Le Nouveau Parti démocratique a publié hier sa plateforme électorale qui comprend de nouvelles dépenses de 48,7 milliards sur une période de quatre ans. Presque 50 milliards, rien que ça! Bourré de mesures aussi populaires que coûteuses, ce programme est typique de la valse des milliards à laquelle on a assisté depuis le début de la campagne électorale, bien que chaque parti se targue de faire preuve d'une grande rigueur budgétaire.

Les néo-démocrates font le pari que la hausse de l'impôt des entreprises (" 27%!) n'aura pas d'impact sur la croissance des prochaines années. Dans l'éventualité plus probable d'un impact négatif, l'équilibre budgétaire serait gravement compromis.

Dans leur propre plateforme, présentée vendredi, les conservateurs ont fait apparaître comme par magie, à peine deux semaines après le dépôt du budget 2011-12, les 2,2 milliards nécessaires à la compensation au Québec pour l'harmonisation des taxes, de même que 11 milliards d'économies sur quatre ans. Ces économies, absentes des projections du budget Flaherty, permettent à Stephen Harper d'annoncer un retour à une situation de surplus un an plus tôt que prévu. D'où viendraient ces économies? Le premier ministre a refusé de donner plus de détails en fin de semaine.

Les libéraux ne sont pas en reste. Dans une lettre ouverte publiée vendredi, Michael Ignatieff a annoncé qu'un gouvernement libéral renouvellerait l'entente fédérale-provinciale 2004-2014 sur le financement de la santé en maintenant le facteur d'indexation de 6%. Autrement dit, le Transfert canadien en matière de santé continuerait de croître de 6% par année après 2014, une dépense supplémentaire annuelle de plus de 1,5 milliard. Cet engagement était pourtant absent de la plateforme dévoilée une semaine plus tôt par le PLC. On pouvait même y lire le passage suivant: «S'il est vrai que les provinces et les territoires sont confrontés à la montée en flèche des coûts, il est loin d'être clair que la solution passe uniquement par l'injection de fonds supplémentaires.» Cette position empreinte de sagesse a été rapidement mise au rancart. Conservateurs et néo-démocrates ont immédiatement fait savoir qu'eux aussi augmenteraient les transferts pour la santé de 6% par année après 2014. Un milliard de plus ou de moins, qu'est-ce que ça peut faire?

C'est aujourd'hui pratique établie pour les partis politiques de joindre un cadre financier à leur programme électoral. Malheureusement, on le constate encore cette année, les colonnes de chiffres ne garantissent pas la rigueur. Au contraire, il s'agit généralement d'écrans de fumée. Voilà qui est de fort mauvais augure pour la gestion des finances publiques, peu importe quel parti sera porté au pouvoir le 2 mai.

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