 000 spectateurs par match. La compétition est féroce à l'automne. C'est vrai. Mais nous avons un noyau solide d'amateurs. En proposant une équipe gagnante, nous serons en mesure de revoir ces amateurs de sports dès le début de la saison prochaine. J'en suis convaincu», a conclu Kirk Muller.