En ce samedi de la Guignolée du Dr Julien, j'en appelle à la bonté des Québécois pour faire mentir les statistiques fiscales sur les dons de charité, lesquelles nous font passer pour les plus radins du Canada.

La fondation du bon Doc Julien a bien besoin de nos dons depuis la décision de la Fondation Chagnon de ne plus verser d'aide directe à ses services de pédiatrie sociale. On parle ici d'un manque à gagner de quelque 400 000$ par année.

La Fondation Lucie et André Chagnon préfére maintenant soutenir la pédiatrie sociale par l'entremise d'Avenir d'enfants, un organisme co-financé par elle et le gouvernement du Québec. L'organisme finance ainsi un projet «Acquisition et transfert des connaissances en pédiatrie sociale en communauté», lequel projet est, heureusement, parrainé par la Fondation du Dr Julien. «Il s'agit de formation universitaire, formation continue des professionnels et sensibilisation des communautés, parents et partenaires, explique l'organisme. D'une durée de trois ans, le soutien offert s'élève à 1,5 M$.»

C'est très bien, ce projet de financement des connaissances. Mais cela n'apporte pas un cent au réseau de centres de pédiatrie sociale mis sur pied par l'équipe du Dr Gilles Julien. Heureusement, dit-il, que le ministre de la Santé Yves Bolduc se montre réceptif aux besoins financiers de la Fondation en lui versant une aide directe.

Comme nouveau défi, le Dr Julien espère réussir à convaincre la haute direction du Mouvement Desjardins de s'impliquer davantage (financièrement parlant) dans l'ouverture de nouveaux centres de pédiatrie sociale à travers les régions du Québec.

Pour pouvoir poursuivre sa mission d'offrir des services à plus de 2000 enfants issus de milieux vulnérables chaque année, le Dr Julien compte évidemment sur la grande guignolée d'aujourd'hui, et l'appui de l'émission de Joël Le Bigot (Samedi et rien d'autre), pour essayer de ramasser un million de dollars de dons, comme ce fut le cas l'an dernier.

Cheaps?

Selon les données fiscales de 2010 compilées par Statistique Canada, imaginez-vous que les Québécois arrivent... dernier dans la compilation du montant des dons de bienfaisance per capita, avec une somme de 136$.

Face à l'ensemble des Canadiens, on fait vraiment figure de "cheaps", le montant des dons par tête de Canadien s'élevant à 337$. L'Albertain se classe en tête avec un don de 547$, quatre fois plus élevé que nous. Il est suivi du Manitobain (436$), du contribuable de la Colombie-Britannique (398$) et de l'Ontarien (395$).

Sur les 8,3 milliards de dons que les Canadiens ont déclarés en 2010, à peine 10% (822 millions) proviennent des Québécois. Ce qui est nettement en-deça de notre poids économique (20%) et démographique (23,1%) dans l'ensemble du Canada.

Au chapitre des statistiques portant sur les dons versés aux oeuvres de bienfaisance et aux organismes agréés qui émettent un reçu officiel aux fins de deductions, le Québec arrive régulièrement en queue de peloton de la générosité.

Sommes-nous "cheaps" à ce point? Je ne le crois pas.

Selon un récent sondage Léger Marketing effectué pour le compte de H&R Block Canada, les Québécois sont "les moins enclins à réclamer leurs dons de bienfaisance" à titre de déductions pour dons de charité.

"Près d'un tiers disent ne jamais demander de reçu d'impôt quand ils font un don."

Conséquemment, ces dons ne sont pas compilés dans les statistiques fiscales puisqu'ils ne font pas l'objet de déductions.

Crédits

Puisque le système fiscal permet justement de redonner une "ristourne" aux donnateurs, aussi bien en profiter. Si ça vous gêne de recevoir les déductions fiscales, je vous recommande de redonner lesdites déductions à l'oeuvre de charité de votre choix. Comment? En augmentant sensiblement votre don.

Exemple: vous désirez donner 1000$ nets.

Les premiers 200$ donnent droit à des crédits d'impôt de 12,88% (15%, moins abattement fiscal) au fédéral (25,77$) et de 20% au provincial (40,00$), pour un sous-total de 65,77$.

Les 800$ autres dollars de dons procurent des crédits de 24,9% (29% moins abattement fiscal) au fédéral (199,20$) et de 24% au provincial (192,00$). Sous-total: 391,20$

Crédits totaux pour les 1000$ de dons: 456,97$.

La recette pour sortir de vos poches 1000$ nets? Il vous suffit de verser des dons pour une somme totale de 1900$. Les crédits d'impôts que vous recevrez s'élèveront à 897$, pour un débours net de votre poche de 1003$.

Dans le cas d'une sortie de fonds de 500$ nets, vous pouvez investir 920$. Les crédits d'impôts que vous recevrez s'élèveront à 418$, soit 205$ du fédéral et 213$ du provincial. Ainsi sur un don de 920$, le débours net de votre poche s'élèvera à 502$.

Sachez par ailleurs que le montant total des dons à des oeuvres de charité est annuellement assujetti à un plafond égal à 75% de notre revenu net. Le plafond des dons grimpe à 100% de notre revenu net lors des deux dernières années de notre vie.

Il existe bien des façons de se montrer généreux envers les organismes de charité. Outre les dons en argent, il est possible de leur transférer des actions, des parts de fonds communs de placement et autres valeurs mobilières sur lesquelles on a accumulé des gains en capital. L'avantage pour le donnateur? Il évitera de payer de l'impôt sur le gain en capital accumulé sur ces valeurs, tout en obtenant les crédits d'impôt pour dons de charité.

Dans le cas des titres perdants, on a le choix de les transférer à l'organisme de charité ou de les vendre nous-mêmes, pour ensuite effectuer notre don. Fiscalement, c'est du pareil au même.

Dans le cas des conjoints, il est recommand de regrouper leurs dons entre les mains d'une seul réclamant, simple question de bénéficier au maximum de la portion élevée des crédits d'impôt fédéral et provincial. La date limite pour effectuer des dons et en réclamer les deductions en cette année 2011: le 31 décembre prochain.Dernier point: la déduction de nos dons est reportable sur une période de cinq ans.