On sait que les chances de gagner sont minces lorsque Tomas Kaberle est le meilleur joueur de l'équipe après deux périodes et qu'en plus, c'est dans l'aspect défensif de son jeu que cet arrière qui n'a rien de rassurant en défense s'illustre le plus. Quoi ? Vous dites qu'après deux périodes, le Canadien était encore dans le coup. Que le score était 1-1 et qu'il n'y avait pas trop de raisons de s'inquiéter. Je vais vous en donner, des raisons: le Canadien était dominé 29-15 au chapitre des tirs au but.

Il était dominé de façon aussi nette au chapitre des occasions de marquer et aussi du temps de possession de la rondelle. Car après deux périodes, les Sabres avaient tenté 59 tirs et le Tricolore, 28. Pas besoin de s'appeler Monsieur BIT pour conclure que si les Sabres ont pu tirer aussi souvent, c'est parce qu'ils avaient la rondelle plus souvent. Et s'ils avaient la rondelle plus souvent, c'est parce qu'ils patinaient plus vite, qu'ils bataillaient plus fort, qu'ils passaient des paroles aux actes sur la patinoire au lieu de faire comme les joueurs du Canadien et de se contenter de belles paroles dans le confort du vestiaire.

Car sur la glace, le match d'hier a permis de confirmer une réalité qu'on a trop souvent dénoncée: quand c'est difficile, quand il faut se battre pour aller marquer des buts, le Canadien perd. Il perd parce que les quatre ou cinq joueurs qui se donnent corps et âme peu importe l'allure du match sont abandonnés par les autres qui s'éclipsent quand ça devient trop difficile.

Est-ce que j'ai déjà oublié la victoire de 7-2, mercredi dernier? Pas du tout. Mais ce n'était que de la poudre aux yeux. Pourquoi? Parce que ce match, il a été facile à gagner. Les Wings ne se sont pas présentés, leur gardien a fait cadeau d'un but, peut-être deux, et une fois en arrière, les gars de l'autre bord se sont mis en mode «pause du match des Étoiles» et le Canadien a bien paru. Comme il avait bien paru devant les Rangers, les Flyers et les Bruins, qui n'ont pas offert de résistance. Mais hier, contre des Sabres qui voulaient plus battre le Canadien que le Canadien voulait gagner, vos petits gars n'en ont pas fait assez.

Bon! Il serait injuste de ne pas reconnaître qu'en troisième période, une fois en arrière 2-1, le Canadien a ouvert la machine. Qu'il n'a pas mis un genou au plancher, mais s'est battu pour se sortir des câbles. Mais quand on passe la soirée dans les câbles, on perd plus souvent qu'on gagne. On l'a vu encore hier...