Ma chronique «Orbite revient sur terre» a mis en rogne des actionnaires et des courtiers. Ils n'ont guère aimé que je mette en évidence les généreux blocs d'options que les administrateurs du conseil d'administration de la société se sont récemment accordés, à eux-mêmes ainsi qu'aux hauts dirigeants...

Plus précisément, ils n'ont pas apprécié que je révèle l'attribution de ces blocs d'options alors que la société venait de dévoiler une «évaluation économique préliminaire favorable» pour son projet d'usine d'alumine métallurgique dans la région gaspésienne. Une étude qui donnait au projet une valeur de 7,7 milliards de dollars avec un taux de rentabilité interne de 114% et un retour sur l'investissement inférieur à un an.

Tout le monde qui gravite autour d'Orbite Aluminae (ORT), des dirigeants aux actionnaires, en passant par les courtiers et les firmes de courtage qui participent au financement de l'entreprise, comptait sur le dévoilement de la fameuse étude pour voir le titre de l'entreprise s'envoler au-delà de la stratosphère.

Entre le moment où la direction a annoncé (25 novembre) la journée du dévoilement de l'étude et le matin dudit dévoilement (mercredi 30 novembre), le titre a bondi de 2,52$ à 3,81$, pour une hausse de 51%.

Puis, il s'est rapidement dégonflé, fermant le vendredi (2 décembre) à 2,89$, en baisse de 24% par rapport au haut de mercredi matin. Il végète actuellement autour de la barre des 2,80$.

Dans ma chronique de lundi, j'expliquais le refroidissement soudain des investisseurs envers la grosse nouvelle d'Orbite par une certaine méfiance (à tort ou à raison) envers les dirigeants de la société (et leurs millions d'options) et des fortes recommandations d'achat de certaines firmes de courtage qui participent au financement de l'entreprise.

«De toute évidence, me reproche Pierre T., vous ne connaissez rien à la Bourse quand vous dites que les investiseurs ont de la méfiance envers Orbite. Bien au contraire, c'est une des rares directions qui respecte tous ses engagements.»

«Le titre d'Orbite, m'explique-t-il, est passé de 2,55$ à 3,81$ en deux jours. Plusieurs investisseurs ont encaissé leurs profits et, par la suite, des investisseurs ont commencé à shorter l'action (vendre à découvert) pour la faire descendre à 2,84$, pour un profit à chaque annonce d'Orbite.»

«Tout connaisseur de la Bourse sait très bien qu'on ne juge pas la direction d'une compagnie selon la valeur de l'action et de ses mouvements à la Bourse. Je ne serais même pas surpris d'apprendre que vous n'investissez pas à la Bourse.»

Conclusion de monsieur T.: «Quand nos connaisances de la Bourse sont nulles, on se ferme la trappe!»

Pour Jacques C., ex-courtier dit-il, c'est «affreux» ce que j'ai écrit sur sur la direction d'Orbite. «Il est normal que des dirigeants aient des options dans orbite. Nomme-moi des compagnies à la Bourse qui n'ont pas d'options sur leur stock.» Parenthèse: ma critique portait sur le moment choisi pour accorder les options, à un mois et demi avant l'annonce.

Selon Jacques C., toutes les études et rapports d'analyse produits sur Orbite sont grandement crédibles.

Quand des firmes investissent dans l'entreprise, ça ne trompe pas, laisse-t-il entendre. Il fait un parallèle entre le potentiel boursier d'Orbite et une entreprise de New York qui s'échange aujourd'hui à 70$ après être partie de rien...

«Je crois que tu critiques Orbite sans savoir de quoi tu parles», me reproche-t-il.

Un courtier, André S., m'a appelé, lui, pour tout simplement vanter le potentiel du projet d'usine d'Orbite et surtout le sérieux de l'étude laissant entendre que ça valait 7,7 milliards de dollars. Il ne comprenait pas pourquoi le projet d'Orbite ne m'emballait pas...

Autre son de cloche. Un lecteur se demande comment il se fait que les autorités des marchés financiers (comme l'AMF, la CVMO, etc.) puissent permettre à des firmes de courtage de faire des recommandations d'achat sur des entreprises avec lesquelles elles ont participé à un récent financement public.

Comme apparence de conflits d'intérêts, notre lecteur a pleinement raison de s'inquiéter du degré de tolérance de nos chiens de garde de la Bourse envers de telles recommandations d'achat.

Voilà pourquoi je surveille les promoteurs... de titres.