Après avoir fait le tour du pays en train, la Coupe Grey est finalement arrivée au Rogers Centre sur le coup de 16h, au terme d'une marche de quelques kilomètres au centre-ville de Toronto.

Dans sa quête visant à tisser des liens encore plus étroits avec ses partisans, la Ligue canadienne a eu l'idée de terminer la grande tournée de la Coupe Grey par cette marche. Une idée brillante. Une idée qui a moussé davantage le grand succès de sa 100e finale. Des milliers d'amateurs, massés le long du parcours de quelque quatre kilomètres séparant le stade Varsity de l'Université de Toronto du Rogers Centre, se sont échangé la coupe dans une chaîne humaine qui a paralysé une partie du centre-ville.

Pris au piège, les habitants de Toronto, comme ceux qui y ont élu domicile en fin de semaine, étaient loin de s'en formaliser. Vêtus, casqués, peints aux couleurs de leurs équipes, les partisans des Eskimos, des Riders, des Bombers, des Lions et des Tiger-Cats, et ceux, moins nombreux, des Alouettes et des deux équipes se croisant en finale, échangeaient des cris de ralliement en attendant de pouvoir bouger.

Santé retrouvée

Minée de toutes parts par des difficultés sur le terrain et à l'extérieur de celui-ci, la Ligue canadienne vivotait lorsqu'elle a passé le cap des 80 ans. Plusieurs croyaient d'ailleurs qu'elle ne s'en remettrait pas. Qu'elle rendrait l'âme.

La semaine de la Coupe Grey confirme toutefois que la LCF a repris des forces. Qu'elle est en bien meilleure forme, en bien meilleure santé qu'il y a 15 ou 20 ans.

Tout n'est pas parfait. La présence des Argonauts en finale de la Coupe Grey ne peut faire oublier leurs ennuis aux guichets. Les Tiger-Cats, leurs voisins de Hamilton, sont aussi chambranlants que le vieux stade Ivor-Wynne qui a été le théâtre de son dernier match plus tôt cet automne.

Il était temps...

Mais la saine gestion des équipes sur le plan des salaires - le plafond est de 4,35 millions par année, par équipe -, le dynamisme du commissaire Mark Cohon, l'agressivité affichée en ce qui concerne la mise en marché, le retour prochain d'Ottawa (en 2014) et la naissance d'un dixième club d'ici quelques années dans les Maritimes assurent la LCF d'un second souffle à l'aube de son deuxième centenaire.

Plus important encore, la LCF peut compter sur des partisans loyaux dont l'appui, surtout dans l'Ouest, a permis de traverser les années difficiles qui ont mis sa survie en péril. De fait, la frénésie constatée en fin de semaine démontre que la Ligue peut maintenant croire à ses chances de se rendre à 200 ans. Et de s'y rendre portée en triomphe par ses fans, au lieu d'être soutenue, comme c'était le cas il n'y a pas si longtemps.

Van Koeverden gâche la fête

Seule ombre aux festivités liées à la 100e Coupe Grey: les commentaires dégradants lancés par le kayakiste Adam van Koeverden lors du match de la Coupe Vanier, vendredi. Par l'entremise de son compte Twitter, van Koeverden, quatre fois médaillé aux Jeux olympiques et porte-drapeau de l'équipe canadienne à la clôture des Jeux d'Athènes en 2004 et à l'ouverture des Jeux suivants, à Pékin en 2008, l'ancien de l'Université McMaster a indiqué à ses quelque 17 800 amis qu'il détestait Québec et le Rouge et Or, avant de conclure en lançant «Fuck Laval». Cette insulte a fait le tour du pays plus rapidement que Frédéric Plesius se rendant au quart-arrière Kyle Quinlan des Marauders de McMaster. Adam van Koeverden a reconnu son erreur. Prétextant un débordement de partisanerie, van Koeverden s'est excusé mille fois plutôt qu'une à tous ceux, partisans de Laval, Québécois et autres Canadiens, qui l'ont condamné par l'entremise des médias sociaux.

Mais le mal est fait. Et non seulement ce mal porte ombrage à toutes ses médailles aux Jeux olympiques et au Championnat du monde, mais il réduit l'envergure patriotique de ce grand athlète.