Les chances que le sous-sol du Québec recèle des ressources pétrolières substantielles sont croissantes. Cette semaine, la société Pétrolia a fait savoir que le forage d'un puits dans la formation baptisée Bourque, en Gaspésie, a révélé «la présence d'un réservoir renfermant d'importantes quantités d'hydrocarbures». Pétrolia et d'autres entreprises d'exploration ont bon espoir que le potentiel pétrolier de la péninsule et de l'île d'Anticosti sera confirmé au cours des prochaines années.

Compte tenu des indices prometteurs, le Québec doit prendre, plus tôt que tard, quelques décisions cruciales. D'abord, il faut se demander si, oui ou non, nous voulons exploiter ces ressources. La réponse ne devrait faire aucun doute. Bien que tous souhaitent voir l'humanité tirer un jour le gros de son énergie de sources propres, les hydrocarbures continueront de dominer le paysage énergétique pendant encore des décennies. Cela étant, le Québec ne peut pas se permettre de rester assis sur une telle richesse.

Bien sûr, l'exploration et l'exploitation doivent se faire proprement et de façon à ce que la collectivité en profite le plus possible. Toutefois, d'ores et déjà, le gouvernement du Québec devrait affirmer sans ambiguïté sa détermination à encourager l'exploitation des ressources d'hydrocarbures de la province.

Cette décision initiale prise, Québec devra mettre en place les conditions de sa mise en oeuvre, notamment une loi sur les hydrocarbures. Le rôle des municipalités devra y être précisé, de façon à éviter le flou juridique qui a mené à l'affrontement auquel on assiste aujourd'hui entre Gaspé et Pétrolia.

Autre choix à faire: l'État québécois devrait-il investir dans les entreprises d'exploration et d'exploitation? Plusieurs le souhaitent, notamment la Coalition Avenir Québec, y voyant une façon d'inspirer confiance à la population et de maximiser les retombées financières pour la collectivité. Cependant, il faut être bien conscient que, pour les détenteurs de capital, l'exploration pétrolière est une entreprise à haut risque. Début 2011, l'action de Pétrolia valait 47 cents. En juillet, elle avait grimpé à 2,55$. Depuis, elle a glissé à 1,26$.

Enfin, il faut réfléchir à ce que nous ferons des revenus générés. Ayant négligé d'investir ses milliards intelligemment, l'Alberta se retrouve aujourd'hui dans une situation budgétaire difficile à la suite de la chute du prix du pétrole canadien. Les principaux partis québécois parlent de consacrer les redevances à la réduction de la dette. Excellente idée. Mais, le temps venu, les pressions seront fortes pour les employer à payer l'épicerie. Pouvons-nous nous prémunir contre cette tentation?