On prend sans s'en apercevoir l'habitude de lire les chroniques nécrologiques. Pas celles de Monsieur Tout-le-monde, je n'en suis pas là. Celles-là sont ennuyantes: tous les défunts étaient des gens qui aimaient la vie, qui souriaient toujours, qui étaient toujours prêts à aider les autres, et mosusse qu'ils vont nous manquer! Tous.

Je ne connais pourtant pas beaucoup de personnes vivantes qui correspondent à cette description.

Je suis plus accro des semi-anonymes, des gens qui ont vécu des vies intéressantes sans être célèbres. Les journaux anglophones sont plus portés que nous sur ce type de chronique. Le New York Times a réussi à en faire une page très passionnante.

Bill Mardo n'est plus, ai-je lu il y a quelques jours. Je n'avais jamais entendu ce nom.

Il était pourtant un journaliste qui, dans les années 1940, tenait la chronique de sport du Daily Worker, un journal du parti communiste. C'était avant que le Sénateur Joe McCarthy ne se mette à persécuter les communistes. Chez nous, Maurice Duplessis et le clergé ont fait la job.

Bill Mardo est renommé - mais pas tellement - pour sa croisade contre la ségrégation au baseball majeur. Bien avant Jackie Robinson, il dérangeait tout le monde. La presse mainstream ne parlait jamais de ces sujets.

Quand Branch Rickey et les Dodgers de Brooklyn ont embauché Jackie Robinson, Mardo s'est rendu au camp d'entraînement des Royaux de Montréal, en Floride, et a raconté toutes les manifestations de racisme dont Robinson était déjà victime. Le Daily Worker a ensuite écrit à toutes les équipes du baseball majeur pour les implorer d'imiter les Dodgers.

Il semble que le monsieur n'était pas commode. Il a reproché à Branch Rickey d'avoir attendu 22 ans avant d'embaucher un joueur noir et de l'avoir fait par opportunisme. Le genre de reporter poil à gratter...

Mardo a aussi travaillé pour l'agence de presse soviétique Tass au début des années 1950. Il jouait avec le feu, car la chasse aux sorcières communistes se préparait.

Son vrai nom était William Bloom, il était né à Manhattan et avait choisi le nom de plume Mardo en jumelant le nom de ses soeurs, Marion et Doris. Les noms de plume non plus ne se voient plus en journalisme, du moins rarement.

Bill Mardo est décédé à 88 ans le 20 janvier dernier. Il était atteint de la maladie de Parkinson.

Je ne sais pas ce que j'aurais donné pour avoir une longue conversation avec lui...

Low profile

On ne m'écoute jamais, même si je noircis des pages de journal sans arrêt depuis une éternité. C'est parfois frustrant.

Le maire Labeaume, par exemple, se serait évité la flèche que Gary Bettman a lancée en sa direction s'il l'avait joué plus low profile, comme je le lui ai écrit plusieurs fois. Faut le voir arriver devant les caméras avec son gros rire gras et faire la leçon à tout le monde. Bettman est ses sbires ne sont pas du genre à apprécier.

Je sais bien qu'un maire Labeaume low profile ne serait pas le maire Labeaume, mais pour l'amour des Nordiques, il pourrait se faire un peu plus discret, montrer un peu de retenue, attacher son ego... Pour la bonne cause.

Mais la nouvelle la plus étonnante en provenance de Québec dernièrement est l'annulation des cérémonies d'ouverture du Carnaval, pour cause de mauvais temps. J'en étais estomaqué.

Soit il faisait vraiment mauvais, soit mes amis québécois deviennent un peu moumounes avec le temps...

Est-ce que je me trompe, Jérôme, toi qui n'hésites jamais à me traiter de moumoune? Et toi, Martin? Et Georges, qui a fui à Buenos Aires pour cinq - CINQ! - semaines? Marc?

Dites-moi que ce n'est pas vrai!

Vision porteuse

En vrai Montréalais, je suis de près les efforts pour faire du Parc olympique un agréable lieu public, un parc urbain ouvert à tous...

J'ai reçu hier un communiqué du Conseil québécois du loisir qui nous parlait de «vision porteuse d'avenir» ...

Quand ça commence à causer de cette manière, je deviens inquiet.

La capitale du hockey

Mes perruches, Céline et René, sont épuisées. Je les comprends, elles ont travaillé dur dernièrement. D'abord, le Salon de l'amour et de la séduction, il y a quinze jours, à la Place Bonaventure, où leur kiosque de bidules érotiques a fait fureur. Elles nous en ont d'ailleurs rapporté quelques-uns. Dans certains cas, il faut lire attentivement les instructions.

Et puis, le week-end dernier, à la même Place Bonaventure, le Salon de la mariée, un rendez-vous incontournable.

Vous y étiez? Je ne vous ai pas vus...

Rocket, mon vaillant poisson rouge, va moins bien. Il est toujours ébranlé par un documentaire sur les kangourous happés par des voitures sur les autoroutes d'Australie. Un massacre. Rocket en a fait des cauchemars. Je regrette de l'avoir laissé veiller ce soir-là.

Le problème avec les kangourous, comme vous savez, c'est qu'ils se reproduisent trop. Mais bon.

- Allez, Rocket, accroche un sourire à ton visage, le CH revient au jeu aujourd'hui.

- Le CH devrait perdre tous ses matchs pour obtenir un premier choix au repêchage...

- Voyons, ça ne se fait pas à Montréal, la capitale mondiale du hockey. Personne ne l'accepterait. Guy Lafleur l'a dit.

- Tu vis dans le passé, mon grisonnant ami. Montréal n'est plus la capitale du hockey depuis un bon bout de temps. Tu rêves. Et le CH est un club minable qui n'est pas près de retrouver sa gloire passée. Et puis il n'y a plus de joueurs fiers comme Guy Lafleur... Quel âge a-t-il?

- À peu près le mien...

- Voilà.

Photo: AP

Quand Branch Rickey et les Dodgers de Brooklyn ont embauché Jackie Robinson, le journaliste Bill Mardo s'était rendu au camp d'entraînement des Royaux de Montréal, en Floride. Il a raconté toutes les manifestations de racisme dont Robinson était déjà victime.