On a déjà vu d'autres étoiles technologiques filer. Celle de Sony (SNE) serait-elle en voie d'extinction?

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Hier, le cours de l'action de Sony a chuté au-dessous de 1000 yens (13,28$ CAN) à la Bourse de Tokyo, de retour à son niveau d'août 1980, un an après le lancement du lecteur de cassettes portatif Walkman. Le groupe, qui pèse tout de même encore 1000 milliards de dollars, a perdu plus de la moitié de sa valeur sur les marchés boursiers depuis un an.

Le groupe nippon souffre des mauvaises conditions économiques mondiales et cela ne s'arrange pas. «On a tout eu sauf les crapauds et la peste», a lancé le président sortant, sir Howard Stringer, qui tentait de justifier une quatrième année consécutive dans le rouge, ce printemps. Et de pointer tous les désastres subis: tsunami japonais, inondations thaïlandaises, piratage, envolée du yen et détérioration de la conjoncture en Europe.

Mais il y a plus encore. Sony peine devant une concurrence sud-coréenne féroce, avec des entreprises comme Samsung et LG Electronics, dans le rayon des téléviseurs notamment. La production de téléviseurs Sony est déficitaire depuis huit ans. Les divisions des films, de la musique et des cellulaires (Sony Ericsson) sont rentables, mais sont loin de suffire à éponger les pertes tirées des produits de consommation.

Au Japon, le titre est carrément déconseillé par 5 des 21 analystes qui le suivent. La grande majorité, soit 13, s'en tient à la recommandation «à conserver», tandis que 2 sont acheteurs. Ces derniers jugent le massacre boursier injustifié et blâment les vendeurs à découvert attirés par le seuil psychologique de 1000 yens.

Concurrence féroce

Des observateurs doutent de la capacité du géant fragilisé à affronter comme il se devrait un environnement mondial des plus incertains. Un contributeur du site financier Seeking Alpha note que le géant japonais n'a plus les liquidités suffisantes pour organiser un revirement crédible. Les entreprises de technologie, note Dana Blankenhorn, gardent beaucoup de liquidités et de placements à court terme pour les dépanner dans les mauvais moments et alimenter un revirement, lorsque nécessaire. Microsoft, par exemple, pourrait tenir quatre trimestres sur sa trésorerie, même si ses ventes tombaient à zéro. Cisco pourrait vivre pendant un an sur ses réserves.

«Lorsque l'argent commence à manquer, cependant, c'est un signe clair que nous ne parlons plus de revirement», indique M. Blankenhorn. Or, Sony déplore une perte nette historique équivalant à 5,85 milliards CAN pour l'exercice achevé en mars. L'entreprise n'a pas fait de profits depuis la présidence de George W. Bush. Confiante, elle a néanmoins augmenté son dividende de 8,6% dans les cinq dernières années, pour un rendement actuel de près de 2,5%.

À l'occasion de la présentation, en avril dernier, de son plan de redressement pour Sony, Kazuo Hirai, tout nouveau PDG, a promis de «rendre à l'entreprise sa gloire passée». Dans les grandes lignes, son plan consiste à repenser en profondeur l'unité des téléviseurs, s'étendre aux pays émergents et miser davantage sur l'innovation. M. Hirai, père de la console de jeu PlayStation, mise également davantage sur le commerce du jeu vidéo et des téléphones portables.

Le rival et compatriote de Sony, le groupe Panasonic, est lui aussi entraîné dans un mouvement infernal vers le bas. Il a cédé 2,3% à la Bourse de Tokyo vendredi, à 508 yens, se rapprochant du seuil des 500 yens. Lui aussi a dévissé de moitié en un an.