Vous êtes en train de planifier des vacances estivales aux États-Unis? Ou en Europe? Et vous vous demandez s'il vaut mieux acheter des euros ou des dollars américains immédiatement ou s'il est préférable d'attendre un peu plus tard? Simple question, comme vous dites, d'essayer d'en obtenir le plus possible pour vos huards!

Jouer à la devinette avec la fluctuation des devises est un sport extrême. Parlez-en aux négociateurs des grandes institutions financières et aux spéculateurs des marchés monétaires. Pour le commun des consommateurs qui cherche à échanger ses dollars canadiens au meilleur taux de change possible en vue d'effectuer un voyage à l'étranger, il ne faut pas virer fou avec ça.

Les sommes en jeu, même s'il s'agit de quelques milliers de dollars à échanger, sont trop modestes pour se mettre à «gosser» une fraction de cent par-ci par-là au fil des séances quotidiennes des marchés de change. Voilà pourquoi vous devez prendre votre décision aujourd'hui ou attendre la veille de votre départ.

À l'heure actuelle, le dollar canadien vaut 97,36 cents US. Il faut donc débourser 102,75 cents pour obtenir un dollar américain. Il y a à peine un an, le dollar canadien valait 1,05$ US. On compose donc avec une chute de notre devise de l'ordre de 7,3%.

Du côté de l'euro, il nous faut présentement verser 1,29$ pour l'acquérir. Il y a un an, l'euro nous coûtait 1,41$. L'appréciation de notre huard nous permet ainsi d'économiser 8,5% sur le taux de change de l'euro. Pendant ce temps-là, l'Américain, lui, doit débourser près de 1,26$ pour recevoir un euro. Il devait verser 1,34$US à pareille période l'an dernier.

La question de l'heure: au fil des prochains mois, le dollar canadien va-t-il s'apprécier davantage par rapport au dollar américain et à l'euro?

Vous ne serez pas surpris d'apprendre que l'évolution prochaine du taux de change est fortement tributaire de la conjoncture européenne.

L'élection du socialiste François Hollande, les élections en Grèce, la résistance aux plans d'austérité gouvernementale... voilà les principaux facteurs qui expliquent pourquoi l'incertitude européenne revient hanter les marchés financiers.

Et selon les prévisions des experts de Desjardins, François Dupuis (vice-président et économiste en chef) et son collègue économiste Hendrix Vachon, la situation en Europe devrait rester tendue au cours des prochains mois. Ils s'attendent notamment à de «houleuses négociations» entre les tenants de l'austérité et ceux de la croissance.

Le retour de l'incertitude économique en Europe a eu pour effet de faire rebondir le dollar américain. Il se donne de nouveau des airs de valeur refuge sur le marché des changes.

Au cours des 52 dernières semaines, l'euro a fluctué dans une fourchette allant d'un bas de 1,25$US et des poussières à un haut de 1,47$US.

Pendant cette même période d'un an, l'euro a fluctué dans une fourchette allant de 1,28$ canadien à 1,43$.

Par rapport à l'euro, on constate donc que le dollar américain et le huard canadien s'échangent tout près de leur plus haut niveau des 52 dernières semaines.

Pour voir le dollar américain gagner encore du terrain par rapport à l'euro, il faudrait que le portrait des finances publiques européennes se détériore davantage. Tout est possible, évidemment. Mais il serait tout de même surprenant que cela survienne.

Reste à déterminer maintenant si le dollar canadien, lui, peut gagner de la force par rapport à la devise américaine.

Comme la recrudescence des craintes liées aux dettes souveraines en Europe et son impact négatif sur l'économie mondiale risquent de se répercuter sur la demande pour nos ressources naturelles, on ne s'attend pas à un relèvement prochain du taux directeur de la Banque du Canada.

Conséquemment, le dollar canadien devrait rester sous la barre du 1,00$ US durant encore plusieurs semaines.

Somme toute, les vacanciers pourraient se permettre d'échanger présentement leurs dollars canadiens en euros ou dollars américains, et ce sans risquer d'y perdre.

Les analystes de Desjardins affirment que «le dollar canadien risque de passer plus de temps» sous le dollar US à court terme.

Toutefois, ils s'empressent d'ajouter que le dollar canadien «devrait cependant vite reprendre une tendance haussière et revenir au-dessus de la parité» quand les tensions se seront estompées et que les anticipations de resserrement monétaire referont surface au Canada.

D'ici la fin de l'année 2012, le dollar canadien, selon eux, devrait se négocier légèrement au-dessus de la parité avec le dollar américain. Face à l'euro, le dollar canadien devrait rester au beau fixe, ou presque.

Avis aux vacanciers qui vont échanger sous peu leurs dollars canadiens pour des devises étrangères: aux taux de change que l'on rapporte dans les médias, il faut ajouter un coût additionnel pour couvrir les frais de change des institutions financières.