Le premier ministre canadien, Stephen Harper, entreprend aujourd'hui un séjour en Inde, aux Philippines et à Hong Kong. Cette visite illustre la volonté du gouvernement conservateur, après quelques années de tâtonnements, d'accroître les relations économiques entre notre pays et le continent qui sera la clé de la prospérité mondiale au cours des prochaines décennies.        

On parle déjà du «siècle de l'Asie». C'est dans ces pays que se forment les plus grandes villes du monde à la faveur d'une urbanisation massive. C'est là que des millions de personnes passent chaque année de la pauvreté à la classe moyenne. Aucun pays ne peut se permettre d'ignorer le développement de cet énorme marché.

Malheureusement, la prise de conscience du gouvernement Harper ne s'est pas encore répercutée dans la société canadienne. Les entreprises explorant le marché asiatique restent relativement peu nombreuses. Il en est de même pour les milieux scientifiques, éducatifs et culturels.

Cette indifférence collective s'explique en partie par le fait que le gouvernement a peu agi pour sensibiliser les Canadiens à l'importance de l'Asie. À cet égard, Ottawa pourrait avoir avantage à s'inspirer de la démarche du gouvernement de l'Australie. Celui-ci vient de publier un imposant livre blanc - Australia in the Asian Century - affirmant sans ambages que l'avenir du pays dépend des liens de toute nature qu'il tissera avec l'Asie. Le livre blanc est l'aboutissement d'une vaste consultation publique.

«La transformation de cette région en une puissance économique mondiale est non seulement impossible à arrêter, elle s'accélère, y écrit la première ministre, Julia Gillard. Notre pays a profité de l'appétit de l'Asie pour nos ressources naturelles. Notre défi, maintenant, est de profiter de ce dont les Asiatiques auront besoin dans l'avenir.»

Le défi est de même nature, mais plus grand encore pour le Canada, dont les liens avec l'Asie sont moins serrés. La tenue d'une réflexion nationale sur la question est d'autant plus nécessaire.

Les gouvernements provinciaux devraient participer à l'exercice. Alors qu'au Québec, on se demande s'il est nécessaire pour les jeunes francophones d'apprendre l'anglais, le gouvernement Gillard annonce que «tous les élèves australiens auront l'occasion, tout au long de leur parcours académique, d'apprendre une langue asiatique», notamment le mandarin.

La croissance des pays d'Asie connaîtra bien sûr des hauts et des bas. Mais, comme le soulignait récemment Dominique Barton, grand patron de McKinsey, «les forces qui animent cette croissance sont implacables.» Pour que le Canada soit en mesure de tirer son épingle du jeu, il faut plus que des voyages officiels. Il faut une stratégie.