Les bagarreurs de la LNH tombent comme des mouches et la machine à images de la LNH fonctionne au maximum pour limiter les dégâts. Malheureusement, les médias se font facilement complices.

Je connais bien le milieu et ses méthodes: si vous tenez à vos privilèges, à vos entrées, à vos accréditations, si vous tenez à avoir accès aux joueurs, entraîneurs et DG, si vous voulez qu'on retourne vos appels et qu'on ne vous fasse pas la vie dure, soignez l'image du hockey et de la LNH. Sinon vous serez sur la blacklist, comme on disait dans le temps.

Votre club adoré, le CH, agit comme les autres, d'où les nains de jardin, comme vous les appelez dans vos courriels, ces journalistes groupies que vous détestez tant. Leur tâche n'est pas facile. Ils ont un travail à faire, ils doivent gagner leur vie et ils sont pris, parfois malgré eux et parfois pas, dans un engrenage de plus en plus subtil.

Une longue série de joueurs, à commencer par le capitaine du CH, Brian Gionta, affirment que la mort de quatre hommes n'a rien à voir avec le métier qu'ils pratiquaient. Il s'agirait d'un hasard, d'une suite de cas isolés... C'est le message officiel.

D'autres nous assomment avec cet argument d'un autre âge: les bagarres font partie du jeu. Elles sont pourtant interdites en Europe et au hockey universitaire où le hockey se porte très bien.

Tabou donc, la question du dopage, des uppers pour être prêts à la bagarre et des downers pour revenir sur terre après le match. Les médias évitent le sujet le plus possible. On préfère parler de commotions cérébrales, sujet en vogue, sauf que les bagarres causent rarement des commotions cérébrales.

Tabou aussi le mot suicide. Il a fallu que la mère de Wade Belak, la dernière victime, parle de dépression pour qu'on en sache un peu plus. Dans les deux cas avoués de suicide, il fallait écouter et lire attentivement. On évitait le mot maudit ou on le mentionnait rapidement en fin de reportage... Comme c'est parfois difficile d'appeler un chat un chat.

Protéger l'image du hockey et de la LNH...

Et qui a protégé Belak et les autres? Et qui protège ceux qui suivront?

Catastrophe évitée

Les collègues de CKAC s'en sont plutôt bien tirés et c'est la seule cause de réjouissance. Après la guerre au Journal de Montréal, on pensait avoir vu assez de malheurs dans cette confrérie qui, sous des dehors cyniques, est lié par une sorte de solidarité en ce qui regarde les emplois qui disparaissent. Nous avons la chance de pratiquer un beau métier et nous le savons tous.

Les collègues s'en sont plutôt bien tirés, mais il reste que remplacer du sport par de la circulation nous en dit long sur l'état des choses. Il serait donc plus rentable de parler des embouteillages sur l'Échangeur Turcot que des genoux de Josh Gorges.

Ça porte à réfléchir sur notre temps...

Carabin

Jeudi dernier au match des Carabins de l'Université de Montréal, pendant qu'un étudiant nous présentait le spectacle de la mi-temps, un autre étudiant est arrivé en courant jusqu'à lui et il a baissé son pantalon. Baisser ses culottes et montrer ses fesses à 5000 personnes... tout ce chemin jusqu'à l'université pour en arriver là.

C'est dans ces moments que le mot Carabin prend tout son sens.

Je vais vous faire un aveu: dans une autre vie, j'ai baissé mon pantalon, mais devant des petits groupes. De la fenêtre de ma chambre ou de la vitre arrière d'une voiture. C'était la mode et ça s'appelait du mooning. On leur montrait la lune...

Il y avait aussi le streaking où il s'agissait, par exemple, de passer tout nu dans une grande salle tranquille de la bibliothèque, devant les étudiants et étudiantes qui y travaillaient.

Là encore, j'avoue.

On ne recevait pas de crédit pour ça, hélas. J'aurais peut-être gradué.

Avant le match, un étudiant en musique a chanté l'hymne national, pour la première fois. Je me trouvais sur les lignes de côté quand il est revenu, très ému avec un grand sourire de soulagement. On imagine le stress, quand même. Mettez-vous à sa place.

Il a eu droit à de sincères tapes dans le dos et une belle ovation.

Enfin, en sortant du CEPSUM après le match, je suis passé devant la Lunetterie Univers Cité...

La pognez-vous?

Photo: AP

Plusieurs membres des Predators, dont Francis Bouillon (au centre), ont assisté aux obsèques de Wade Belak, dimanche à Nashville.