Dans un mémoire rendu public par la FPJQ (Fédération professionnelle des journalistes du Québec) sur son site internet, La Presse et notre cahier Affaires se font carrément dénigrer. Personnellement, je fais l'objet de diffamation alors qu'on m'accuse de donner illégalement des conseils de placement. Et au nombre des «experts» consultés, Gérald Fillion, l'animateur vedette de l'économie à Radio-Canada, nous matraque de commentaires désobligeants.

La charge contre La Presse Affaires est tirée du mémoire de maîtrise en communication de l'UQAM qu'a rédigé Stéphane Desjardins, journaliste et directeur adjoint au Canal Argent, de Groupe TVA. Titre du mémoire: «Le retard de Montréal sur Toronto en matière de journalisme économique». Le coeur de ses conclusions est tiré d'une série d'entrevues avec 17 «experts», où il compare les sections affaires de La Presse et du Globe and Mail.

Le directeur du mémoire de M. Desjardins est Gaëtan Tremblay, professeur à l'unité des médias de la faculté de communication de l'UQAM. Autre professeur de la même unité des médias concerné dans l'encadrement de ce mémoire: Antoine Char.

Commençons par l'accusation dont je suis victime.

Dans une section du mémoire (p. 68, L'opinion) où on reproche à La Presse son nombre de chroniqueurs et la «vedettisation» de l'information, l'auteur du mémoire écrit:

«En somme, il faut revenir à la base journalistique. D'autant plus que certains considèrent que les dérapages se multiplient dans les médias québécois. Ils citent en exemple le chroniqueur Michel Girard. «Il donne souvent des conseils de placement. C'est illégal!», dénoncent plusieurs experts.»

Oui! je donne souvent des conseils de placement dans mes chroniques. Non, ce n'est pas illégal en vertu de la Loi sur les valeurs mobilières. Qui plus est, ma série de fascicules Vos finances personnelles m'a même valu en 2001 le Prix carrière de journalisme économique et financier de l'Association des économistes québécois.

J'ai demandé par courriel à l'auteur du mémoire, Stéphane Desjardins, avec copie conforme à ses professeurs-superviseurs de l'UQAM, de me dire qui, parmi ses 17 «experts» consultés, portaient une si grave accusation contre moi. Je n'ai pas eu de retour de courriel.

À la suite de cette accusation, j'ai demandé à l'Autorité des marchés financiers (AMF) de se pencher sur mon cas, et je lui ai fait parvenir le texte de l'accusation formulée dans le mémoire de M. Desjardins.

Après m'avoir dit «dormez sur vos deux oreilles, vous n'êtes aucunement en illégalité!», le porte-parole de l'AMF, Sylvain Théberge, m'a fait suivre le texte de loi qui dispense les journalistes de l'obligation d'inscription à titre de conseiller.

Il s'agit de l'article 8.25 du Règlement 31-103. Voici l'extrait portant sur la dispense en question.

«L'article 8.25 du règlement prévoit une dispense de l'obligation d'inscription à titre de conseiller lorsque les conseils ne visent pas à répondre aux besoins particuliers du destinataire. En général, nous considérons que les conseils portant sur des titres particuliers ne visent pas à répondre aux besoins particuliers du destinataire lorsqu'ils remplissent les conditions suivantes:

> ils consistent en une analyse générale des qualités et des risques associés aux titres;

> ils sont fournis dans des bulletins d'information sur l'investissement ou des articles de journaux ou de magazines à grand tirage ou encore au moyen de sites web, du courriel, de sites de clavardage, de babillards électroniques, à la télévision ou à la radio;

> ils ne prétendent pas répondre aux besoins ou à la situation d'un destinataire en particulier.»

Revenons aux propos diffamatoires rapportés contre moi, et par ricochet contre La Presse. Étant rapportés dans un mémoire chapeauté par l'Unité des médias de la faculté de communication de l'UQAM, et ce sous la supervision de deux professeurs universitaires, ces propos diffamatoires méritent une rétractation en règle et des excuses...

Fillion commente

Par ailleurs, les commentaires les plus désobligeants sur La Presse ont été émis par Gérald Fillion, de Radio-Canada, que l'auteur du mémoire décrit comme suit: «Gérald Fillion est une vedette de l'information et le journaliste économique le plus connu au Québec.»

Premier commentaire cinglant. Lors de l'attribution, en janvier 2007, des prix Merrill Lynch/Caisse de dépôt et placement de journalisme économique, l'ancien cadre de la rédaction du journal Les Affaires, Serge Therrien, a affirmé que lorsqu'il veut savoir ce qui se passe dans La Presse d'aujourd'hui, il n'a qu'à lire le Globe and Mail de la veille! «Je suis d'accord avec lui», affirme Gérald Fillion, dans le mémoire.

«La Presse a mis beaucoup l'accent sur l'infographie. Ils ont de bons dossiers, mais on n'apprend pas énormément», ajoute M. Fillion. Il critique les chroniqueurs. «La Presse publie jusqu'à huit chroniques par jour.»

«Il faut susciter l'intérêt en fonction de la nouvelle. C'est bien beau les opinions, la belle infographie, les gros titres, mais ça prend autre chose: de la profondeur», dit Gérald Fillion.

Parlant de profondeur, que le journaliste vedette de Radio-Canada se rassure.

Il y avait huit reporters de La Presse Affaires (dont 3 gagnants) parmi les 15 finalistes qui étaient en nomination la semaine dernière lors du dévoilement des lauréats des Prix de journalisme économique et financier de l'Association des économistes québécois.