La nature humaine a du mal à accepter le fait que les catastrophes naturelles sont... naturelles. On tend à chercher des coupables, ne serait-ce que pour avoir une cible vers laquelle diriger sa colère ou son désespoir. Les inondations qui frappent la Montérégie depuis un mois n'échappent pas à cette règle. Et on n'a pas mis de temps à trouver les coupables: Jean Charest et Stephen Harper. Décidément, ces deux-là sont responsables de tous nos malheurs.

La nature humaine a du mal à accepter le fait que les catastrophes naturelles sont... naturelles. On tend à chercher des coupables, ne serait-ce que pour avoir une cible vers laquelle diriger sa colère ou son désespoir. Les inondations qui frappent la Montérégie depuis un mois n'échappent pas à cette règle. Et on n'a pas mis de temps à trouver les coupables: Jean Charest et Stephen Harper. Décidément, ces deux-là sont responsables de tous nos malheurs.

Hier, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, a accusé le premier ministre Charest d'avoir «failli à la tâche»: «L'eau montait, l'armée s'en allait! Nous, on a demandé au premier ministre d'intervenir et il avait l'air, sinon indifférent, de dire que ça allait se régler, que ce n'était pas un vrai problème.» L'accusation est injuste.

Le premier ministre a sans doute tardé à réaliser l'ampleur du désastre. Mais il n'est pas le seul. Avant la fin avril, tout indiquait qu'on assistait aux habituelles inondations du printemps. Le gouvernement a fait appel à l'armée le 4 mai et M. Charest a visité la région sinistrée le 5. Aurait-il dû s'y rendre le 1er ou le 2 mai? Aurait-on dû faire appel aux militaires quelques jours plus tôt? Peut-être, mais ça n'aurait pas changé grand-chose.

Mme Marois rend le gouvernement Charest responsable du retrait d'une grosse partie des effectifs militaires la semaine dernière; M. Charest renvoie la balle à Ottawa. Or, la décision de l'état-major a été prise sur recommandation du lieutenant-colonel Simon Bernard, commandant de l'opération. Celui-ci a constaté qu'une fois remplis des dizaines de milliers de sacs de sable, les trois quarts des soldats déployés se tournaient les pouces, la Sécurité civile et les municipalités touchées n'ayant pas de tâches à leur confier. On les a donc renvoyés à Valcartier, tout en s'assurant d'être en mesure de les rappeler rapidement. Le responsable de Sécurité civile en Montérégie, Yvon Leroux, affirme que cette réduction d'effectifs - il restait tout de même plus de 200 militaires sur place - n'a eu aucun effet néfaste sur le terrain.

Selon Pauline Marois, Jean Charest aurait dû s'inspirer de l'exemple de Lucien Bouchard lors de la crise du verglas, en 1998. Cette comparaison ne tient pas debout. La crise du verglas était une catastrophe nationale, des centaines de milliers de personnes étant privées d'électricité pendant des semaines. Les inondations en Montérégie sont un calvaire pour les personnes concernées, mais la crise ne touche qu'une toute petite partie de la population et du territoire québécois.

Les élus devraient plutôt garder à l'esprit ces propos de M. Bouchard prononcés à l'occasion d'une autre catastrophe, le déluge du Saguenay, en juillet 1996. «Ce n'est pas un jour ni une semaine pour parler de politique. La politique devra attendre.»