Avec une hausse de 10% depuis le début de l'année, le secteur des télécoms et câblos se démarque littéralement de la baisse généralisée de 8,3% de la Bourse canadienne. Sur les huit titres du secteur télécom et câblodistribution, seul le titre de Quebecor (QBR.B) se ramasse dans le rouge jusqu'à présent.

La meilleure performance boursière de l'année revient à Manitoba Telecom avec une hausse de 12,9% en huit mois. Cogeco Cable suit avec une majoration de 11,9%. Un peu plus loin derrière, Telus progresse de 9,9% et BCE, le mastodonte des télécommunications canadiennes, monte de 8,7%. Arrivent ensuite Rogers Communications (+7,3%), Bell Aliant (+4,7%), et Shaw Communications (1,0%).

Quebecor accuse pour sa part une chute de 17,8% par rapport à sa clôture du 31 décembre dernier. Compte tenu de la rentabilité de l'entreprise, cela en fait le titre le plus sous-évalué du secteur. Et par le fait même, Quebecor devient le titre qui offre aux investisseurs le grand potentiel de plus-value de son secteur, soit rien de moins que 36%.

À partir des recommandations répertoriées par l'agence Bloomberg, Quebecor fait l'unanimité ou presque parmi les analystes des maisons de courtage. Sur les 14 analystes qui suivent le titre à la loupe, 13 en recommandent l'achat et l'autre le conserve.

Comment peut-on expliquer l'actuelle sous-évaluation de Quebecor? Serait-ce à cause de son faible dividende? Ce serait étonnant, puisque la deuxième plus forte hausse depuis le commencement de l'année revient à Cogeco Cable, lequel titre offre également un modeste dividende.

Est-ce à cause de la forte présence de la Caisse de dépôt et placement du Québec dans la filiale Quebecor Média, détenue à 54,7% par Quebecor et 45,3% par la Caisse? J'en doute.La présence de la Caisse comme partenaire représente plutôt un gage de sécurité financière pour une entreprise comme Quebecor.

La contre-performance boursière de Quebecor serait-elle attribuable à une certaine méfiance des investisseurs torontois envers les nombreux projets (téléphonie sans fil, Sun News, TVA Sports, Mlle, club de hockey junior, etc.) réalisés à un train d'enfer par Pierre Karl Péladeau et son équipe de dirigeants? Peut-être, mais si tel était le cas, c'est injustifié.

Quoi qu'il en soit, la sous-évaluation de Quebecor nous donne un solide titre rempli de potentiel à la hausse.

Des huit titres du secteur des télécoms et câblos, Quebecor est le seul à bénéficier de l'aval unanime des analystes. Cogeco Cable arrive deuxième avec 10 recommandations d'achat et 3 recommandations à conserver, avec un potentiel de plus-value de 10,5%.

Les six autres titres font l'objet d'une grande division entre les recommandations d'achat et les recommandations à conserver.

Quebecor se négocie présentement à seulement 9,8 fois les bénéfices anticipés, à comparer à un ratio cours/bénéfices moyen de 13,5 pour l'ensemble du secteur Telecom/Cable. Aux États-Unis, les titres de ce secteur se transigent à un ratio moyen de 14 fois les bénéfices.

Quebecor est d'autant plus attirant que la direction a annoncé la mise en place d'un plan de rachat jusqu'à 10% de ses actions en circulation.

Question de Colisée

Mon collègue Philippe Cantin nous apprenait cette semaine que Geoff Molson, le président du Canadien et de la compagnie evenko (organisateur de spectacles au Centre Bell), et son partenaire BCE, restaient très intéressés à devenir les promoteurs du nouveau Colisée de Québec et à ramener dans la capitale un club de la Ligue Nationale de Hockey.

On les comprend. Ça leur permettrait de contrer les aspirations de Quebecor, qui se servirait de l'amphithéâtre de Québec pour attirer un nouveau club de la LNH et pour y organiser des spectacles de prestige. Tout cela dans le dessein de s'en servir comme super véhicule promotionnel pour l'ensemble de ses filiales, dont Vidéotron, l'énergique concurrent de Bell au Québec.

Avec la force du réseau TVA et la convergente machine de Quebecor Media, il est évident que Quebecor réussirait à faire de son éventuel club de hockey de Québec un champion de l'audimètre. Que le Canadien et son diffuseur des matchs, le réseau RDS, se le tiennent pour dit.

Laissons de côté l'aspect politique de la saga entourant le nouvel amphithéâtre. Au strict plan financier, la collectivité québécoise bénéficierait de plus grandes retombées avec Quebecor Media comme utilisateur que le tandem Molson/BCE.

Pourquoi? Parce que les Québécois sont propriétaires de Quebecor Media à hauteur de 45,3% par l'entremise de la Caisse de dépôt et placement.

Plus l'entreprise fait de l'argent, plus ça nous profite!

Ce ne serait absolument pas le cas avec le tandem Molson/BCE.

Vive la concurrence, la vraie. Sur la glace comme dans l'internet, la téléphonie, la câblodistribution, etc.