La brise d'optimisme qui attisait l'espoir d'un règlement dans le conflit qui paralyse la LNH vient d'être renversée par des bourrasques de pessimisme. Des bourrasques qui soulèvent le spectre d'une annulation complète de la saison 2012-2013.

«J'aimerais t'assurer le contraire, mais l'annulation de la saison n'est plus une menace en l'air. C'est maintenant une forte possibilité», m'a confié un membre influent de la LNH croisé en début de soirée hier au Temple de la renommée du hockey à Toronto.

Respectivement commissaire de la LNH et premier directeur de l'Association des joueurs, Gary Bettman et Donald Fehr n'ont rien fait pour apaiser les bourrasques de pessimisme.

Officiellement, la Ligue et l'Association des joueurs ont décrété une trêve pour ne pas porter ombrage à l'intronisation des quatre nouveaux membres du Temple de la renommée. Dans les faits, les négociations sont dans une impasse complète.

Intercepté sur le tapis rouge avant la cérémonie, Donald Fehr a indiqué qu'aucune rencontre n'était prévue avec la Ligue. Il n'a fait aucun autre commentaire.

Quant à Gary Bettman, il a préféré la discrétion d'une porte de service au faste du tapis rouge pour faire son entrée au Temple hier. Une décision qui lui a permis d'éviter les journalistes.

Dans son allocution prononcée au milieu de la cérémonie, un discours aussi froid que l'accueil qui lui a été réservé, Garry Bettman a qualifié de «temps difficile» la situation actuelle.

Bien qu'il ait autant de charisme qu'une rondelle de hockey, Bettman est habituellement solide lorsqu'il prend la parole en public. Hier soir, il semblait un brin mal à l'aise. À moins qu'un changement imprévu soit survenu en fin de soirée, le commissaire devait rentrer à New York immédiatement après la soirée d'intronisation.

Parallèlement au bras de fer que se livrent Bettman et Fehr, la décision de Sidney Crosby de lorgner l'Europe a attisé le pessimisme qui régnait à Toronto hier.

Impasse complète

Malgré les quatre jours de négociations menées la semaine dernière à New York, les deux parties sont campées sur des positions difficilement réconciliables selon les informations obtenues à Toronto au cours des derniers jours.

L'Association des joueurs demeure inflexible en ce qui a trait au versement complet des salaires consentis aux joueurs. Ce refus de Donald Fehr est très mal perçu par la Ligue qui s'est montrée conciliante la semaine dernière en faisant des concessions totalisant plus de 200 millions.

Cette position de Fehr est aussi difficile à défendre si l'on considère que la dernière convention - convention que les joueurs voudraient voir reconduite - comportait déjà des retenues salariales placées en fidéicomie pour composer avec les fluctuations des revenus de la LNH.

De son côté, la Ligue tient mordicus à ses demandes selon lesquelles les salaires ne peuvent fluctuer de plus de 5% par année entre le début et la fin d'un contrat. Elle tient tout autant à ce que le salaire d'un haut salarié largué dans la Ligue américaine soit dorénavant comptabilisé sous le plafond imposé dans la LNH. Elle tient également à ce que le salaire d'un joueur échangé en cours de contrat et qui déciderait de prendre sa retraite avant la fin dudit contrat soit retourné à l'équipe qui s'est entendue initialement avec le joueur et comptabilisé sous le plafond.

Médiation?

Les optimistes qui anticipaient une reprise de la saison avant le début du mois de décembre parlent maintenant de la mi-décembre. D'autres optent plutôt pour janvier.

Il semble toutefois avoir consensus sur le fait que la Ligue n'attendra pas aussi longtemps qu'en 2004-2005 - le 16 février 2005 - avant de décréter l'annulation complète de la saison. Si elle doit se rendre jusque-là.

Dans les coulisses du Temple de la renommée hier, plusieurs personnalités influentes du monde du hockey et de la LNH camouflaient bien mal leur colère.

«C'est insensé ce qui se passe. On ne peut pas parler de négociations, mais bien plus d'une guerre entre deux philosophies. Pour régler un conflit, chaque partie doit accepter d'être insatisfaite sur certains points. Personne ne fait de concession en ce moment. Pis encore, il y a des gens actuellement autour de la table, et des deux côtés, qui n'ont pas d'affaire là soit parce qu'ils attisent les affrontements au lieu de chercher un compromis, soit parce qu'ils n'ont pas l'envergure pour mener à bien ces négociations», m'a indiqué un acteur important sous le couvert de l'anonymat.

L'idée d'avoir recours à un médiateur a refait surface au cours des derniers jours. Difficile de dire si cela aiderait. Mais il est évident que ça ne nuirait pas.