L'amphithéâtre de Laval pour lequel le groupe evenko, branche spectacle du Canadien de Montréal, a obtenu le contrat de gestion, changera d'adresse.

Selon mes informations, la Place Bell, ce complexe évalué à 120 millions et où la direction du Tricolore aimerait voir évoluer son club-école aura pignon sur rue du côté est de l'autoroute 15. Elle sera construite sur un terrain vague, à proximité de la station de métro Montmorency, du cégep du même nom, du nouveau campus de l'Université de Montréal et de la salle de spectacle André-Mathieu.

Ce changement d'adresse devrait être confirmé au début du mois de novembre.

En fin d'après-midi hier, le maire Vaillancourt a décliné mon invitation à faire un commentaire. Mme Nadine Lussier, porte-parole de la Ville de Laval, a pris la relève. Sans confirmer le changement, elle a concédé que «plusieurs options étaient à l'étude et que les informations seraient confirmées en temps et lieu».

Malgré les perquisitions de la semaine dernière à l'hôtel de ville de Laval et chez le maire, Mme Lussier insiste sur le fait que «les dossiers qui étaient prioritaires avant les événements de la semaine dernière le sont toujours et que la Place Bell était un dossier important à l'agenda de la Ville».

Les informations obtenues sur le déménagement sont solides. Elles infirment des rumeurs laissant entendre que le projet était en péril en raison d'un financement insuffisant.

Les coûts de construction de 120 millions sont répartis comme suit: 46 millions proviennent du gouvernement du Québec; 20 millions de Bell, complétant ainsi son trio publicitaire avec le Centre Bell et le Centre d'entraînement de Brossard; et 12 millions d'evenko pour les droits de gestion de l'amphithéâtre. Les 42 derniers millions seront versés par la Ville de Laval.

Sol instable

Pourquoi avoir quitté le site initial du Carré Laval, un vaste terrain à l'ouest de l'autoroute 15, au sud du boulevard Saint-Martin, où se trouve le palais de justice de Laval?

Même s'ils savaient que le sol de l'ancienne carrière Lagacé devrait être décontaminé pour permettre la réalisation de ce projet, les responsables de la sélection de l'endroit se sont retrouvés devant un problème plus délicat: l'instabilité du sol.

Comme le relatait le collègue Francis Vailles dans La Presse le 5 juillet dernier, les sols acheminés au fil des ans vers le Carré Laval pour remblayer une partie de l'immense trou creusé dans le cadre des activités de la carrière Lagacé n'ont pas été compactés. Tel que rapporté par la firme A.B.S., dont les conclusions ont forcé la remise en question du projet, ces sols seraient donc trop instables pour accueillir un complexe de cette envergure. D'autant que la Place Bell était considérée, lors du lancement du projet par le maire de Laval Gilles Vaillancourt, comme un pôle d'attraction autour duquel viendraient se greffer d'autres projets immobiliers.

Comme ce fut le cas à Québec, alors que l'explosion des coûts liés à la décontamination du sol a forcé le déménagement du futur Colisée sur une autre portion du terrain d'ExpoCité, la Ville de Laval et ses partenaires dans le projet ont préféré changer d'endroit plutôt que de s'aventurer dans une décontamination et des travaux de renforcement du sol qui auraient pu engloutir des sommes importantes et imprévues.

Ouverture en 2014?

Dotée d'un amphithéâtre de 10 000 places, d'une deuxième patinoire de dimension olympique (on pourra y tenir des compétitions de patinage artistique et de patinage de vitesse courte piste) et d'une troisième glace mise à la disposition du hockey mineur lavallois, la Place Bell sera-t-elle prête comme prévu à l'automne 2014?

C'est encore possible. Mais improbable.

La Ville recevra des offres de qualification au cours des prochaines semaines. Les trois entreprises retenues au terme de ce premier processus de sélection répondront aux appels de propositions au début de 2013. L'entreprise qui obtiendra le mandat d'ériger la Place Bell pourra donner les premiers coups de pelle le printemps prochain. La durée des travaux devrait s'étendre sur une période variant de 18 à 24 mois, ce qui met en péril l'échéancier dévoilé en février dernier lors de l'annonce du projet.

La venue éventuelle du club-école du Canadien à Laval pourrait donc être retardée. Comme l'annonçait mon collègue Marc Antoine Godin, le propriétaire des Bulldogs Michael Andlauer a prolongé de trois ans le bail qui lie son équipe au Copps Coliseum de Hamilton. Toutefois, l'entente entre Andlauer et le Canadien prend fin le printemps prochain. Le Tricolore pourrait la prolonger pour un an, afin d'attendre la conclusion des travaux de la Place Bell avant d'installer son club-école sur la couronne nord.