Si Jacques Martin a refusé de qualifier Erik Cole de sauveur, on se demande quel qualificatif il trouvera pour Petteri Nokelainen, que le Canadien a obtenu hier des Coyotes de Phoenix.

Le Finlandais de 31 ans a été échangé presque aussi souvent qu'il a été blessé sérieusement. Le Canadien est sa cinquième équipe en carrière dans la LNH...

Nokelainen est meilleur qu'Andreas Engqvist. C'est ça de gagné. Il pourra occuper une plus grande place au centre du quatrième trio. Mais pas plus haut.

Autre petit pion dans les chambardements d'hier, Michael Blunden devrait être plus utile au Canadien qu'Aaron Palushaj, qui a pris la direction de Hamilton en compagnie d'Engqvist.

Le nez dans le plafond

Pierre Gauthier s'est contenté de bien peu, lancent les partisans depuis l'annonce de cette transaction. Ils ont raison.

Mais Gauthier a les mains liées. Il n'a pas la marge nécessaire sous le plafond salarial pour une embauche importante. Pour obtenir cette marge, Gauthier serait obligé de toucher à des joueurs importants. Ou à des gros salariés. C'est selon!

Il pourrait placer le nom d'Andrei Markov sur la liste des blessés à long terme afin de soustraire son salaire de 5,5 millions de la masse. Une décision qu'il pourra prendre seulement lorsqu'il sera fixé sur les chances de revoir Markov avant les Fêtes, ou avant la fin de la saison.

Il pourrait offrir Scott Gomez au ballottage et l'envoyer ensuite - vous ne croyez quand même pas qu'il serait réclamé - à Hamilton. Il faudrait l'accord des frères Molson, qui devraient quand même lui verser ses 7,5 millions, même si cette fortune était ensuite soustraite de la masse salariale de l'équipe.

Il pourrait échanger un de ses autres gros salariés: Cammalleri (6 M), Plekanec et Gionta (5 M), Cole (4,5 M), Spacek (3,8 M) ou Kostitsyn (3,25 M), pourvu qu'ils acceptent de lever les clauses de non-mouvement associées à leur contrat.

Mais parce qu'il jongle avec des 25 cents comme il est condamné à le faire s'il ne touche pas à ses «gros» joueurs, Pierre Gauthier doit se contenter de les remplacer par des 30 sous! Et ça donne ce que ça donne...

Darche, Cole et l'attaque à cinq

Si on ne sait pas trop ce que Nokelainen pourra donner au Canadien, une chose est claire: il n'a encore jamais marqué en avantage numérique en 194 matchs dans la LNH. Il ne pourra couper du temps d'utilisation à cinq contre quatre à Erik Cole. Si jamais les entraîneurs du Canadien décident de lui en offrir...

Les lacunes du Canadien en attaque à cinq - zéro en quatre samedi - montent en épingle la polémique entourant l'utilisation de Mathieu Darche alors que des attaquants plus «talentueux» sont confinés au banc.

Avec ses 3:12 sur la patinoire à cinq contre quatre et même à cinq contre trois, Darche a été plus utilisé que Max Pacioretty (2:20), Andrei Kostitsyn (2:16), David Desharnais (2:00) et Lars Eller (12 secondes). Quant à Erik Cole, il n'a pas profité d'une seule seconde en supériorité numérique.

Un brin ou deux irrité par les questions répétitives reliées à l'utilisation de Cole en attaque massive, Jacques Martin a riposté samedi. À la jeune journaliste de la station TSN 990 qui était visiblement en mission pour obtenir des réponses aux questions «plantées» par des animateurs qui profitaient d'un samedi de congé, il a demandé combien de buts Cole avait marqués en attaque à cinq l'an dernier en Caroline.

Comme la réponse est trois, le coach du Canadien a ajouté qu'il était important de faire ses devoirs avant de poser ce genre de question. Il a aussi ajouté que les décisions reliées à l'utilisation des joueurs lui revenaient.

Sur ce point, il a parfaitement raison.

Mais il a oublié de dire que Mathieu Darche en affiche seulement trois lui aussi - en 196 matchs en carrière. C'est quand même 40 de moins que Cole en 627 parties depuis son entrée dans la LNH.

Cole aurait-il mieux fait que Darche samedi? Personne ne le sait. Mais comme le nouveau venu du Canadien disputait son meilleur match de la jeune saison, il aurait été intéressant de lui donner la chance d'y arriver. Max Pacioretty et Andrei Kostitsyn auraient aussi été des menaces offensives bien plus dangereuses que le valeureux Québécois. Sans oublier Lars Eller, qui commence à jouer du bon hockey.

L'histoire se répète

Cela dit, il n'y a pas lieu de se «couper les veines», comme le disait parfois le coloré Pat Burns, avec les déboires de l'attaque massive.

Le début de l'année ressemble en effet étrangement à celui de l'an dernier.

Vous avez déjà oublié? L'attaque à cinq du Canadien n'avait marqué qu'un but en 24 occasions après sept matchs (4,1%) à l'automne 2010. C'était donc pire que les deux buts marqués en 29 occasions après sept matchs cette année (6,9%).

On ne sait pas ce que réserve au Canadien la semaine ardue - Floride, Philadelphie et deux fois Boston - qui s'annonce. C'est un fait. Mais ce pourrait difficilement être pire que l'an dernier. Car après 14 matchs, le Canadien ne comptait que trois buts en 47 avantages numériques (6,38%).

Le Tricolore avait ensuite explosé avec huit buts en 23 occasions dans ses quatre matchs suivants.

Il y a donc de l'espoir! Du moins un peu...

Photo: Bernard Brault, La Presse

Que réserve aux joueurs du Canadien la semaine qui s'annonce?