Lucian Bute a fait le poids. Une chose de réglée. Il lui a fallu suer davantage dans les heures précédant la pesée. Ce n'est pas dramatique puisque les observateurs auront remarqué que Bute a pris de la masse musculaire lors de son dernier entraînement en Floride.

Le grand Roumain québécois a trimé dur. Ceux qui ont pu lui rendre visite à Miami l'ont constaté. Et lors du dernier mois, rien n'a pu le faire dévier de son horaire. Travail, repos, travail, repos et une diète composée de protéines et de légumes.

Il y a cependant des petites affaires qui m'inquiètent la veille de son combat contre Brian Magee. Je n'ai pas aimé que Jean Bédard, le président d'InterBox, se mette à parler de Mikkel Kessler une semaine avant l'affrontement contre Magee. Déjà, Lucian Bute sait qu'il est largement favori pour vaincre Magee et voilà qu'on parle de son prochain adversaire comme si Magee était déjà vaincu. Je sais que Bédard a été entraîné dans cette histoire parce que les gens en Europe rêvent déjà à ce combat, mais ce n'était pas l'idée du siècle.

J'espère simplement que Lucian Bute va savoir rester dans sa bulle aujourd'hui. J'espère qu'il est conscient que Magee est une teigne dans un ring. J'ai visionné ses quatre derniers combats et pas un seul de ses adversaires ne l'a eu facile. Au contraire. Il a un style qui va donner du fil à retordre à Bute. Lucian n'aime pas se faire frapper au visage et depuis quelques années, à part un demi-round contre Librado Andrade, il a toujours dominé ses adversaires. Comme le faisait Muhammad Ali dans ses grandes années.

Sauf qu'il y a eu Joe Frazier. Frazier avait le style parfait pour vaincre Ali. Il avançait constamment et il ne lâchait jamais. Une vraie machine. Magee est ce type de boxeur. Il fonce et il n'arrête jamais.

Je souhaite que Bute reste concentré et qu'il évite surtout de donner un spectacle pour plaire à la foule. Ce serait une grande erreur. Qu'il s'applique à boxer avec cette belle technique qui est la sienne, avec son grand sens de la stratégie et qu'il se contente de gagner les rounds un après l'autre. C'est en restant concentré de cette façon que Bute a le plus de chance de passer le knock-out à Magee. S'il veut le moindrement trop épater la galerie, il gaspillera une énergie précieuse et Magee va le faire payer dans les derniers rounds.

Je sais que Stéphan Larouche est encore bien plus conscient que je puis l'être de cet aspect du combat. Je sais que Bute sera bien préparé. Mais ce n'est pas Stéphan Larouche ni les journalistes qui seront dans le ring ce soir. C'est Lucian Bute qui devra faire le travail.

Je prévois une victoire de Bute par mise hors de combat au neuvième round. Mais il va s'être fait bousculer avant de prendre le contrôle des affaires.

Rencontré à Las Vegas à la première de Céline Dion: Éric Lucas. Ancien champion du monde des 168 livres et ancien président d'InterBox, il est dans une belle forme, résultat de ses deux combats livrés après quelques années de retraite. Il demeure associé avec InterBox et les Cages comme porte-parole, mais il a abandonné la direction et l'administration de ses établissements à des spécialistes: «J'ai essayé, mais je n'ai pas l'âme d'un administrateur», a-t-il dit en souriant. Il se porte bien et toute la petite famille aussi.

Un grand défi pour Ray Lalonde

C'est un étrange retour des choses. Ray Lalonde a été celui qui a développé et nourri le monstre de marketing qu'est devenu le CH de Montréal. C'est lui, par sa détermination et ses exigences, qui a fait du CH une marque de commerce incontournable qui domine complètement le marché au Québec.

Le voilà président des Alouettes de Montréal. Un de ses grands défis sera de permettre aux Alouettes de prendre la place que mérite cette très belle équipe. Les Alouettes ont gagné deux fois la Coupe Grey ces deux dernières années et pourtant, ils peinent à se démarquer. Ray Lalonde est l'homme qui peut corriger cette situation.

Lalonde ne s'est pas fait que des amis dans ses grandes années avec le Canadien. Tant chez les hommes d'affaires que chez le personnel. Cependant, tout le monde reconnaît qu'il est encore plus exigeant envers lui qu'il peut l'être envers les autres.

Les Alouettes, lors des dernières années du règne de Larry Smith, n'ont pas été un modèle de sérieux et de travail. Sauf sur le terrain. Avec Lalonde, il va falloir que le personnel dans la vente, les communications, les relations publiques et la promotion, perde son petit côté folklorique et prenne le pas militaire du nouveau président. Ça va travailler fort. Et c'est très bien ainsi.

Ray Lalonde est intelligent et il va adapter son mode de gestion à ses nouvelles fonctions et à son environnement. Je suis convaincu qu'il saura garder un gant de velours... mais que la poigne sera de fer. Son mandat est exigeant. Le propriétaire de l'équipe, Bob Wetenhall, ne veut plus perdre d'argent. Et il s'attend à des profits d'au moins 3 millions par année au cours des prochaines saisons. Il a le bon homme...

Réflexions après une victoire du CH

Jacques Martin ne cesse de m'impressionner. Comme Carey Price d'ailleurs. Bob avait donc raison de le voir dans sa soupe. Et Pierre Gauthier a pris la bonne décision l'été dernier en laissant partir Jaroslav Halak, le héros de la dernière saison.

Jacques Martin m'impressionne donc, mais je comprends mal son comportement avec Benoît Pouliot et avec Scott Gomez. Jeudi contre le Lightning, il a privé de glace Benoît Pouliot après qu'il eut écopé d'une pénalité douteuse, ce qui se défend. Sauf que ce faisant, il se privait de son meilleur trio d'attaque de la soirée. Pourquoi tout pardonner à Gomez, qui a été au moins aussi mou que Pouliot pendant le match? Quant à Guy Boucher, il a soigneusement évité de discuter du geste de Vincent Lecavalier, son grand capitaine, qui a été expulsé du match. P.K. Subban a eu le mérite de lui faire perdre la tête pendant une seconde... mais un vétéran comme Lecavalier n'est pas supposé se laisser aller de cette façon.