À quel genre de performance doit-on s'attendre de la part de la Caisse de dépôt et placement du Québec pour le premier semestre de 2012, lequel a été marqué au fer rouge par la crise européenne des dettes souveraines?

À moins d'une mauvaise surprise, la Caisse devrait rapporter, compte tenu de ladite crise européenne, un très bon rendement. À la lumière de multiples indices financiers de référence, j'en arrive à la conclusion que le rendement global de la Caisse devrait atteindre les 5,0% pour cette tumultueuse période des six premiers mois de l'année.

C'est vraiment beaucoup quand on compare ce rendement à la performance des diverses caisses de retraite type, selon les différentes allocations d'actifs, telles les obligations, les actions canadiennes et les actions mondiales.

Des exemples de rendement de portefeuille rapportés par la firme Aubin Actuaire Conseil pour les six premiers mois de l'année. Le portefeuille type composé de 50% d'obligations et 50% d'actions (25% canadiennes et 25% étrangères) a procuré un rendement de l'ordre de 2,1%. Même rendement pour le portefeuille type sous-pondéré en actions (40% actions, 60% obligations). Le portefeuille surpondéré en actions (60% actions et 40% obligations) voit pour sa part son rendement atteindre 2,2%.

Pour sa part, les résultats préliminaires de Morningstar indiquent un rendement de 2,4% pour la catégorie des fonds «Équilibrés mondiaux neutres» et un rendement de 1,6% pour la catégorie des fonds «Équilibrés canadiens neutres».

Comme on peut le constater, les gestionnaires de portefeuilles équilibrés réussissent à boucler le premier semestre en légère hausse. C'est surtout grâce à la solide performance boursière des trois premiers mois de l'année. Cela leur a donné un coussin qui leur a permis d'éponger les pertes enregistrées lors du dernier trimestre, tout en affichant de légers gains.

Les gestionnaires de portefeuille ne l'ont vraiment pas eu facile lors du dernier trimestre allant d'avril à la fin juin. Lors de ce trimestre, toutes les places boursières ont enregistré des pertes relativement lourdes, et ce en dépit du redressement boursier de juin. Les reculs trimestriels ont varié de -2,8% pour Wall Street jusqu'à -7,1% pour les marchés émergents. Entre les deux extrêmes, on retrouve la Bourse canadienne qui présente une importante baisse de 5,7%.

Par conséquent, les portefeuilles équilibrés, comme ceux des caisses de retraite, sont tombés dans le rouge pour le trimestre d'avril à juin.

La mise au point trimestrielle étant faite, vous vous demandez sans doute comment l'équipe de Michael Sabia pourrait-elle, selon mes calculs, afficher un rendement de 5% pour les six premiers mois de l'année, soit le double de celui des caisses de retraite type?

Le «secret» de la performance de la Caisse de dépôt et placement du Québec résiderait dans la performance hors de l'ordinaire de deux de ses 15 portefeuilles spécialisés, soit le portefeuille «Immeubles» et le portefeuille «Placements privés».

Si ce portefeuille «Immeubles» a réussi à copier le rendement de l'Indice

Cohen & Steers Global Realty Majors il affichera un gain de 14,5% pour les six premiers mois de l'année.

Concernant le portefeuille de «Placements privés», le rendement serait encore plus élevé si le portefeuille rapporte un rendement similaire à celui du S&P Listed Private Index, soit 15,9% pour le semestre.

Notez que la Caisse n'utilisent pas ces deux indices de référence pour comparer sa performance à celles des secteurs concernés. Les indices de référence de la Caisse dans ces deux secteurs (Immeubles et Placements privés) ne sont pas accessibles au grand public!

Un autre portefeuille de la Caisse devrait présenter des gains importants . Il s'agit du portefeuille «Actions américaines», dont l'indice de référence (S&P 500) affiche une envolée de 9,6% pour les premiers mois.

Si nos projections de rendement de 5,0% s'avèrent exactes, cela laisse présager des gains de l'ordre de 8 milliards pour la Caisse, l'actif net passant de 159 à 167 milliards de dollars.

Lors d'un récent discours, Michael Sabia a laissé entendre que la Caisse allait privilégier trois secteurs au cours des prochaines années, soit celui des infrastructures (il se dit prêt à financer la construction du nouveau Pont Champlain), celui de l'immobilier qui offre de «très bonnes» occasions, et celui des placements privés.

Les fabuleux rendements que lui procurent l'immeuble et les placements privés lui donnent sans doute un solide appui... dans sa stratégie de vouloir privilégier la valeur intrinsèque des placements. M. Sabia mise sur «l'économie réelle». «Pas des mirages financiers», précise-t-il.Le PDG de la Caisse semble en avoir ras-le-bol des marchés boursiers. «On constate ainsi des hausses et des baisses consécutives sur des périodes de plus en plus courtes. Par exemple, au cours des 5 dernières années, il y a eu plus de jours avec de fortes fluctuations boursières qu'au cours des 20 années précédentes.»

Selon lui, les marchés boursiers souffrent de «court-termite» aiguë. «Une maladie résistante aux traitements, sans remède-miracle à court terme. Les marchés et les indices ne sont plus un gage de succès, ne sont plus une indication de valeur, mais davantage un facteur de volatilité.»

C'est vrai. Mais, il ne lui faudrait quand même pas rater la prochaine bulle boursière!