À voir les Hurricanes tout contrôler en première période, je me disais que Jaroslav Spacek avait tenu promesse. Qu'il avait offert un gros cachet à ses coéquipiers en échange d'une victoire aux dépens du Canadien. Et lorsqu'il s'est porté à l'attaque pour doubler l'avance des siens en avantage numérique, Spacek m'a convaincu qu'il avait vraiment l'intention de payer la traite à ses chums.

Trop occupés à penser à ce qu'ils feraient de cette généreuse ristourne, les Hurricanes ont oublié qu'Erik Cole avait peut-être eu la même idée de l'autre côté.

De fait, Cole a sans doute doublé, au cours du premier entracte, la mise inscrite au tableau avant le match. Car rarement avait-on vu le Canadien aussi incisif cette année. Non seulement a-t-il inscrit trois buts sans riposte, mais pour la troisième fois seulement en 57 matchs, le Tricolore y est allé de deux buts en avantage numérique au cours d'un même match.

Mais voilà! Au lieu d'y aller de sa contribution - après tout, il a amorcé la saison en Caroline - Tomas Kaberle a tout gâché.

Le défenseur qui avait orchestré le but égalisateur en deuxième a perdu la rondelle lors d'une autre attaque massive en troisième. Non seulement s'est-il rendu responsable de ce revirement, mais il s'est fait ridiculiser par son ancien capitaine Eric Staal qui l'a contourné comme on contourne les cônes qui minent les routes du Québec permettant ainsi aux Hurricanes de niveler les chances.

Ce jeu a tout changé. Il a fait basculer le Canadien vers la défaite.

Et pendant que les partisans maudissaient Kaberle sur les réseaux sociaux, le directeur général des Canes Jim Rutherford se frottait les mains en se demandant comment diable son homologue Pierre Gauthier avait pu le débarrasser de ce joueur dont il regrettait non seulement l'embauche, mais surtout le contrat qui lui garanti 4,5 millions encore l'an prochain et dans deux ans...

Est-ce que c'est le Canadien qui a perdu? Est-ce que ce sont les Hurricanes qui ont gagné? Peu importe. C'est le résultat qui compte. Et ce résultat décevant, contre la pire équipe dans l'Est de surcroît, efface ce que le Canadien avait fait de si bien au cours de sa séquence de quatre gains de suite.

Ah oui: combien cette victoire des Hurricanes a-t-elle coûté à Jaroslav Spacek? Le défenseur s'est contenté de répondre qu'il lui restait suffisamment d'argent pour nourrir ses deux enfants. Considérant qu'il encaisse les derniers chèques du contrat de trois ans et d'une valeur de 11,5 millions que le Canadien lui a offert il y a trois ans, les joueurs des Hurricanes pourront quand même se payer une méchante virée...